Le Conseil national du PCF a décidé l’organisation d’un vote des communistes mercredi prochain 20 décembre. Ils devront se déterminer sur deux options possibles : celle du CN lui-même, qui est de maintenir la proposition de candidature de Marie-George Buffet, « le choix le plus partagé par les collectifs ». Ou celle de retirer cette candidature pour en rechercher une autre. La décision de consulter les communistes avait été proposée dès l’ouverture du Conseil national par Michel Laurent. Les termes de la consultation et l’option choisie par la direction du PCF ont été formulés après deux jours d’un débat au terme duquel le Parti communiste affirme « sa volonté de poursuivre la construction d’un rassemblement antilibéral » et réitère les propositions qu’avaient formulées Marie-George Buffet pour une candidature et une campagne collectives. Celle notamment de se mettre en congé de ses responsabilités à la direction du PCF.
l’envie de trouver des solutions
Dès le dimanche 10 décembre après le blocage de la réunion de Saint-Ouen, la direction du PCF avait voulu prendre le pouls du parti en appelant les communistes à se réunir en assemblées générales dans les sections ou les départements. Les membres du Conseil national ont donc fait « remonter » ce qui s’y est dit. « Colère », « amertume », « déception », « gâchis », « impasse », « déni de démocratie », pour la plupart, les intervenants ont imputé le « blocage » au refus des organisations et sensibilités politiques qui composent le rassemblement de prendre en compte l’expression majoritaire des collectifs. Mais avant tout, c’est « la recherche, l’écoute et la responsabilité qui ont marqué ces réunions, affirme Amadou Deme, responsable dans l’Essonne. Avec l’envie de trouver des solutions où soient préservées à la fois l’unité du parti et la formidable aventure des collectifs qu’on veut poursuivre ». Même si la position de se tourner vers les collectifs pour confirmer le choix de Marie-George Buffet s’affirme largement majoritaire dans les fédérations - elle semble se dégager dans les deux tiers des fédérations, avait indiqué Michel Laurent dans son rapport -, plusieurs intervenants font état d’un « parti partagé ». « Personnellement, j’évolue dans un sens comme dans l’autre », précise le responsable de l’Essonne. Brigitte Dareau, des Hauts-de-Seine, remarque que les mêmes communistes expriment à la fois leur certitude dans le choix de Marie-George Buffet et leurs doutes sur la possibilité dans ces conditions de préserver le rassemblement.
lever les obstacles au blocage
Les divergences sur la - stratégie décidée lors du 33e congrès ne sont pas effacées. « Il ne faut pas me demander de voir dans la situation la confirmation de nos choix du congrès, affirme Nicolas Marchand. La situation dangereuse dans laquelle on nous a conduits devra nous amener à une future évaluation critique, même si ce n’est pas à l’ordre du jour d’aujourd’hui », précise-t-il en se déclarant favorable au maintien de Marie-George Buffet. Michel Rica, de la Loire-Atlantique, estime de son côté que « le parti a la responsabilité du blocage parce qu’il a accepté le double consensus ». Dans l’ensemble, pour autant, les communistes se disent « attachés au bien-fondé de leur démarche unitaire », comme l’affirme Jean-Louis Le Moing, du comité exécutif. Pour lui, « cette démarche est désormais consubstantielle de l’engagement communiste ». C’est donc en ce sens que les communistes ont cherché comment lever les obstacles au blocage. Beaucoup ont rappelé que le choix de Marie-George Buffet est lié à l’ambition majoritaire du rassemblement pour changer la donne à gauche. « Le blocage porte moins sur la candidature que sur la stratégie et l’ambition du rassemblement », explique Patrice Voir, de l’Isère. « Si nous en rabattions là-dessus pour jouer le rassemblement à tout prix, ce serait l’échec assuré », insiste-t-il. De nombreux intervenants lient aujourd’hui cette ambition à l’urgence de faire entrer la gauche antilibérale en campagne. Et au-delà du blocage actuel, beaucoup soulignent les acquis du processus entrepris pour réussir cette entrée en campagne.
Personne, parmi les intervenants au Conseil national, n’a proposé de se retirer du processus unitaire. Et comme l’a fait Marie-George Buffet (voir ci-contre), de nombreuses interventions ont affirmé la volonté de poursuivre avec les collectifs. Alors, comment aller de l’avant ? Le maintien de la candidature de Marie-George Buffet est, pour Pierre Zarka, « une mauvaise action à l’égard du peuple et du rassemblement et un suicide à l’égard du parti ». « Sommes-nous obligés d’avoir un candidat communiste pour jouer notre rôle ? », insiste Isabelle Lorand. Mais la plupart des intervenants témoignent à partir des réunions de collectifs et dées de communistes que ni Yves Salesse, ni Clémentine Autain ne peuvent faire consensus. Des responsables communistes estiment par contre, comme François Jacquard, de l’Ardèche, que « sans nouvelle offre, nous choisissons la rupture », ou André Greder, du Tarn-et-Garonne, qu’« il faut se saisir de la proposition faite d’une autre candidature issue du Parti communiste ». Jean-Marie Doussin, de Seine-Saint-Denis, et d’autres évoquent la proposition d’une candidature de Francis Wurtz. « Je ne suis candidat à rien et je soutiens la candidature de Marie-George depuis le début », affirme l’eurodéputé, qui appelle à ce que le choix relève d’un débat politique de fond. Samedi matin, le quotidien Libération écrivait que cette proposition avait été testée par la direction du PCF et qu’elle avait « fait un flop », ce que dément Jean-François Gau. Ce dernier considère qu’elle constituerait « une fausse fenêtre qui complique plutôt qu’elle ne facilite. Ce serait ouvrir la possibilité d’une nouvelle candidature d’en haut et déclencher une discussion d’état-major, hors de toute maîtrise démocratique, qui aurait toutes les chances de déboucher sur les mêmes blocages ». Plusieurs intervenants ont émis les mêmes réserves sur la proposition, de même que Marie-George Buffet qui a précisé cependant que « cette solution n’était pas à repousser d’emblée ». Christian Martin, de la Sarthe, demandait si la direction avait été saisie officiellement d’une telle proposition. « Hors de la formule très générale figurant dans le procès-verbal adopté à Saint-Ouen, je n’ai été saisie d’aucune proposition nominative de nos partenaires », lui répondait Marie-George - Buffet. Patrice Cohen-Séat a affirmé que si, lundi, lors de la réunion des organisations politiques du rassemblement, ou mardi, lors de la réunion du collectif national, « des propositions nouvelles, des faits nouveaux créaient une situation nouvelle avérée, les communistes en seraient immédiatement informés et le Conseil national réuni à nouveau ».
C’est sur la base de cette discussion que le Conseil national a finalement adopté le bulletin de vote (116 pour, 25 contre, 15 abstentions, 2 refus de vote) qui sera soumis mercredi aux communistes dans toute la France. Avec désormais l’objectif des communistes d’aboutir vite. Pour l’essentiel des intervenants, il y a maintenant urgence à engager la campagne. « Le paysage de la campagne présidentielle est presque installé, sans représentant de la gauche antilibérale », affirme Michel Laurent. Et pour Olivier Dartigolles, « chaque jour qui passe est un jour de trop ».