Après le vote des militants du PCF, va-t-on vers une candidature communiste « pur sucre » ?
Olivier Dartigolles. Les militants communistes ne se sont pas prononcés pour une candidature du PCF, ils ont confirmé la candidature de rassemblement de Marie-George Buffet. Cette consultation, après une période d’impasse, est un fait politique qui nous permet de nouveau d’aller de l’avant, d’entrer en campagne à partir de l’expression des collectifs locaux, du programme antilibéral, et avec les femmes et les hommes de toutes sensibilités qui sont disponibles.
Certains parlent d’un passage en force...
Olivier Dartigolles. Le double consensus n’a pas été réalisé pour la présidentielle, mais était-il réalisable ? Les organisations n’ont pu s’entendre sur aucun autre nom. La candidature de Marie-George Buffet est la candidature de rassemblement la plus construite, la plus avancée, la plus partagée par les collectifs locaux. Il y avait urgence à entrer en campagne. Le spectacle que donnait le rassemblement antilibéral commençait à nous faire perdre les acquis de la dernière période. Nous devons aujourd’hui faire grandir encore le rassemblement dans le monde du travail, dans les quartiers populaires. Au cours des initiatives publiques nous avons constaté que beaucoup ne se retrouvaient pas dans les candidats déclarés et dans la campagne qui est maintenant engagée. Il ne fallait surtout pas laisser les choses en l’état. Nous ne sommes pas parvenus à un accord finalisé tel que nous le souhaitions, mais le processus reste ouvert.
Et comment voyez-vous la suite ?
Olivier Dartigolles. L’entrée en campagne effective va nous permettre de faire vivre ce rassemblement sur les objectifs politiques que nous nous étions fixés. Cela demande de redoubler d’efforts pour montrer sa diversité dans le cadre des législatives. De nombreux collectifs mettent cette question à l’ordre du jour de leurs réunions de début d’année. Et beaucoup s’engagent aussi dans la présidentielle, car ils avaient pour la plupart conclu leurs discussions en disant qu’ils en seraient, quelle que soit la candidature retenue. Il faut que se lève un espoir dans le pays. La conception que porte Marie-George Buffet est celle d’une candidature à mettre en partage dans une campagne collective et unitaire.
Quel avenir pour le rassemblement ?
Pour les militants communistes, il est urgent que la gauche antilibérale fasse entendre ses propositions alternatives dans la campagne.
Quelles suites pour le rassemblement antilibéral ? Le désaccord sur la candidature à l’élection présidentielle sera-t-il surmonté ? Comment ? « Le passage en force du PCF et, à une autre échelle, le refus de la direction de la LCR de s’engager dans ce processus laissera des traces », déclare Christophe Aguiton, de la LCR, dans un entretien à Libération. À la question de savoir si certains n’ont pas « cherché une recomposition de la gauche de la gauche sur les ruines du PCF », il acquiesce et ajoute : « Mais elle ne s’est pas faite et c’était une illusion, car il faudra recomposer en tenant compte des expériences et des histoires collectives. » Mais, selon lui, « on peut prédire que ce mouvement perdurera et sera capable de changer la donne politique à gauche ».
« C’est un coup dur porté à la dynamique unitaire », a déclaré de son côté Clémentine Autain, sitôt connu le résultat du vote des militants communistes. Considérant que la candidature de Marie-George Buffet « n’a pas reçu le double consensus », l’élue de Paris, elle-même candidate à la candidature antilibérale, estime qu’il s’agit d’« une candidature du PCF » et que « la multiplicité des candidatures à gauche du PS ne permettra pas de susciter une dynamique unitaire ». Par ailleurs, deux membres du Conseil national du PCF, Pierre Zarka et Isabelle Lorand, qui souhaitaient le retrait de la candidature de Marie-George Buffet, jugent, dans un communiqué, que le résultat de la consultation des communistes est « une mauvaise nouvelle », et qu’il conduit le PCF « à sortir du processus unitaire ». Ils accusent sa direction d’avoir « créé les conditions depuis quelques semaines d’un véritable repli identitaire ».
C’est une tout autre vision des choses qui est développée dans un texte que les militants communistes distribuent en tract à partir d’aujourd’hui. Réaffirmant leur engagement dans la construction d’« un rassemblement à l’élection présidentielle et aux législatives pour transformer le paysage à gauche et constituer une majorité décidée à s’attaquer aux inégalités et aux souffrances », ils rappellent le vote de plus de 61 % des collectifs en faveur de la candidature de Marie-George Buffet, et ajoutent : « Depuis ce vote, ça bloque, les semaines passent sans que les organisations nationales n’arrivent à se mettre d’accord sur une candidature. » Selon eux, il est urgent pour la gauche populaire et antilibérale de se faire entendre dans la campagne électorale et ils en appellent pour cela à tous ceux, « socialistes, communistes, écologistes, électeurs et électrices de gauche et d’extrême gauche », qui se sont engagés dans la démarche unitaire.
J. S.