Martine Aubry vient de rendre public le contenu du programme du PS. Même avec un microscope, difficile d’y trouver des mesures de gauche. L’annonce du blocage des loyers, du plafonnement des salaires des PDG – mais uniquement ceux des entreprises publiques –, de nouveaux dispositifs d’emplois jeunes, voilà pour le vernis social. Pas de trace de l’abrogation de la loi sur les retraites qui a pourtant mobilisé à l’automne dernier des millions de manifestant.e.s.
Pour le reste, c’est la rigueur, les cadeaux au grand patronat, la vague promesse de sortir du « tout nucléaire » mais pas du nucléaire tout court.
Pour faire « crédible », rassurer la classe dirigeante et assurer la compatibilité avec les préceptes libéraux de l’UE, Michel Sapin a chiffré ce programme à 5 milliards d’euros par an, soit 25 milliards sur la législature. Une goutte d’eau au regard des richesses produites par la 5e puissance de la planète et accaparées par une minorité de profiteurs de tout poil qui peuvent continuer à dormir sur leurs deux oreilles.
Ce programme est sans nul doute le plus à droite annoncé par les socialistes à l’entame d’une présidentielle. Pas rassurant quand on sait qu’une fois au pouvoir, la politique effective est pire encore.
Le PS ne fait plus rêver depuis longtemps. Comme l’avoue Montebourg, « les classes populaires le considèrent comme le cogérant d’un système qui s’écroule ».
Au pouvoir, en Grèce ou en Espagne, les partis socio-libéraux mènent des politiques comparables à celles des partis de droite et font payer la crise à la majorité de la population.
À gauche, la question se pose de nouveau. Oui ou non, le programme du PS est-il compatible avec celui d’une gauche digne de ce nom ? Oui ou non, peut-on gouverner avec les socialistes ? À cette question clé, la réponse du NPA est claire. C’est non.
Pas de faux-semblants, il faut partir de là pour œuvrer au rassemblement le plus large, dans les semaines et mois qui viennent. Un rassemblement sur la base d’un programme de rupture avec le système capitaliste et le productivisme, un programme 100 % à gauche !
Fred Borras
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 97 (07/04/11).
PROGRAMME DU PS : 0% À GAUCHE.
COMMUNIQUÉ DU NPA
Même avec un microscope, difficile de trouver des mesures de gauche dans le programme du PS que Martine Aubry vient de rendre public.
L’annonce du blocage des loyers, du plafonnement du salaire des PDG – mais uniquement dans le public – c’est pour le vernis social.
Quant aux emplois-jeunes, ce ne sont que des emplois précaires qui ne débouchent pas sur une embauche en CDI.
En matière de créations d’emplois d’ailleurs, la priorité est clairement donnée à la police nationale alors que l’éducation nationale devra se contenter de redéploiement d’emplois.
Mais aucune trace de l’abrogation de la loi sur les retraites qui a mobilisé des millions de grévistes et de manifestants à l’automne dernier. Au contraire, Martine Aubry a réaffirmé l’engagement du PS en faveur de l’allongement de la durée de cotisations.
Rien non plus sur une autre répartition des richesses, l’augmentation générale des salaires alors que les profits des grosses entreprises ne cessent d’augmenter, ni sur la diminution du temps de travail pour éliminer le chômage, ni sur la régularisation de tous les sans-papiers.
Pour tout le reste, c’est la rigueur et les cadeaux au patronat, avec la baisse de l’impôt sur les sociétés, et de vagues promesses sur la sortie du « tout nucléaire » mais pas du nucléaire.
Ce programme est sans doute le plus à droite dans la perspective d’une campagne présidentielle. Il est totalement compatible avec le fonctionnement d’une société capitaliste.
La nécessité d’un rassemblement anticapitaliste, indépendant du PS et de son programme, n’en est que plus grande.
Pour sortir de la crise, et que ce ne soit pas les salariés qui en payent le prix, il faut un rassemblement anticapitaliste sur la base d’un programme de rupture avec le système capitaliste et productiviste.
Le 6 avril 2011