PARIS, 6 avr 2007 (AFP) - Après avoir touché le fond dans les sondages, la gauche radicale améliore quelque peu son score global, à quinze jours de la présidentielle, grâce essentiellement à Olivier Besancenot qui semble mieux incarner l’image du renouveau.
Alors que les cinq candidats - la communiste Marie-George Buffet, l’altermondialiste José Bové, les trotskistes Besancenot et Arlette Laguiller et Gérard Schivardi soutenu le Parti des travailleurs - totalisaient quelque 7% des intentions de vote il y a encore un mois, ils représentent désormais autour de 11%. Olivier Besancenot est en tête et atteint le seuil de 5% dans certaines enquêtes d’opinion.
Pénalisés à la fois pas leur éparpillement, leur difficulté à se différencier et le vote utile, les « petits » candidats ont mis à profit l’égalité du temps de parole dans les médias audiovisuels depuis le 19 mars pour se faire entendre. Ils ont réussi à « récupérer une partie du recul de la socialiste Ségolène Royal », souligne Emmanuel Rivière de la Sofres. « Le glissement de Ségolène Royal sur des thématiques traditionnellement associées à la droite - autorité, identité nationale, sécurité- a fait qu’une partie de la gauche qui ne se reconnaît pas dans ce discours préfère déclarer des intentions de vote en faveur des candidats de la gauche radicale », observe François Miquet-Marty, de l’institut LH2.
Pour l’heure, cette remontée a profité au seul Besancenot : le facteur a « deux atouts : »il semble incarner mieux que Laguiller et Buffet le changement au moment où la thématique de la campagne est orientée vers la notion de la rupture« , relève M. Miquet-Marty. »Il bénéfice aussi d’une dimension de proximité avec les Français à travers son style personnel« . Pour Frédéric Dabi de l’institut IFOP, »Besancenot semble avoir gagné la bataille de la légitimité au sein de l’extrême gauche vis-à-vis d’Arlette Laguiller« et »prend très nettement l’ascendant".
Ses rivaux prennent leur mal en patience : pour la candidate de LO - qui à la même époque en 2002 flirtait avec les 10% d’intentions de vote, contre 2% aujourd’hui- l’essentiel est que les « travailleurs » entendent les messages de la gauche radicale. José Bové, lui, met en avant son originalité : « je suis différent, je suis paysan », assure-t-il. Quant à Marie George Buffet elle peste contre le vote utile et appelle à des débats avec les grands candidats. Gérard Schivardi reste « scotché » à 0,5% dans les enquêtes. « La candidature de Buffet est fragilisée par l’image du PCF », et Bové a un problème de « cohérence entre son image associée à la défense du monde rural et sa campagne portée vers les banlieues », relève l’analyste de LH2.
Refusant le diktat des sondages, les candidats rappellent le succès de leurs meetings, qu’ils enchaînent tous à un rythme soutenu, et où affluent des milliers de participants, la palme revenant à celui de Buffet dimanche dernier à Paris (12.000 personnes). « L’essentiel est que la remontée de la gauche radicale puisse constituer une réserve de voix pour Ségolène Royal au 2e tour », affirme M. Miquet Marty. Car indépendamment des consignes que donneront les formations au soir du premier tour, les électeurs de la gauche radicale « envisagent massivement de se reporter sur Ségolène au second », souligne-t-il.