Extrême gauche : La LCR se dissout pour créer un nouveau parti
Forte de la popularité et du score d’Olivier Besancenot à la présidentielle, la LCR a décidé, à l’issue de son Congrès, de fonder d’ici un an un nouveau parti anticapitaliste.
Le 17e Congrès de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a adopté samedi soir à une majorité de 83% la stratégie défendue par Olivier Besancenot de construction d’un nouveau parti anticapitaliste.
La décision signe aussi l’arrêt de mort de la LCR, créée il y a 40 ans dans la foulée de mai 68, qui devra être alors dissoute.
Pour fonder ce parti, la LCR « s’adresse d’abord à ceux qui ne sont dans aucune organisation » et « pour qui l’économie de marché n’est pas l’avenir de l’humanité », a précisé à l’issue du Congrès Olivier Besancenot. Donc notamment aux 1,5 million de Français qui ont voté pour lui à la présidentielle.
La LCR s’adresse aussi aux « militants » socialistes, communistes, écologistes ou antilibéraux en rupture avec leurs formations d’origine.
Mais c’est avec une visible réticence qu’elle invite « les autres courants » - sans d’ailleurs préciser lesquels. « Notre appel ne s’adresse pas d’abord à eux », souligne Olivier Besancenot.
C’est donc sans partenaire organisé que la LCR se lance dans cette aventure, pour élargir son espace à gauche du Parti socialiste, au moment où les Verts et le PCF regagnent le giron de l’ex-gauche plurielle avec le PS.
« Je ne serai pas le seul leader de ce parti », a répété tout au long du Congrès l’ex-candidat qui entend parer aux critiques qui voient dans la nouvelle formation « le parti d’Olivier Besancenot ».
Evitant de présenter l’initiative comme un saut dans l’inconnu, Olivier Besancenot souligne que ce nouveau parti « ne sera pas le jour et la nuit » par rapport à la LCR qui contribuera pour une large part à sa « refondation programmatique ». La différence portera notamment sur le fonctionnement : « ce ne sera pas un parti élitiste et avant-gardiste », le « rythme militant » sera assoupli, souligne-t-il.
Mais l’orientation fixée ne diffère guère de celle de la LCR : parti « internationaliste », il devra être « en rupture avec le capitalisme », « indépendant du PS », refuser « de cogérer ce système ». Il devrait toutefois innover et « inventer le socialisme du XXIe siècle ».
Le calendrier est fixé : la première étape est la mise en place de « comités d’initiatives » auxquels la Ligue entend agréger de nouveaux venus. Une « réunion de coordination » est prévue en avril et une « Assemblée générale » constituante en juin qui devra avancer vers l’élaboration du programme et des statuts de la nouvelle formation et décider de son nom.
Avec 209 listes et une présence dans 36 des 37 grandes villes de France, la Ligue entend mettre à profit la campagne des municipales pour nourrir son initiative, sans se faire beaucoup d’illusion sur son score. Il ne modifiera en rien le processus « irréversible » de création du nouveau parti, prévient Olivier Besancenot.
Opposé à cette stratégie, le chef de file du courant minoritaire, Christian Picquet, a dénoncé un « parti d’extrême gauche relooké » qui « ne pourra pas occuper tout l’espace laissé vide par le recentrage du PS ». Mais sa proposition d’un parti large, construit avec d’autres composantes - aile gauche du PS, PCF - n’a recueilli que 14% des voix.
(avec AFP)