Lise London s’est éteinte samedi 31 mars à Paris, à l’âge de 96 ans. De son nom Elisabeth Ricol, elle était née dans une famille pauvre d’immigrants espagnols, en 1916. Son père était mineur et militant communiste, c’est donc tout naturellement que, très jeune, elle s’engage au PCF. Intégrée à l’appareil du PCF, elle est envoyée à Moscou où elle rencontrera son futur mari Arthur London, tchèque... victime seize ans plus tard des purges staliniennes !
Comme beaucoup de militantEs communistes alors, Lise London s’engage dans la guerre civile espagnole en participant à la constitution des Brigades internationales.
Elle fait partie de ces femmes et de ces hommes qui entrent tôt en résistance, Elle devient capitaine des Francs-tireurs et partisans (FTP). En 1942, elle participe à la manifestation de la rue Daguerre contre l’occupation allemande (manifestation organisée en grande partie par des femmes). Arrêtée par la police française, elle sera la seule accusée pour « assassinat, association de malfaiteurs et activités communistes ». Elle est même condamnée à mort par l’État français mais sa peine sera commuée en travaux forcés à perpétuité à la naissance de son fils en avril 1943, né alors qu’elle est emprisonnée à la Petite Roquette à Paris. Livrée par la France aux Allemands, elle est finalement déportée à Ravensbrück.
Après la guerre, Lise London s’installe à Prague avec son mari qui est devenu, dans le gouvernement communiste installé par Moscou, vice-ministre des Affaires étrangères. Lorsque Arthur London tombe en disgrâce et subit la répression, celle qui n’avait jamais remis en question la politique de l’Internationale communiste de Staline, va aider son mari et faire face avec courage à ses procureurs staliniens. Elle sort en cachette de la prison où est détenu son époux, les textes que ce dernier rédige et qui serviront plus tard de support à l’Aveu, publié en 1968 et adapté au cinéma par Costa Gavras deux ans plus tard.
Libéré des geôles staliniennes en 1956, Arthur London rejoint sa femme à Paris. Lise London restera résistante et communiste jusqu’au bout et, face au stalinisme et au « dévoiement du socialisme par Staline », affirmera : « Ouvrez grand les yeux, ne vous laissez pas enfermer dans les certitudes, n’hésitez pas à douter, battez-vous contre les injustices, ne laissez pas la perversion salir les idéaux communistes. Soyez vous-mêmes. »
Il y a quelques années de cela, en 2004, Lise London avait participé avec d’autres ancienNEes résistantEs à l’appel des résistantEs pour le 60e anniversaire du programme national de la Résistance. Dans ce texte, les signataires en appelaient aux jeunes générations afin que continue à vivre le programme du Conseil national de la Résistance, dénonçaient les intérêts privés, la dictature des marchés et l’injustice sociale. Dans le cadre de cet appel, Lise London a livré des entretiens dans lesquels elle essayait de transmettre aux jeunes générations l’idée essentielle qu’il faut savoir dire non et refuser ce qui est inacceptable et injuste. Comme un message d’espoir.
Myriam Martin