Le week-end des 9 et 10 décembre, consacré à la désignation du ou de la candidate issue des collectifs unitaires, s’annonçait agité. Il l’a été. On a atteint le paroxysme des tensions, inhérentes aux divergences sur la candidature Buffet, qui s’exprimaient de plus en plus vivement au sein des collectifs et du collectif national. À l’ouverture de cette réunion et en présence de 1300 délégués représentant 800 collectifs, Claude Debons a rappelé les deux premières étapes : adoption le 10 septembre du texte « Ambition et stratégie », puis adoption du programme le 15 octobre et, enfin, pour ce week-end, choix du candidat selon la méthode du double consensus.
Mais la synthèse des 569 PV des collectifs a montré qu’il y avait eu quatre méthodes de désignation : choix unique, classement complet ou partiel des candidats, comptage par points pour prendre en compte les deuxième et troisième choix et, enfin, choix qui permettait au votant de désigner un autre candidat si sa propre proposition n’était pas retenue. Dans tous les cas de figure, Marie-George Buffet arrivait largement en tête.
Le mode de débats retenu était une alternance d’interventions des collectifs, des différentes sensibilités politiques du collectif national et des candidats à la candidature. Jean-Luc Mélenchon a encouragé la poursuite du processus… tout cela sans dire comment PRS se positionnera par rapport à la présidentielle et sans même évoquer Royal… Clémentine Autain et Yves Salesse ont réaffirmé le sens de leur candidature : la première en disant notamment « qu’il ne faut pas gâcher l’unité », et que « ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise », le second, plus solennel, en parlant « du risque d’échec ».
Christian Picquet et Francine Bavay se sont fait huer quand ils ont explicité pourquoi la candidature Buffet ne pouvait être retenue, puis applaudir quelques minutes plus tard quand ils ont évoqué le chemin parcouru ensemble. Marie-George Buffet est intervenue de façon offensive, notamment sur le choix du candidat. Elle a affirmé qu’il ne fallait pas opposer le double consensus à l’expression démocratique des collectifs qui l’avait mise en tête (55%), propos repris en marge, dans une conférence de presse, où elle a argumenté en faveur de « l’expression démocratique confisquée des collectifs » par le « droit de veto des organisations politiques ».
Si plus de la moitié de la salle était issue des rangs du Parti communiste, la partie, pour autant n’a pas été facile à jouer pour celui-ci. Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, s’est fait huer quand il a, de façon plus brutale que d’autres, affirmé que Marie-George Buffet était majoritaire dans les collectifs. Braouezec, lui, s’est fait applaudir en revenant de façon critique sur son passé et celui de ses amis, pour dire que lui et… Buffet devaient se retirer. Ambiance ! Au sein du Parti communiste, mais aussi désappointement de nombreux délégués devant la tournure du débat.
Les interventions des représentants des collectifs se sont poursuivies sur deux thèmes, les Buffet ou les anti-Buffet, agrémentées de déclarations unitaires ou sur le devoir de réussir… Dimanche 10 décembre, le rapport de la commission de synthèse, réunie la veille soir, a fait état d’une situation de blocage entre la volonté de la direction du PCF d’imposer Buffet et le reste du collectif national. La tension est alors montée d’un cran, avec beaucoup d’interventions chahutées et interrompues.
Puis, la proposition d’un membre du Parti communiste engagé dans le mouvement social a été faite sous forme d’un appel émanant de la plupart des sensibilités politiques du collectif national (dont la minorité de la LCR) et de collectifs locaux. Patrice Cohen-Séat, dirigeant du PCF, a enregistré l’absence de consensus autour de la candidature Buffet, mais il a affirmé qu’il fallait continuer ensemble. Cela a été enregistré comme un recul et a abouti, en guise de conclusion des débats, à une courte motion renvoyant à de nouvelles discussions au sein du collectif national et des collectifs « dans des délais raisonnables » pour débloquer la situation.
Résultat final : pas de candidature, pas de nouvelle échéance. Certes, le PCF a fait le choix de différer et de ne pas passer en force devant les médias mais, dès le lundi, Marie-George Buffet a réaffirmé sur France Info ne pas accepter la non-prise en compte du vote démocratique des collectifs et s’en remet à une nouvelle consultation rapide des collectifs à la base.
Si la partie la plus politisée a eu l’impression de faire reculer la direction du PCF, l’essentiel des participants est sorti avec le sentiment d’échec. Un sentiment d’échec qui risque de grandir dans les semaines qui viennent car, n’ayant pu déboucher à Saint-Ouen, la direction du PCF tente de faire passer sa politique par la base…