Les communistes se sont particulièrement mobilisés mercredi pour donner leur opinion sur la façon dont le rassemblement antilibéral devait sortir de l’impasse d’une absence de consensus sur la candidature à l’élection présidentielle. 52 302 militants, soit 56,4 % des inscrits, ont participé à ce scrutin organisé en à peine trois jours. 41 533 adhérents, soit un peu plus de 81 %, se sont exprimés pour le maintien de la candidature de Marie-George Buffet pour représenter le rassemblement antilibéral conformément au choix majoritaire des collectifs unitaires. 9 683 (un peu moins de 19 %) communistes se sont exprimés pour le retrait de la candidature de Marie-George Buffet et la recherche d’une autre candidature commune du rassemblement antilibéral à l’élection présidentielle. Un peu plus d’un millier de votants ont déposé un bulletin blanc ou nul.
Les prévisions dépassées
Six départements ont voté majoritairement pour le retrait de la candidature de Marie-George Buffet : l’Ardèche, les Deux-Sèvres, la Sarthe, le Tarn-et-Garonne, la Vendée et les Vosges. Dans six autres départements, l’Ariège, le Cher, la Creuse, l’Hérault, le Haut-Rhin et le Val-d’Oise, le maintien de la candidature a été voté par une majorité de moins de 60 %. Les grandes fédérations ont voté majoritairement le maintien, comme les Bouches-du-Rhône (78 %), le Nord (94 %), le Pas-de-Calais (97 %), le Rhône (84 %), la Seine-Maritime (85 %). Dans les fédérations de la région parisienne où le débat a été souvent vif, le maintien a été voté à 77 % pour Paris, 83 % pour la Seine-et-Marne, 84 % dans les Yvelines, 75 % dans l’Essonne, 78 % dans les Hauts-de-Seine, 76 % en Seine-Saint-Denis et 81 % dans le Val-de-Marne.
« La très forte participation, compte tenu du délai très court, montre que les communistes se sont emparés de cette décision politique et ont voulu exercer pleinement leur souveraineté », affirme Michel Laurent, responsable du pôle « vie du Parti » à la direction. Pour lui, les communistes ont voulu dire « leur volonté de se mettre en campagne, de se rassembler avec Marie-George Buffet. Ils ont voulu dire que Marie-George Buffet est la candidate la plus populaire et la plus rassembleuse ». Michel Laurent considère que ce résultat « a dépassé les prévisions les plus hautes. La légitimité est là, affirme le responsable communiste. Les communistes ont émis un vote de rassemblement pour la candidate qui incarne le rassemblement ». Robert Ingey, secrétaire de la fédération communiste des Alpes-Maritimes où le choix du maintien de Marie-George Buffet a recueilli près de 90 % des voix, indique que le vote s’est fait « après un débat très large, très approfondi, sans aucune crispation. C’est un vote réfléchi, qui traduit une forte mobilisation », ajoute-t-il. Parmi les communistes qui ont voté pour le retrait, « il y en a beaucoup qui ne s’étaient pas engagés dans la vie des collectifs. Ils souhaitaient le retrait par crainte d’un mauvais résultat de Marie-George à l’élection ».
Un vote déterminé, combatif
« La douche est glacée », lâche Christian Martin, secrétaire de la fédération de la Sarthe du PCF. Dans son département, les communistes ont voté à 61 % pour le retrait de Marie-George Buffet. « Ils se sont exprimés pour rechercher jusqu’au bout un accord », explique-t-il. La veille du vote, une assemblée départementale des collectifs avait réuni 100 personnes qui se sont prononcées pour une candidature de Francis Wurtz. « Les communistes de la Sarthe se sont montrés fidèles aux engagements du congrès du PCF, affirme-t-il. Aller au bout du rassemblement était la condition pour ouvrir une nouvelle voie à gauche. » Pour Christian Martin, on tirera les enseignements « après les échéances qu’il faut affronter. Ce sera compliqué de trouver la force et l’envie de s’engager en commun », ajoute-t-il, très inquiet. « La déception est profonde mais le choix majoritaire s’impose à tous », conclut-il. « Les camarades ont éprouvé un sentiment de frustration », explique pour sa part François Jacquart qui dirige la fédération de l’Ardèche, où une majorité s’est prononcée pour la recherche d’une autre candidature. « Il aurait fallu faire un geste pour l’unité depuis longtemps », explique-t-il. « Maintenant la messe est dite et il faut entrer en campagne, ajoute-t-il. Mais il y a une vraie crainte sur le score, et en conséquence pour les législatives. Alors qu’un rassemblement se constitue autour du PS, je crains qu’avec notre score, la gauche se rassemble sans nous. »
Secrétaire de la fédération du Nord, Éric Corbeau se dit « surpris qu’après une préparation de moins de trois jours, plus de trois mille communistes du département aient participé à la consultation ». « Hier soir, les sièges des sections étaient ouverts et un débat très politique s’est mené », explique-t-il. Dans le Nord, la liste communiste aux élections régionales de 2004 avait rassemblé 111 000 voix et 11 %, et lors du référendum de 2005, le département a apporté le plus gros contingent de « non », plus de 700 000. « Les militants du Nord ont voté à plus de 90 % pour le maintien de la candidature parce qu’ils estiment que Marie-George Buffet est la mieux à même de porter le programme pour l’emploi, le programme alternatif dans le monde du travail, affirme Éric Corbeau. C’est un vote de détermination, un vote combatif pour s’engager dans la campagne. » Pour le dirigeant communiste, il ne s’agit en rien d’un vote de repli. « Les communistes du Nord ont beaucoup réfléchi depuis des mois, et il y a eu un cheminement sur la question du rassemblement. Nous sommes confortés par les initiatives prises aussi bien par des comités et des collectifs unitaires que par les initiatives du Parti. Nous n’opposons pas les questions du rassemblement et la mobilisation des communistes ».