En demandant à leurs 25 alliés d’envoyer un renfort de 50 000 soldats en Afghanistan (50 700 sont déjà sur place), les États-Unis voudraient tenter de contenir la révolte que soulève l’occupation et dont les talibans profitent pour gagner du terrain et isoler le gouvernement de Hamid Karzaï. Les États-Unis voudraient maîtriser la situation, maintenir le pouvoir en place jusqu’à l’élection présidentielle prévue en 2009 (suivie de législatives en 2010), en en faisant supporter la charge maximale par leurs alliés.
Ainsi, après que le Parlement allemand, dans la foulée des députés français, a approuvé la présence de ses troupes jusqu’à la fin 2009, le contingent allemand va être augmenté de 1000 hommes. Le général Richards, ex-chef des troupes de l’Otan en Afghanistan, s’est prononcé pour l’envoi de 5000 soldats britanniques supplémentaires, alors qu’ils sont déjà quelque 7800. Zèle dont le ridicule est démontré par les déclarations de l’un de ses collègues, le commandant britannique en place, selon lequel « la guerre en Afghanistan ne peut être gagnée ». Tous le savent. Les discours sur la démocratie et la liberté des femmes cèdent de plus en plus la place aux discours sur la défense de « nos valeurs », dans un sens bien plus étroit, celui que lui donne Sarkozy, la défense contre « les barbares », qui reprend les vieux préjugés colonialistes. Cette fuite en avant dans la guerre est bien l’expression de l’impasse dans laquelle s’enferment les dirigeants des grandes puissances, prisonniers de leur propre politique, de leurs propres préjugés et de leur aveuglement.
Chacun connaît la corruption du gouvernement Karzaï, dont le frère est impliqué dans le trafic de drogue, et de son administration. Chacun sait la misère de la population et la famine dont une partie d’entre elle souffre. Les chefs de l’Otan prétendent vouloir s’attaquer à la production d’opium mais, pour bien des paysans, il s’agit de leur seule ressource alors que le coût quotidien de la guerre est, pour les seuls États-Unis, de 100 millions de dollars.
Ainsi, les attentats se multiplient. Le 20 octobre, un attentat suicide dans le nord de l’Afghanistan a tué cinq enfants et deux soldats allemands. Le même jour, une employée d’une ONG a été tuée à Kaboul. Ces actions répondent à la violence des armées, aux multiples bavures dont la population est victime. Il ne peut y avoir d’issue pour les populations afghanes hors du retrait des troupes impérialistes. Il ne peut y avoir de reconstruction, de développement social, démocratique, sans une politique internationale fondée sur le respect des droits des peuples. Une telle politique ne pourra être menée qu’en en finissant avec le pouvoir de ceux qui veulent nous faire payer non seulement leurs aventures financières, mais aussi leurs aventures militaires.
Yvan Lemaitre
AFGHANISTAN (1). Selon les habitants du village de Loy Bagh, au sud du pays, 25 civils, en majorité des enfants, ont été tués à la suite d’un raid aérien des forces internationales, jeudi 16 octobre. Plus que jamais, le retrait de ces dernières est une impérieuse nécessité.
AFGHANISTAN (2). Le retrait des troupes n’est pas la voie choisie par le Bundestag, le Parlement allemand, qui a voté non seulement la prolongation pour quatorze mois de la présence des troupes allemandes en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité placée sous le commandement de l’Otan, mais aussi son renforcement, le nombre de soldats passant de 3 500 à 4 500. 77 % des députés ont approuvé ce choix. Les Verts se sont majoritairement abstenus, seule Die Linke votant contre et se prononçant pour le retrait des troupes d’occupation.