CONTINENTAL CLAIROIX : CONTRE LES POURSUITES VISANT XAVIER MATHIEU, MANIFESTATION LE 3 MAI
Mardi 19 avril 2011
Xavier Mathieu, l’un des animateurs de la lutte des Conti à Clairoix est poursuivi devant le tribunal coorectionnel pour avoir refusé de de se soumettre à un test de fichage ADN.
Le comité de lutte et l’intersyndicale de Continental Clairoix avec l’ensemble du personnel :
Appel aux travailleurs et à la population, aux organisations syndicales, partis politiques, associations et organisations se plaçant sur le terrain de la défense des libertés collectives
Nous vous appelons à vous joindre à la manifestation que nous organisons mardi 3 mai à 11 heures à la gare de Compiègne pour se rendre en manifestation place du château à l’entrée du palais de justice où est convoqué à 13h30 l’un d’entre nous, Xavier Mathieu, poursuivi devant le tribunal correctionnel pour avoir refusé de se soumettre à un test de fichage ADN.
Cette nouvelle procédure est la suite des poursuites que le gouvernement avait engagées contre 7 travailleurs de Continental, suite à la manifestation d’avril 2009 à la sous-préfecture de Compiègne. Le pouvoir avait voulu prendre en otage 7 salariés pour faire un exemple à l’encontre des travailleurs qui se battaient pour faire respecter leurs droits. Finalement la Cour d’Appel d’Amiens a annulé les condamnations prononcées par le tribunal correctionnel de Compiègne sur réquisition du parquet et a transformé le tout en simple amende. De même les demandes d’indemnisations extravagantes demandées ont été ramenées, pour le principe, à quelques centaines d’euros.
Le gouvernement a subi ainsi un désaveu et la cour d’appel a reconnu la légitimité du combat contre la collusion des patrons-voyous de Continental et du pouvoir.
Et lorsqu’ensuite notre camarde Xavier Mathieu a refusé, au nom de ses droits et de sa liberté individuelle, que l’on prélève son ADN, en l’assimilant ainsi à un auteur de crime, le procureur avait décidé de classer cette affaire. Il faut dire qu’on était en pleine mobilisation. Mais, quelques mois plus tard voilà que le dossier est ressorti avec convocation au tribunal avec en ligne de mire un risque de condamnation. En clair le gouvernement, qui donne ses instructions aux procureurs, voudrait montrer qu’il est toujours obstiné à essayer par ce biais d’obtenir une condamnation pouvant aller jusqu’à un an de prison contre le représentant des salariés qui ont eu le courage de relever la tête.
– Pour exiger l’arrêt des poursuites et de l’acharnement du pouvoir contre les travailleurs de Continental et leur porte-parole.
– Pour reconnaître le droit à chaque citoyen de refuser de se soumettre à un test qu’il juge dégradant et attentatoire à sa liberté individuelle. Pour refuser d’assimiler le combat des travailleurs pour la défense de leur droit à un délit.
Nous vous appelons à vous joindre à cette manifestation
L’ensemble des représentants de Continental et des appelants s’exprimeront place du château avant l’audience.
TOYOTA ONNAING : PAUSE DANS LA MOBILISATION
Après douze jours de grève, les salariés de Toyota Onnaing (Nord) ont suspendu leur mouvement vendredi dernier. Près de deux semaines pendant lesquelles la direction a refusé toute négociation tant avec le comité de grève qu’avec les organisations syndicales.
Pendant ces deux semaines, la production a été réduite de moitié malgré l’accélération des cadences sur les lignes qui tournaient. Dans le même temps, elle semait le trouble en faisant peser la menace du chômage partiel en raison des difficultés d’approvisionnement de composants venus du Japon. Pour faire payer leur incompétence par les finances publiques, au travers du chômage partiel, la direction d’Onnaing a tous les droits. Mais pour satisfaire les revendications des travailleurs, les directives viennent de la direction d’un groupe qui malgré la crise, malgré la catastrophe de Fukushima, continue d’engranger des bénéfices. Comme tous les montages industriels et financiers que constituent les groupes, la magouille financière consiste à masquer les bénéfices ici pour n’en reconnaître que là où impôts et cotisations sociales sont moins importants.
