Le directeur général de Tepco, Masataka Shimizu, quitte son poste
TOKYO, CORRESPONDANCE - Tepco, la compagnie d’électricité de Tokyo propriétaire et opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, a annoncé, vendredi 20 mai, la démission de son directeur général Masataka Shimizu. Très contesté pour sa gestion erratique de la crise nucléaire, qui dure depuis le 11 mars, M. Shimizu devrait être remplacé fin juin, lors de l’assemblée générale des actionnaires, par Toshio Nishizawa, actuel directeur général de l’entreprise. Le président du groupe, Tsunehisa Katsumata, quittera lui aussi son poste, une fois la crise réglée.
M.Shimizu a pris en 2008 la tête de Tepco – une entreprise où il a passé toute sa carrière – doté d’une réputation de « chasseur de coûts » et de fervent défenseur de l’électricité d’origine nucléaire. Il voulait « faire de Tepco une entreprise puissante et fiable » et « rendre les installations nucléaires plus sûres ».
Sa gestion de l’accident consécutif au séisme et au tsunami du 11 mars 2011, les mensonges et contradictions de la communication sur la gravité réelle de la crise, ajoutés à sa quasi-disparition pendant près d’un mois – pour cause de surmenage, selon Tepco – ont fortement nui à son image.
NOUVELLES PERTES
Ses quelques déplacements dans les zones soumises à la contamination radioactive de la préfecture de Fukushima, assortis d’excuses formulées du bout des lèvres, n’ont pas permis de l’améliorer.
L’annonce du départ du directeur général s’ajoute à celle des pertes du groupe pour l’exercice fiscal 2010 clos fin mars 2011. A 1 247 milliards de yens (10,7 milliards d’euros), elles atteignent un niveau record depuis la création de Tepco en 1951. Ce montant comprend les coûts de reprise de contrôle de la centrale, du démantèlement des quatre réacteurs détruits et du redémarrage d’installations thermiques de production d’électricité.
Pour l’exercice 2011 qui a commencé le 1er avril, l’entreprise prévoit de nouvelles pertes, dues aux dédommagements des victimes de l’accident nucléaire, que le gouvernement devrait l’aider à régler. Tepco a par ailleurs renoncé à son projet de construire deux nouveaux réacteurs à Fukushima, sans préciser ce qu’elle ferait des deux non détruits et aujourd’hui à l’arrêt.
Philippe Mesmer
* Article paru dans le Monde, édition du 21.05.11. | 20.05.11 | 11h15 • Mis à jour le 20.05.11 | 11h16.
Tepco a perdu près de 11 milliards d’euros après la catastrophe de Fukushima
La compagnie d’électricité japonaise Tokyo Electric Power (Tepco) a fait état, vendredi 20 mai, d’une perte nette record de quelque 11 milliards d’euros pour l’année budgétaire bouclée en mars. A la Bourse de Tokyo, l’action du groupe s’est effondrée de 83 % depuis le 11 mars, jour du séisme japonais et de l’accident nucléaire de Fukushima. Des chiffres catastrophiques qui poussent Tepco à remplacer son patron actuel, vivement critiqué dans sa gestion de la crise.
Au terme de l’exercice d’avril 2010 à mars 2011, la compagnie Tepco a affiché un déficit net de 1 247,35 milliards de yens (10,9 milliards d’euros), soit bien plus que les 9 milliards d’euros prévus par la presse japonaise. Une perte qui constitue le pire déficit enregistré par un groupe non financier nippon. Avant le 11 mars, Tepco tablait pourtant sur un bénéfice net d’un milliard d’euros.
Le PDG actuel de la compagnie, Masataka Shimizu, sera remplacé par le directeur général de Tepco Toshio Nishizawa. Cette décision devrait être confirmée lors de l’assemblée générale des actionnaires prévue fin juin. Mr Shimizu avait été très critiqué au Japon et dans le reste du monde pour son manque de transparence, notamment au début de la catastrophe.
La compagnie a été forcée de prendre en compte des dépréciations d’actifs massives résultant de l’arrêt brutal et définitif d’au moins quatre des six réacteurs de la centrale de Fukushima, mise à mal par le terrible séisme et le tsunami géant du 11 mars. Il a également décidé de suspendre la construction des réacteurs n°7 et n°8.
AVENIR INCERTAIN
Incapable de faire des prévisions financières pour les mois à venir, Tepco ouvre un chapitre de son histoire très incertain. Début mai, la compagnie a déja réclamé l’aide de l’État japonais, évaluant ses besoins immédiats à 8,7 milliards d’euros. En réaction, le gouvernement japonais a annoncé un plan de soutien de Tepco qui met l’entreprise sous contrôle public pour garantir l’indemnisation des victimes. Tepco doit en effet venir en aide financièrement aux 85 000 victimes de l’accident nucléaire. Une facture qui pourrait se chiffrer entre 25 et 43 milliards d’euros, selon la presse nippone.
Le plan de financement de Tokyo prévoit également un régime drastique pour Tepco, qui devra notamment céder des actifs financiers et des propriétés afin de concentrer ses ressources sur la production et la distribution d’électricité. En outre, les huit plus hauts dirigeants de l’entreprise vont également renoncer à toute rémunération et le personnel, des cadres aux simples employés, vont subir des réductions de salaire conséquente.
* LEMONDE.FR avec AFP | 20.05.11 | 09h31 • Mis à jour le 20.05.11 | 11h54