Chers camarades et amis,
C’est avec une immense tristesse que nous venons d’apprendre la disparition de Bernard Perrin, correspondant en Bolivie pour le Courrier, le journal de gauche genevois. Bernard était parti en vacances en Colombie. Il comptait en profiter pour rencontrer des militants paysans et de gauche, et faire des reportages. Lundi 16 janvier, il s’est noyé sur la plage du Parc naturel Tayrona, au nord de la Colombie.
Bernard avait cherché à me contacter en 2007 pour un entretien. Très vite, nous nous étions liés d’amitié. Entre nous, il y avait d’abord une complicité politique indéniable. Bien qu’il n’ait jamais milité dans la gauche suisse en tant que telle, il manifestait beaucoup de curiosité pour ce qui se passait dans la gauche radicale européenne et française, autour du NPA notamment. De fait, Bernard s’était radicalisé au cours de son séjour bolivien : enthousiaste au début du processus de changement, il tentait d’en comprendre les reculs. Il avait développé ainsi une ligne éditoriale claire : avec le proceso de cambio, contre les atermoiements du gouvernement Morales.
Ainsi, il était l’auteur de plusieurs dossiers de qualité qui circulaient très largement au sein du lectorat francophone. Virulent dans sa critique contre les accords avec les transationales pétrolières ou les producteurs de soja, ou les tensions croissantes avec le mouvement indigène, il n’en oubliait pas pour autant que la politique sociale ou étrangère du gouvernement Morales en faisaient un point d’appui précieux pour la gauche internationale. Bernard portait un regard lucide sur la Bolivie actuelle, et pouvait faire preuve d’une grande pédagogie, comme il l’avait démontré lors de son dernier passage en Suisse, en septembre dernier, où il livra une conférence remarquable sur son travail de correspondant pour le Courrier.
Bernard était aussi quelqu’un d’une infinie gentillesse, toujours en train de s’enquérir de la vie des êtres aimés, toujours prompt à remonter le moral d’un ami mal en point. Nous nous étions vus pour la dernière fois en septembre dernier : de retour en Suisse avec sa compagne pour se marier, dans une ambiance très intime, avec ses plus proches. Nous en avions profité pour partager également nos autres passions, comme les balades dans la nature et le sport. Bernard avait d’autres facettes que celle du journaliste engagé : celle, moins connue, de supporter inconditionnel de Neuchâtel Xamax et du Lausanne Hockey Club nous conduisait régulièrement à refaire l’actu sportive du week-end.
Sarah, sa compagne, et lui-même m’avaient invité en septembre dernier pour donner une conférence à Lausanne. Ce fut un grand moment que je ne suis pas prêt d’oublier : plus d’une centaine de personnes s’étaient rendus dans les locaux de Pôle Sud, l’association culturelle des syndicats de la ville. Sarah et Bernard s’étaient rencontrés en Bolivie, et avaient choisi d’y construire leur vie commune. Ils participaient à un programme de coopération encadré par l’ONG suisse E-changer, et à ce titre, travaillaient dans des ONG environnementales - Centre d’Etudes et de Soutien au Développement Local (CEADL en espagnol) dans le cas de Bernard. Pour lui comme pour Sarah, le choix de vivre en Bolivie s’assimilait à un authentique engagement politique, un engagement en faveur des populations indigènes, pour une radicalisation du proceso de cambio au profit des plus démunis. Cet engagement fut total. Il était le ciment de leur relation.
Cette posture, dans la vie de Bernard, n’avait pourtant rien d’évident : longtemps journaliste à la Région, journal du canton de Vaud, dont il était originaire, Bernard avait pris le risque de changer de vie et de s’ouvrir de nouveaux horizons. Lui qui rêvait d’océans, c’est dans les Andes qu’il avait fini par trouver un nouveau foyer, de nouvelles raisons de vivre. Par tous ses engagements politiques, Bernard était indéniablement « des nôtres », du côté de celles et ceux qui luttent pour un monde plus juste, un monde socialiste. Après la disparition de notre camarade Remberto Arias il y a quelques mois, c’est encore un grand bonhomme, un autre camarade, un ami, qui nous quitte. Bernard n’avait que 40 ans.
Hervé Do Alto
Bernard Perrin décède noyé en Colombie
Le coopérant Bernard Perrin, de l’organisation non gouvernementale (ONG) suisse E-CHANGER, est décédé lundi 16 janvier en Colombie lors d’un voyage privé.

Bernard Perrin, né le 22 avril 1971 et licencié en Droit de l’Université de Lausanne, travaillait comme volontaire en Bolivie depuis 2009.
Il exerçait en tant que communicateur et journaliste auprès du Centre d’Études et d’Appui au Développement local (CEADL), organisation partenaire de E-CHANGER à l’origine de la récente création de l’Observatoire Bolivien des Ressources Naturelles.
Établi à La Paz, capitale de ce pays sud-américain, il était en outre correspondant-collaborateur du quotidien suisse Le Courrier.
Depuis le début du mois de janvier, Bernard Perrin, son épouse et un ami suisse réalisaient en Colombie un voyage touristique à caractère privé.
Le décès du coopérant suisse s’est produit sur la plage du Parc National Tayrona sur la côte caraïbe du département de Magdalena, au nord de la Colombie.
L’épouse de Bernard Perrin, également coopérante de E-CHANGER, a confirmé la nouvelle par téléphone à notre organisation dans la matinée du mercredi 18 janvier. Son corps sera rapatrié en Suisse dans les prochains jours.
Le Comité et le Secrétariat de E-CHANGER ont fait parvenir à l’épouse de Bernard Perrin, à sa famille, à ses proches et amis, ainsi qu’aux partenaires boliviens leurs plus sincères condoléances.
La disparition, dans ces circonstances tragiques, de son Cooper-acteur, ami et frère Bernard Perrin plonge l’ensemble des membres de E-CHANGER dans un état de choc profond.
Son travail professionnel et infatigable, tout comme son dévouement sans limites en faveur de la population la plus humble de Bolivie constituent le principal héritage pour tous les membres de notre ONG suisse de coopération solidaire, présente en Amérique latine avec quatre de ses cinq programmes par pays (Bolivie, Colombie, Brésil, Nicaragua et Burkina Faso).
18.01.2012
Pour consulter ses articles dans le Courrier :
http://www.lecourrier.ch/journaliste/bernard_perrin