Nous en sommes tous convaincus : plus encore qu’un changement de président, l’année 2007 peut être l’occasion d’une première victoire politique de ceux qui récusent le libéralisme et agissent pour la transformation de la société d’exploitation. Un possible succès dépend strictement de ce que nous pourrons proposer. Nous ?
Il faut entendre par ce nom collectif, l’ensemble des militants qui, depuis des années, ont eu soin d’aider au rassemblement et à l’action de tous ceux qui, ces derniers temps, ont pris part aux luttes et qui, déçus par les discours de la gauche socialiste républicaine et arriviste, cherchent à mettre sur pied un mouvement capable d’affronter la classe dominante.
Depuis plusieurs mois, ce mouvement est en progrès constant, notamment avec la constitution des collectifs locaux. Et tous, nous nous sommes réjouis de la participation du Parti communiste. Un grand pas a été accompli par celui-ci pour dépasser les clivages internes et externes à l’organisation.
Ainsi, le parti a-t-il su contribuer à l’action commune en respectant les convictions et les points de vue de la grande diversité de militants qui constituent ce rassemblement.
La présence d’une organisation communiste qui joue le jeu de la démocratie symbolise bien la force naissante du courant qui tend à rassembler la gauche renouvelée : ceux-là même qui s’engagent maintenant expriment la multiplicité du mouvement.
Mais il reste encore beaucoup à faire : une grande partie de la jeunesse, étudiante, ouvrière, celle des banlieues a déjà, et depuis longtemps, déserté les rangs des partis et reste éloignée de nos débats. Il nous faut les convaincre de la réalité d’un mouvement en gestation afin de préparer l’avenir d’une démocratie fondée sur la liberté et la responsabilité de chacun. La moindre erreur nous serait fatale. Face à la surdité de la LCR, et de notre point de vue, son erreur tactique, il serait particulièrement fâcheux de laisser croire à l’expression spontanée et démocratique de la candidature de Marie-George Buffet qui installe de fait la confusion entre la représentante d’un mouvement et la dirigeante d’un parti. L’absence de lucidité des responsables oblitère immanquablement le devenir des collectifs. La confusion des rôles entre la secrétaire nationale du PCF et le secrétariat des comités, vous le savez, risque d’apparaître comme une manœuvre digne des méthodes d’un système depuis longtemps dépassé par la plupart des militants d’un parti avec lequel nous avons choisi de travailler. Nous estimons, en effet, qu’en l’absence du Parti communiste, la formation d’une grande alternative de gauche démocratique à vocation internationale serait difficile, voire illusoire.
En clair, si la direction du Parti maintient une candidature unilatéralement partisane dont la représentativité plurielle est contestée, les espoirs de tous les sympathisants seront irréversiblement annihilés.
Plus grave, à notre sens, pour l’avenir immédiat du PCF, le maintien de Marie-George Buffet, qui conforte les positions sectaires de la LCR, risque de saborder le parti, en détruisant l’élan qu’il a contribué à susciter. Comment en effet, faire confiance, aux élections législatives, à une organisation jugée incapable de respecter ce qu’elle professe ?
Nous lui demandons de réfléchir très vite et d’abandonner l’idée de présenter Marie-George Buffet qui ne peut, en l’état, être la candidate d’un mouvement qui, précisément, cherche à dépasser les formations partisanes au-delà des rivalités de pouvoir à courte vue dont le mouvement ouvrier a déjà tant souffert. Si elle souhaite avec nous tous fonder un grand mouvement diversifié au sein duquel la pensée critique, en débat permanent, aide à organiser l’action des hommes et des femmes hostiles au monde destructeur, où l’individualisme rivalise avec toutes les formes de domination, il lui appartient de prendre ses responsabilités afin d’éviter la catastrophe prévisible.