Les arrestations spectaculaires de personnalités liées au régime de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika se poursuivent depuis fin mars. Mais jeudi 9 mai, c’est “la secrétaire générale du Parti des travailleurs [PT, tendance trotskiste], Louisa Hanoune, qui a été placée en détention provisoire”, relate Maghreb Émergent. Le site explique qu’elle a été “convoquée par le tribunal militaire de Blida pour témoigner dans l’affaire dans laquelle sont accusésSaïd Bouteflika, frère de l’ancien président de la République, et les deux anciens patrons du renseignement de l’armée, Mohamed Mediene (dit Toufik) et Athmane Tartag, dit Bachir [arrêtés samedi 4 mai]. Ils sont accusés d’atteinte à l’autorité de l’armée et complot contre l’autorité de l’État.”
Après avoir été auditionnée, la secrétaire générale du PT a été mise en détention provisoire. Pour son parti, “c’est l’opposition de Louisa Hanoune, entre autres, à la tenue des élections présidentielles du 4 juillet prochain qui est à l’origine de son incarcération”.
Dans ce contexte, comment les manifestants vont-ils réagir ? “Sacré vendredi !”, titre El Watan week-end en une de son édition de ce vendredi 10 mai. “Ni ramadan ni Gaïd Salah n’arrêteront la mobilisation du peuple”, poursuit le quotidien qui relève que désormais “tout est décidé par le chef d’état-major, Gaïd Salah” et toute proposition pour sortir de la crise en dehors de sa propre feuille de route “est considérée comme un acte de ‘trahison’”. El Watan s’appuie sur “l’éditorial paru mercredi (1er mai) dans le dernier numéro de la revue El Djeïch (l’armée)”, porte-parole de l’institution militaire.
En fait, “Gaïd Salah n’a, finalement, jamais aspiré au débat comme il le prétend”, estime El Watan. Et d’ajouter : “Il se contredit, certes ! Pis, il nous conduit droit vers une dictature militaire où la pluralité politique et le débat contradictoire ne sont qu’utopies.” Le quotidien rappelle que les étudiants n’ont pas baissé les bras et “ont pris d’assaut les rues, mardi”, alors que le jeûne du mois de ramadan avait commencé.
Ce qui est certain, rien n’arrêtera la détermination du peuple à aller dans le sens de ses aspirations, pour la fondation d’une réelle démocratie, d’un État de justice, de droits et de libertés, et à aller vers une deuxième république tant clamée depuis le début des manifestations. Car tout fait croire que Gaïd Salah, qui ne devait même pas s’ingérer dans les affaires politiques, a d’autres aspirations qui ne concernent que lui ; il justifie ses démarches par la relation de confiance existant entre le peuple et son armée.&rdquo
Dans un article intitulé “la protesta ‘sauce ramadan’ se met en place”, TSA-Tout sur l’Algérie, constate de son côté : “Les manifestants ne semblent pas découragés par le ramadan. Des dizaines sont déjà rassemblés ce matin place de la Grande Poste [à Alger] pour réitérer les revendications du mouvement populaire.”
Sur les réseaux sociaux, les appels à marcher se multiplient, ils invitent les Algériens à ‘poursuivre le Hirak [mouvement] et à tenir bon’. L’habituelle formule ‘ramadan karim’, utilisée par les Algériens pour se congratuler à l’occasion du début de ce mois de jeûne, a été remplacée par de nombreux internautes par ‘Hirak karim’, annonçant clairement la couleur : ça sera un ramadan de mobilisation.”
Et en début d’après-midi, à Alger, “malgré la chaleur et le ramadan, les manifestants sont au rendez-vous. Ils scandent des slogans hostiles aux élections, aux bandes, et disent qu’ils ne vont pas s’arrêter”, constate TSA qui signale qu’un “collectif prévoit un repas gratuit pour les manifestants”. La mobilisation est aussi au rendez-vous dans les autres villes du pays, à Mostaganem, Constantine, Oran, Bouira, Bejaia, M’sila… et à Bordj Bou Arreridj où “un iftar [le repas quotidien de rupture du jeûne] géant est prévu à la fin de la manifestation.”
Hoda Saliby
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