Lors de la rencontre du 14 avril, la direction a confirmé son refus de toute négociation avec les grévistes. Mais la colère demeure contre les salaires de misère et les conditions de travail. Les revendications des grévistes demeurent : 1 700 euros de prime, treizième mois, paiement des jours de grève, respect des travailleurs par les représentants de la direction.
Les travailleurs reprennent la rage au cœur mais avec la certitude d’avoir marqué de nouveaux points face à une direction peu habituée aux mouvements revendicatifs.
Les prochaines semaines de chômage partiel permettront aux salariés de se rencontrer, de débattre et de reprendre la mobilisation le plus rapidement possible après la reprise du travail à temps plein.
Les revendications demeurent. La volonté de se battre aussi.
Correspondant
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 99 (21/04/11).
CONTINENTAL CLAIROIX : 520 SALARIÉS CONTESTENT LEUR LICENCIEMENT AUX PRUDHOMMES
Mardi 19 avril 2011
Cinq cent vingt anciens salariés de l’usine Continental de Clairoix (Oise), qui a fermé début 2010, ont démarré lundi 18 avril 2011 une procédure devant les prud’hommes pour contester leur licenciement.
Ils réclament des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi du fait du caractère qu’ils qualifient d’illicite des suppressions de postes. Ces licenciements étaient « fondés prétendument sur un motif économique qui n’existe pas », a affirmé à l’AFP leur avocate, Marie-Laure Dufresne-Castets. Invoquant des surcapacités de production, l’équipementier allemand avait annoncé en mars 2009 la fermeture de l’usine de Clairoix, concrétisée au début de l’année 2010.
L’avocate justifie aussi cette procédure, engagée en septembre dernier, par le fait que Continental n’a pas respecté, selon elle, « ses obligations de reclassement ». Au 31 mars 2011, sur les mille cent treize anciens salariés de l’usine, trois cent quatre-vingts personnes étaient « actives professionnellement », plus de deux cents personnes étaient en formation et deux cent huit autres venaient d’achever leur formation, selon un point de la direction sur le reclassement. Environ deux cent soixante personnes ne cherchaient pas de travail, dont une centaine parce qu’elles ont la possibilité de faire valoir leur droit à la retraite, a indiqué un porte-parole de la direction. Ce dernier affirme que certaines personnes, devant les prud’hommes, « réclament des sommes à six chiffres en ayant parallèlement refusé huit offres d’emplois ».
Durant quatre jours, les salariés concernés par la procédure vont faire, avec la direction, l’objet d’une procédure de conciliation. « Un préalable obligatoire en matière prud’homale », rappelle Me Marie-Laure Dufresne-Castets. « A mon sens, la conciliation va échouer », estime-t-elle, soulignant qu’elle réclame « entre un an et quatre ans de salaires » de dommages et intérêts par salarié, alors que la direction propose « deux à trois mois », « des propositions totalement dérisoires », selon elle.
Si la conciliation échoue, les deux parties seront renvoyées devant le bureau de jugement du conseil de prud’hommes le 18 octobre.
FORD BLANQUEFORT : MANŒUVRES POUR FAIRE PLIER LA CONTESTATION… MAIS ON S’ACCROCHE !
Nous sommes toujours en plein PSE (336 départs volontaires) que Ford a beaucoup de mal à finaliser. Voilà trois semaines que cela aurait dû être fait. Mais grâce à plusieurs journées de mobilisation, nous avons réussi à déstabiliser la direction, en mettant en évidence en CE et CHSCT des incohérences et les aspects dangereux pour l’avenir du site. Sous cette pression, la multinationale vient d’annoncer à la fois la confirmation de trois petits projets et surtout la possible arrivée d’un gros projet de fabrication d’une nouvelle transmission automatique. Ce qui pourrait amener à près de 1 000 emplois « sauvés » pour la suite.
Seulement les jours passent et nous ne pouvons pas maintenir le même niveau de mobilisation dans un contexte où les attaques ne sont pas directes, entre départs volontaires et promesses d’avenir. Ford, l’État, les pouvoirs publics, tous manœuvrent pour nous faire plier. Devant le blocage de la situation, les dirigeants de Ford Europe revenus sur le site ont apporté des éléments concrets sur le « gros » projet tant attendu (579 emplois) pour rassurer, quelques menaces du genre « ne bougez pas trop, vous pouvez tout perdre », pour nous calmer et, quelques conditions du style « il va falloir voir le niveau de compétitivité du site », pour nous mettre la pression.
