Dans un contexte où les législatives ne servent qu’à valider le second tour de la présidentielle, les résultats s’annon¬çaient difficiles pour la LCR, comme pour toutes les forces de gauche. La « vague bleue » et la démobilisation de l’électorat de gauche étaient annoncées dès la victoire de Sarkozy, le 6 mai dernier. À l’atonie générale de la campagne, s’ajoutent, pour nous, une faible exposition médiatique (pour rester poli) et un mode de scrutin qui nous empêche d’envisager toute élection de député. Nous ne disposons pas encore des études sur la structuration de l’électorat abstentionniste, mais tout semble indiquer que, parmi les plus jeunes comme parmi les couches populaires, l’abstention a été importante. Or, c’est justement parmi ces couches de l’électorat qu’Olivier Besancenot a réalisé ses meilleurs scores, le 22 avril.
Les 492 candidates et candidats de la LCR [1] ont réuni un peu moins de 529 000 voix. Pour mémoire, en 2002, présente dans 441 circonscriptions, la LCR avait alors totalisé 320 000 voix. Nous avons donc gagné 209 000 suffrages, soit une progression de 66 % en cinq ans. Ce résultat [2] est d’autant plus intéressant que le nombre de votants exprimés en 2007 est sensiblement le même qu’en 2002 (pour être exact, inférieur de 50 000 voix en 2007 par rapport à 2002). Cette progression en voix, se traduit aussi par une progression en pourcentage. Si, comme en 2002, nous ne dépassons les 5 % que dans une seule circonscription (la deuxième de la Creuse, dans le cadre d’un accord avec le PCF), six circonscriptions totalisent entre 4 et 5 % (contre une en 2002), 71 se situent entre 3 et 4 % (seulement quatre en 2002). Le gros des troupes (253) recueillant entre 2 et 3 % (85 en 2002) et 159 se situant entre 1 et 2 % (306 en 2002). Enfin, nous n’atteignons pas les 1 % dans cinq circonscriptions (38 en 2002).
Au final, en comparant avec les circonscriptions où nous étions déjà présents en 2002, nous régressons dans 39 circonscriptions, avec une chute supérieure à 0,5 % dans seulement dix circonscriptions. En revanche, nous progressons dans 371 circonscriptions. Cette augmentation est même supérieure à 2 % dans douze circonscriptions, comprise entre 1,5 et 2 % dans 33 circonscriptions, et entre 1 et 1,5 % dans 82 circonscriptions. Globalement, s’il subsiste un écart important entre l’audience et la popularité d’Olivier Besancenot d’une part, et celle de la LCR d’autre part, ces élections traduisent néanmoins un resserrement de cette disparité. Le rapport entre suffrages obtenus aux élections législatives et à l’élection présidentielle est de 1 à 3 en 2007, alors qu’il était de 1 à 4 en 2002. Ces données brutes sont encore renforcées par une participation en hausse à la présidentielle (+11 %) et une participation en baisse (-4,5 %) aux législatives.
Implantation
Le renforcement et l’enracinement de la LCR, ces cinq dernières années, ont permis cette progression. Il ne peut y avoir de résultats significatifs, dans des scrutins de circonscription, sans implantation réelle des militants de la LCR. C’est en général le cas dans des départements où les fédérations de la LCR sont les plus importantes, comme en Haute-Garonne, en Gironde, en Isère ou en Seine-Saint-Denis. C’est aussi le cas à Paris où, dans nombre de circonscriptions, le résultat (en pourcentage) est supérieur à celui d’Olivier Besancenot. Dans ce dernier cas, l’absence ou la moindre pression du vote utile a sûrement été une explication majeure. C’est enfin le cas dans un département comme les Bouches-du-Rhône, où la LCR a connu un très net développement depuis 2002. Dans ce département, où le Parti communiste a longtemps été très présent, les résultats obtenus ont peu d’équivalent dans l’histoire de l’extrême gauche, en particulier à Marseille.
A contrario, la percée réalisée par Olivier Besancenot dans les terres industrielles traditionnelles du nord et de l’est de la France - avec bon nombre de scores supérieurs à 6 %, voire 7 % dans certaines circonscriptions - ne s’est pas reproduite aux élections législatives. Dans ces circonscriptions, notamment dans le Nord, le Pas-de-Calais ou la Moselle, les résultats sont en général nettement en hausse mais, en même temps, très en deçà des résultats de la présidentielle. Il faudra, bien sûr, apprécier plus finement ce qui relève d’une moindre mobilisation de l’électorat populaire et ce qui renvoie à un déficit d’implantation de la LCR. Le travail entrepris après 2002 a permis de consolider et de construire des interventions qui ont permis d’obtenir des avancées à ces élections législatives. Les scores d’Olivier Besancenot en 2007 nous indiquent des priorités pour les mois et les années à venir. À nous de relever le défi.
Dans ces élections, la LCR s’est présentée sous ses couleurs, « LCR 100 % à gauche », dans près de 475 circonscriptions. Pour une vingtaine de candidatures, il s’agissait d’un cadre un peu plus large. La diversité des accords passés rend difficile une analyse générale des résultats de ces circonscriptions. Toutefois, à quelques exceptions près, et du point de vue strictement électoral, les résultats semblent assez mitigés, en tout cas, d’un point de vue quantitatif, peu différents des autres résultats de la LCR, voire franchement décevants. Enfin, dans une quinzaine de circonscriptions, la LCR a soutenu ou appelé à voter pour des candidatures unitaires. Là encore, les résultats sont très inégaux et même, dans les quelques cas d’un accord entre le PCF et la LCR, les résultats peinent à additionner les audiences respectives de ces deux organisations.
Il faudra prendre le temps d’analyser plus en détail les résultats des autres forces à la gauche du PS (pour le Parti communiste, lire page 4), mais il semble que les résultats des législatives confirment les scores de la prési¬dentielle. C’est particulièrement le cas pour Lutte ouvrière, le faible score d’Arlette Laguiller ayant été confirmé par les résultats des candidats de LO. C’est aussi le cas pour les quelques dizaines de candidatures « Gauche alternative 2007 », qui avaient soutenu la campagne de José Bové.