* « Le contribuable paye les avantages spécifiques des régimes spéciaux ».
Faux. À EDF, le régime excédentaire reverse de l’argent. À la SNCF, l’État, donc le contribuable, ne paie pas les départs anticipés. Ce sont les cheminots, par leur surcotisation et des pensions plus faibles, qui les financent. Comment ? En cotisant plus de 42 % (au lieu de moins de 30 % dans le privé) et en touchant une pension plus faible (58 % du dernier salaire contre 84 % dans le privé). Cotiser plus, toucher moins, mais partir plus tôt à la retraite, voilà comment les cheminots financent eux-mêmes leur départ anticipé. Quant aux 2,6 milliards d’euros que l’État donne à la SNCF pour compenser le déficit démographique, c’est-à-dire le faible nombre d’actifs - 160 000 pour 300 000 pensionnés (190 000 retraités et 110 000 pensions de reversion) rétablissent les faits. Dans le privé, les métiers aux actifs nombreux paient pour les autres. À la SNCF, l’État verse 2,6 milliards d’euros, mais seulement pour le déficit démographique, rien au titre du départ à 55 ans. Si le régime de retraite de la SNCF passait au régime général avec un départ à 60 ans, ce n’est pas l’État qui donnerait cette compensation, mais la Sécurité sociale, donc l’argent des salariés français. Aujourd’hui, un cheminot, en cotisant 42 % tout au long de sa carrière, laquelle est en moyenne de 34 ans, cotise plus d’argent pour les retraites qu’un salarié du privé cotisant à 30 % pendant 40 ans.
* « Le régime spécial des cheminots est indigne ».
Faux. « Indigne », adjectif utilisé par Sarkozy, serait juste concernant les parachutes dorés de certains patrons finançant leur retraite à coût de stock-options, à hauteur de plusieurs millions d’euros, et pour les pensions des députés, six fois plus importantes que le montant de leur cotisation, ou encore pour la retraite de Jacques Chirac, de l’ordre de 30 000 euros net par mois. Les pensions moyennes d’un retraité cheminot sont de 1 600 euros brut en 2006 contre 1 713 euros chez un salarié du privé. Un cheminot sur sept vit avec une retraite de 1064 euros brut par mois. 70 % des pensions de reversion (veuves essentiellement) sont inférieures à 700 euros brut par mois.
* « Il est juste d’aligner les régimes spéciaux au régime général ».
Faux. L’argument de l’égalité est sûrement le plus fallacieux. La justice est évidemment, pour certains, le nivellement par le bas au lieu de l’alignement vers le haut. Aujourd’hui, les écarts de salaires entre les hommes et les femmes sont en moyenne de l’ordre de 25 %. Qui pourrait accepter, au nom de l’égalité, qu’on baisse les salaires des hommes de 25 %, afin de les mettre au niveau de celui des femmes ? Pourtant, c’est exactement ce qui est proposé en matière de retraite. Il est anormal que la quatrième puissance économique mondiale ne puisse pas financer le départ à la retraite de tous après 37,5 années de cotisation. À quoi servent les progrès techniques, si ce n’est pour permettre au plus grand nombre d’en profiter ?
* « Le vieillissement de la population nous oblige à réformer notre système de retraite ».
Faux. L’argument démographique paraît souvent comme le plus évident : trop de retraités, pas suffisamment de cotisants, le système ne peut plus fonctionner, CQFD. Pourtant, la réalité s’avère bien plus complexe. En 1960, la part du PIB consacrée aux retraites était de 6 % contre 12 % en 2007. En 2040, si le système ne change pas, cette part atteindrait 18 % du PIB, soit une augmentation de 0,7 % d’ici 2020. On est finalement assez loin de la « faillite ». S’il y a de moins en moins d’actifs, ceux-ci produisent individuellement bien plus de richesse chaque année. La question n’est donc pas le nombre d’actifs, mais bien la richesse que produit chaque actif. Aujourd’hui, celle-ci est suffisamment importante pour financer les pensions des retraités, quand bien même ceux-ci deviendraient aussi nombreux que les actifs.
* « Le métier est devenu moins pénible, un départ anticipé ne se justifie plus ».
Faux. Sur 160 000 cheminots, 120 000 travaillent en horaires décalés : les week-ends, jours de fêtes, lors des vacances scolaires, à toute heure du jour et de la nuit. S’il est vrai que le progrès a permis de faire baisser la pénibilité, d’un strict point de vue physique, celle-ci n’a pas pour autant disparue. Elle s’est transformée, notamment en pénibilité psychologique. L’individualisation du salariat, combinée à de nombreuses et diverses évolutions, a considérablement augmenté le stress sur le lieu de travail. Agents commerciaux insultés, solitude dans certains postes, notamment pour les agents de conduite. Toutes ces évolutions rendent très difficile le travail jusqu’à 60 ans. Est-il raisonnable qu’un travailleur de 60 ans se lève à 3 heures du matin pour conduire un train sept heures durant ?
Le secrétariat cheminots de la LCR