Beit Hanoun à feu et à sang
Les massacres se poursuivent à Beit Hanoun (nord de la Bande) alors que les résidents lancent des appels au secours au Croissant-Rouge pour sauver les enfants, les malades et les femmes et transporter les blessés prisonniers de leurs maisons.
L’armée israélienne continue d’occuper et de boucler entièrement Beit Hanoun dans le cadre de cette opération baptisée « Nuages d’automne ». Le bilan tragique de cette opération s’élève pour l’instant à 22 morts et plus d’une centaine de blessés.
Une Palestinienne a été tuée jeudi par des tirs de blindés alors qu’elle manifestait avec un groupe de femmes près de la mosquée Al Nasser pour que l’armée laisse partir la centaine d’hommes qui s’y étaient réfugiés.
Ces hommes s’étaient cachés là après que l’armée ait ordonné à tous les hommes âgés de 15 à 50 ans de se rassembler dans la cour du collège agricole au nord de la ville. Un porte-parole de l’armée a confirmé le rassemblement de tous les hommes de 15 à 50 ans de Beit Hanoun afin de les interroger
L’armée a assiégé la mosquée et menacé de la faire exploser si les hommes ne se rendaient pas. Forces spéciales et bulldozers ont été dépêchés sur place et des tirs ont été échangés durant la nuit. Un bulldozer a détruit jeudi matin un mur de la mosquée. Le plafond s’est effondré, causant plusieurs blessés.
Selon des sources sécuritaires, 1500 Palestiniens ont été emmenés vers une destination inconnue depuis le début de l’offensive. Parmi ces personnes figurent le chef de la police de Beit Hanoun, Fawzi Hamad, ainsi qu’un haut responsable du Fatah, Yazid al-Houwaïhi.
Par ailleurs et dans le quartier de Choujaiyah, dans l’est de Gaza, quatre membres des Brigades Al-Qassam (Hamas) ont été tués dans un raid aérien contre le véhicule qui les transportait, selon une source médicale et des témoins. Cinq autres personnes ont été blessées dans l’explosion. Des témoins ont indiqué que les quatre hommes avaient arrêté leur véhicule près d’une mosquée pour aller prier quand ils ont été touchés par un missile.
L’armée d’occupation a indiqué que ces opérations avaient pour but de mettre fin aux tirs de roquettes Qassam.
Par ailleurs, une femme et un enfant de 4 ans, Bara Fayyad, sont décédés ce matin des suites de leurs blessures. Le ministère de la santé a affirmé que neuf personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées ont trouvé la mort lors de ces attaques, dénombrant également une trentaine de blessés.
« L’attaque sur Beit Hanoun est un génocide perpétré dans le silence international »
Les membres de la résistance qui s’étaient réfugiés dans la mosquée Al Nasser de Beit Hanoun ont réussi à s’évader. Un groupe de femmes ont manifesté près de la mosquée pour que l’armée laisse partir une centaine d’hommes qui s’y étaient réfugiés. Elles ont donné des vêtements aux hommes qui ont pu s’enfuir en se déguisant en femme. Durant la manifestation, deux femmes ont été abattues et 18 autres blessées.
La mosquée était assiégée et les bulldozers l’avaient partiellement détruite avant que les femmes n’interviennent sous des tirs ininterrompus pour aider les hommes. Raja’ Jabr Abou Odeh, 40 ans, est morte et Intisar Huaihi, 45 ans, a été déclarée cliniquement morte. Trois des 18 blessées se trouvent dans un état critique, selon les sources médicales.
Le président Abbas a demandé jeudi lors de son entretien avec David Welch à ce que « l’administration américaine mette fin à cette agression », a rapporté Saeb Erekat.
Abou Mazen a déclaré que ces « crimes constituent une violation flagrante des droits des Palestiniens ».
Pour Ismaïl Haniyeh, de même que les Israéliens « ont échoué à briser la volonté [des Palestiniens] » et « à faire plier le programme politique [du Hamas] » par un « embargo injuste », cette « opération militaire et terroriste est vouée à l’échec ».
Ghazi Hamad, porte-parole du gouvernement, a qualifié hier l’ « agression » militaire israélienne à Beit Hanoun de « sanglante », dénonçant un « génocide » perpétré par Israël dans la bande de Gaza « dans le silence des Etats arabes et de la communauté internationale ».