Le Figaro. – A 21 jours de la date limite de dépôt des parrainages, seuls cinq candidats affirment
disposer des signatures nécessaires. Vous avez déjà déploré cette situation. Que pouvez-vous faire
de plus ?
Brice HORTEFEUX. – En tant que ministre des Collectivités territoriales, c’est-à-dire de tous
les élus susceptibles d’être sollicités par un candidat, je veux leur rappeler un principe simple
et clair : accorder un parrainage, ce n’est pas exprimer un soutien ni donner une consigne de
vote. C’est tout simplement choisir de faire vivre la démocratie.
Pourquoi la France semble-t-elle être la seule en Europe à souffrir d’un tel dysfonctionnement
?
– Parce qu’elle est quasiment la seule en Europe à avoir érigé une barrière pour empêcher les
candidatures fantaisistes aux élections majeures. Au départ, en 1962, quand le suffrage universel
direct est devenu le mode de scrutin de la présidentielle, il a été décidé que les candidats devraient
obtenir au moins cent signatures pour se présenter.
Les noms des signataires restaient secrets. Mais en 1976, Valéry Giscard d’Estaing a modifié ce
système. Le nombre de candidats avait doublé entre 1965 et 1974, passant de six à douze. La crainte
que cette tendance s’accentue a incité VGE à instaurer un nouveau seuil de 500 parrainages. Avec,
cette fois-ci, publication des noms de 500 signataires, tirés au sort parmi tous les parrains d’un
candidat. À l’époque, c’était une bonne solution.
Pourquoi ne l’est-ce plus ?
– Parce que les petits candidats ou, plus exactement, ceux peu ou pas représentés au Parlement, ont
totalisé 25,5 % des voix en 1995 et 32,8 % en 2002. Parmi ceux qui s’étaient déjà présentés la
dernière fois, et dans les rangs des nouveaux venus, certains ont démontré qu’ils incarnaient
un courant d’expression, mais ils risquent d’être interdits de campagne faute de signatures.
Comment y remédier ?
– Pour l’avenir, une réflexion doit être engagée soit sur le nombre de parrainages, soit sur la
publicité donnée à ses signatures. On pourrait aussi imaginer la création d’une voie d’accès
alternative à la candidature : le recueil d’un nombre significatif de signatures de citoyens, à l’instar
de ce qui se fait en Autriche, au Portugal et en Finlande.
Les « grands » partis ne trouvent-ils pas plus d’avantages que d’inconvénients à la situation
actuelle ?
– Les grandes formations démocratiques de notre pays doivent comprendre qu’elles ont tout intérêt à
la confrontation des idées, et non pas à la fermeture du débat.