L’OMS a raison de souligner que « le nombre de décès par semaine est resté stable depuis octobre, avec une moyenne de 48 000 décès » et que si « Omicron provoque une maladie moins grave que Delta, il reste un virus dangereux, en particulier pour ceux qui ne sont pas vaccinés ». Omicron, dominant, c’est en moyenne 214 morts par jour en France, 235 en Allemagne. Et encore beaucoup d’interrogations…
« Vague Omicron, une chance » ?
Combien de covid longs avec le raz-de-marée Omicron ? Combien de formes pédiatriques ? En Angleterre, bébés et tout-petits représentent jusqu’à 4 % des hospitalisations, trois fois plus qu’avec le Delta. L’Europe, les USA, fortement vaccinés, sont actuellement le cœur de la vague Omicron. Qu’en sera-t-il pour les pays au taux de vaccination bas, à l’immunité faible liée aux infections précédentes, dont les systèmes de santé risquent d’être submergés ? « Vague Omicron, une chance, mais pas pour tout le monde », titrait le Figaro… L’urgence reste la levée des brevets sur les vaccins, traitements et tests covid, comme l’affirment en commun dans un appel Mélenchon, Jadot, Hidalgo et Poutou, à l’initiative de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.
En France, après l’Angleterre et le Danemark, des signaux semblent indiquer que la vague Omicron a atteint son pic, notamment en Île-de-France. Mais les hospitalisations sont décalées par rapport aux contaminations. Plans blancs qui reportent une nouvelle fois les hospitalisations non-covid, entrainant une perte de chance en cardiologie, cancérologie, transplantation, lits de réa fermés faute de personnels, tri des malades… L’hôpital est au bord de la crise de nerfs, emporté par le Covid qui aggrave des années d’austérité.
Contre le pass vaccinal
Macron a transformé son pass sanitaire en pass vaccinal. Un danger autoritaire que nous refusons, qui contrôle pour exclure, là où il faudrait aller vers et convaincre. Un autoritarisme encore moins efficace avec le variant ! En effet, avec Omicron, si les vaccins protègent très efficacement contre le risque de mourir ou d’arriver en réanimation, leur efficacité contre la diffusion du covid s’est effondrée. Et donc s’il est toujours aussi important de se faire vacciner, les gestes barrières et les mesures collectives de limitation de la transmission ne peuvent pas être l’œuvre seulement des non-vaccinéEs, mais de l’ensemble de la population. « Emmerder » les non-vaccinéEs ne marche pas et détourne des vrais débats, de la responsabilité du pouvoir dans la mauvaise gestion de la pandémie ! Et concernant les vaccins, alors que l’âge est un facteur de risque essentiel face au covid, Santé Publique France nous apprend que les plus de 80 ans sont la tranche adulte la moins vaccinée, avec 12,1 % de non-vaccinéEs, soit plus de 500 000 personnes.
« Un arsenal sanitaire pour en finir avec la pandémie »
Personne ne peut prédire l’évolution de la pandémie. Peu de scientifiques cependant croient à sa disparition. Car l’immunité conférée par vaccins et infections n’empêche pas de se réinfecter, et qu’existe un gigantesque réservoir viral, humain mais aussi animal. De nouveaux variants vont-ils apparaître, une nouvelle vague Omicron ou Delta déferler quand l’immunité acquise par la vague hivernale aura diminué ? Se dirige-t-on vers une endémie, un fond permanent avec des bouffées épidémiques, notamment saisonnières ?
L’heure n’est pas au pari macronien, mais à la préparation à un monde où la crise écologique sera générateur de nouvelles épidémies. Dans une tribune à Libération, 1 200 scientifiques demandent « un arsenal sanitaire pour en finir avec la pandémie et prévenir les suivantes […] pour combiner faible taux de circulation viral par les gestes barrières et les mesures de limitation et haut niveau de vaccination mondiale », avec utilisation de masques FFP2 en intérieur, mise en place des normes de ventilation de l’air, recrutement d’arpenteurs sanitaires… Et aussi : « Moins de dommages sociaux et économiques, d’entraves à l’exercice des libertés publiques, de mortalité, de mise sous pression des personnels soignants ». Mais ces exigences, pour s’imposer, doivent être portées par un véritable mouvement social. La grève enseignante contre la catastrophe sanitaire à l’école est un espoir que le mouvement ouvrier soit enfin porteur d’exigences face à Omicron et à son monde.
Frank Prouhet