Rififi dans la campagne Bové. Des militants et responsables « unitaires » du PCF et de la LCR, qui le soutiennent, mettent en cause un « déficit politique » et un « fonctionnement foisonnant mais bordélique ». Et s’inquiètent de la stratégie suivie, alors que la mobilisation militante et la forte cote de sympathie pour le leader paysan ne se transforment pas en adhésion électorale, avec des sondages qui plafonnent entre 1 et 2 %.
Ainsi, la date du 11 mars, fixée avec les collectifs antilibéraux lors de la mise sur orbite de Bové fin janvier, « pour un bilan d’étape sur la dynamique et les parrainages », pourrait être repoussée d’une semaine. Ce calendrier était pourtant la condition posée par les collectifs pour garder voix au chapitre et s’assurer que la candidature Bové ne tourne pas à l’aventure personnelle.
Or le staff de José Bové veut désormais un report au 18 mars. Trop tard pour que certains élus, qui ont promis leur parrainage à Bové, puissent reporter leur signature sur Besancenot au cas où Bové n’aurait pas ses paraphes. Une réunion de la coordination nationale des collectifs, ce samedi, à Montreuil (93), doit trancher la question. « Une motion va demander le maintien du 11 mars, explique un jeune militant bovéiste. Il ne faut pas que la candidature de Bové soit une candidature de plus. Si c’est pour rajouter de la confusion et piquer des parrainages à Besancenot, c’est naze. »
« Ça gueule de toutes parts. Beaucoup de collectifs sont hostiles à ce que la réunion soit reportée. Le 18 mars, c’est après la date fatidique de dépôt des 500 signatures [le 16 mars, ndlr]. Cela oblige les collectifs à entériner la décision de Bové » regrette Christian Picquet. Le chef de file des « unitaires » de la LCR est par ailleurs signataire d’une motion avec deux autres figures du rassemblement Clémentine Autain, apparentée PCF, et le syndicaliste Claude Debons qui prend acte de l’échec de la dynamique Bové, qui n’a pas réussi à convaincre Olivier Besancenot et Marie-George Buffet de le rejoindre sous sa bannière. Ce texte demande qu’une distinction claire soit faite entre les collectifs et les comités de campagne de Bové, au cas où il décide d’aller jusqu’au bout. Ce qui semble être la volonté de Bové. « Arrêter serait invraisemblable » explique Rémi Jean (unitaire de la LCR), un de ses vingt porte-parole . Interrogé jeudi par Libération sur ces tiraillements, Bové a souri : « C’est le signe d’une campagne collective » ! Sans les collectifs ?