Les dirigeants ont rencontré deux heures plus tard les élus locaux (Juppé, Rousset…), le Préfet et l’ensemble des pouvoirs publics… s’assurant qu’ils pouvaient compter sur des aides publiques : une somme de 24 millions d’euros seraient apportée (15 % des investissements) et un bonus de 10 millions sous forme de financement des périodes de chômage technique et du plan de formation.
Le soir même, élus et pouvoirs publics se sont félicité des annonces de Ford. Oubliés les plans foireux, la « reprise » et tous les projets ratés ! La confiance est revenue subitement au point de répondre favorablement aux « exigences » de Ford. Pourtant, la multinationale qui fait plus de 6 milliards de profits compte supprimer 25 % de l’effectif, promet le maintien de 1 000 emplois mais sans engagement ferme.
Et ce n’est pas tout. Pour bien mettre la pression sur l’intersyndicale, fragiliser la résistance, la DIRECCTE (ex-DDTE) a envoyé un courrier à la direction, aux secrétaires des CE et CHSCT pour « rappeler » la loi, c’est-à-dire que le PSE doit respecter les règles à savoir qu’il doit y avoir une date de fin ! Incroyable. La DDTE demande la finalisation du PSE mais ne demande pas que Ford respecte les contraintes légales telles qu’une visibilité économique sur l’avenir du site, une véritable consultation avec remise de documents, ce qui n’est pas le cas.
Résultat, l’unité syndicale ne tient plus. La plupart pensant que nous sommes allés au plus loin et qu’il est impossible de faire reculer Ford, que ce soit pour officialiser des projets ou sur les conditions de départ des anciens. La CGT se retrouve de nouveau seule pour tenter le maximum alors que les collègues, après avoir réussi les actions de décembre, retombent dans la résignation. Pourtant, la grande majorité est écœurée par les méthodes de Ford, par le traitement des anciens qui partiraient avec des pensions autour de 1 200 euros, largement insuffisantes pour vivre dignement, par toujours les mêmes vagues promesses pour l’avenir des emplois.
Mais l’heure n’est pas non plus à la démoralisation. Nous avons une fois encore chamboulé le calendrier de Ford, nous avons contrarié ses plans et obtenu un début d’engagement pour maintenir les 1 000 emplois. La résistance doit continuer, les aventures sont loin d’être finies.
Philippe Poutou
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 98 (14/04/11).
FORD BLANQUEFORT : LE BRAS DE FER CONTINUE
Ford n’avait pas tout prévu. Contrainte par une longue mobilisation, elle rachète fin 2010 l’usine dont elle s’était débarrassée 20 mois auparavant, sans avoir défini ce qu’elle en ferait. Son premier geste est donc la mise en place d’un plan de 336 suppressions d’emplois : uniquement des départs volontaires (préretraites notamment) histoire de mieux faire passer la pilule, de banaliser l’opération, en essayant de diviser le personnel et en s’appuyant sur l’écœurement des salariés pressés de partir.
La direction l’a joué trop « facile ». Elle bricole un document, présentant un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) bâclé, incohérent, dangereux pour l’avenir de l’usine. Alors que Ford promet de l’activité (« du travail pour tous ceux qui veulent ») il n’y a aucun engagement ferme pour l’après 2011, date de fin de la production actuelle.
L’équipe CGT dénonce ce PSE : les 336 départs (25 % de l’effectif) ne peuvent que fragiliser le site, laissant partir du savoir-faire sans garantir du travail pour ceux qui restent, le danger étant que Ford prépare la fin du site. En plus des exigences sur l’arrivée d’un vrai projet « structurant », sur la réintégration de l’usine dans le plan de production Ford, la CGT défend des conditions de départ décentes pour les anciens (1 500 euros minimum, 75 % des salaires) essayant de conserver les liens entre générations.
Nos convictions emportent les hésitations. La mobilisation contre le PSE se construit pour renforcer la pression. Le 4 mars, à l’appel de la seule CGT, 130 grévistes envahissent la salle où se tient la réunion du comité d’entreprise (CE) pendant la deuxième réunion de consultation sur le PSE. Tout est filmé par les médias régionaux. La direction est mise en difficulté. Dans la foulée, l’intersyndicale se reconstitue autour d’une plateforme commune : garantie des emplois, pérennité du site et amélioration des conditions de départs des anciens. Le 15 mars, plus de 500 grévistes participent à une audioconférence avec Ford Europe, à la suite d’un ultimatum des syndicats. Ford répond à côté et baratine ; le 17 mars, une journée de blocage de l’usine est bien médiatisée : plus de 300 grévistes, une journée sans camion, une réunion PSE envahie par les salariés… La direction s’enlise. Face à des syndicats unis, elle subit plusieurs échecs. Le CHSCT vote une expertise pour analyser l’impact du PSE sur la santé des salariés et refuse de donner un avis sur le PSE. Le CE étant en droit d’attendre l’avis du CHSCT pour donner le sien, la finalisation du PSE est largement repoussée.
La direction, énervée et agressive, n’a plus la maîtrise totale. Ce qui aurait dû passer tranquillement devient un casse-tête. Le délai obtenu doit fournir aux syndicats, aidés par des experts économiques et une avocate, de convaincre les salariés de continuer à se mobiliser pour changer la donne.
Depuis, comme par hasard, les événements se précipitent : une future transmission automatique pourrait être fabriquée ici et des ingénieurs américains viennent fin mars en étudier la faisabilité. Le projet pourrait être validé en avril par la Ford Motor Company.
Ford doit garantir l’avenir du site avant le bouclage du PSE. Une opération de blocage de l’usine durant plusieurs jours est également à « l’étude »… si les engagements ne viennent pas. Le bras de fer continue.
Correspondant
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 95 (24/03/11).
RENAULT VEUT SUPPIMER PRÈS DE 6 000 EMPLOIS EN FRANCE LES TROIS PROCHAINES ANNÉES
Dimanche 6 février 2011
Renault commence à distiller, au goutte à goutte, le contenu de son plan industriel dit « stratégique » qui sera complètement dévoilé le 10 février. D’ores et déjà, la CGT a dénoncé mercredi 2 février lors d’une conférence de presse, la décroissance programmée des effectifs de Renault en France. « 6.000 salariés vont partir de l’entreprise en France dans les trois ans. Et la direction ne s’engage vraiment que sur 400 embauches en CDI. On risque au total de se retrouver avec un solde négatif des effectifs de 4.000 à 5.600 personnes ».
Sur les 5, 7 milliards d’euros d’investissements prévus dans toutes les usines du groupe d’ici à 2013, la part dévolue à aux usines françaises ne dépassera pas 40%. Et en France, selon la CGT Renault, 25% des activités industrielles de Renault devraient être supprimées dans les années qui viennent.
Renault justifie cette politique par la stagnation prévue des ventes de voitures en France et en Europe Occidentale comparée à la croissance attendue dans les pays dits « émergents ». Cette affirmation est largement du baratin. Les Twingo, Clio et Dacia produites en Slovénie, Turquie et Roumanie. sont majoritairement réexportées vers l’Europe Occidentale.. Ce sera le cas des voitures produites à partir de 2012 à Tanger au Maroc dans une usine à la capacité de 350 000 voitures par an.
Renault dit vouloir maintenir en France la production des voitures haut de gamme, « à haute valeur ajoutée », c’est à dire à haut profit. Mais c’est un secteur en déclin et il suffit de voir ce qui s’est passé dans l’usine de Sandouville spécialisé dans un haut de gamme Renault de plus en plus invendable.
Aucune fatalité n’oblige à ne produire les voitures « low cost » que dans des pays périphériques à l’Europe. Alors que les salaires comptent aujourd’hui pour moins de 10% de la valeur d’une voiture, ils ne sont pas la vraie raison.de ces choix de production. Si la direction de Renault brandit cet argument mensonger, c’est pour peser encore plus sur les salaires de tous, ici comme dans les pays du Sud. C’est la volonté d’exacerber la concurrence entre tous les salariés qui est responsable.
Tant pis pour les coûts de transport d’automobiles fabriquées, tant pis pour les emplois existants.