Les Assises des écologistes à Lyon, le 13 novembre, « n’étaient qu’un écran de fumée »... Daniel Cohn-Bendit, dans un entretien à 20minutes.fr, a rejoint au moins sur ce point le constat terrible dressé par Jean-Paul Besset. Cet eurodéputé, pressenti pour codiriger le mouvement né de la fusion d’Europe Ecologie et des Verts, a publié lundi 6 décembre une lettre de démission assassine.
« Aujourd’hui, c’est quitte ou double ! La lettre de Jean-Paul va nous obliger à nous responsabiliser. Ça peut être salvateur pour notre mouvement. Mais si on ne prend pas conscience du truc, cela peut poser problème. Je pense que les mots utilisés par Jean-Paul reflètent la réalité au sein du mouvement. Et on ne peut pas être désespéré face à la réalité », a juge Daniel Cohn-Bendit.
« ÇA FAIT MAL »
Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, a en comparaison paru relativiser davantage la lettre de Jean-Paul Besset. « Ça fait mal », a-t-elle reconnu mardi matin sur RMC. « Je pense que Jean-Paul espérait qu’après Lyon il y aurait des hommes et des femmes nouveaux qui seraient totalement différents (...). Ce n’est pas le cas, ce n’est jamais le cas... », a-t-elle rappelé. Face aux enjeux de la crise climatique « on doit être capable de mettre de côté nos petites différences » et de « tous nous hisser un peu plus haut », a ajouté Cécile Duflot.
« Moi aussi, ça m’arrive d’avoir des coups de mou », a expliqué la leader du parti des Verts, affirmant que Jean-Paul Besset renonçait à codiriger le mouvement mais ne quittait pas toute fonction. « Coup de mou ? C’est bien trop faible. C’est plus un avertissement que nous donne Jean-Paul… », a répondu Daniel Cohn-Bendit.
Jean-Paul Besset a dépeint un tableau des relations entre écologistes loin des clichés officiels : « D’un côté, le parti où nombre de Verts verrouillent une reproduction à l’identique, avec les mêmes têtes, les mêmes statuts, les mêmes pratiques, les mêmes courants, la même communication pseudo radicale, la même orientation servile vis-à-vis de la gauche » et, « de l’autre côté, la coopérative que certains veulent instrumentaliser en machine de guerre contre le parti ».
Comment aller de l’avant désormais ? Daniel Cohen-Bendit, réputé incarner la tendance la plus éloignée du noyau traditionnel des Verts, tient un discours qui se veut rassurant : « Je trouve qu’on avance quand même. Mes discussions avec Cécile [Duflot] et Jean-Vincent [Placé] sont beaucoup plus simples depuis… » Dans sa lettre, Jean-Paul Besset vise pourtant le projet de « coopérative » de « Dany » et ce dernier reconnaît sur Le Post.fr qu’il a réuni dimanche à Paris une soixantaine de personnalités, y compris du centre, voire de la droite. Le genre d’initiative périphérique au parti qui peut énerver les Verts.
Autre élément : certains écologistes soulignent que Jean-Paul Besset est proche de Nicolas Hulot, dont la candidature potentielle à la présidentielle crée un débat au sein du mouvement.
Eva Joly, qui a souhaité récemment être investie candidate écologiste pour 2012 plus tôt que prévu, n’a pas réagi.
* LEMONDE.FR avec AFP | 07.12.10 | 15h37 • Mis à jour le 07.12.10 | 17h06
Démission à Europe Ecologie : « Un climat de guerre froide »
« La fusion-dépassement n’a pas eu lieu. » Le constat est amer et sans appel, dans la lettre de démission de l’eurodéputé Jean-Paul Besset. La défection fait mal, car ce proche de Nicolas Hulot était pressenti pour codiriger, avec Cécile Duflot, le nouveau parti né du rapprochement d’Europe Ecologie et des Verts. Las, dans une lettre assassine, dont Marianne2.fr publie une copie, l’écologiste dénonce un « climat délétère de guerre froide » entre les partisans issus des deux structures, à l’opposé des discours officiels célébrant un mariage harmonieux, notamment lors des dernières assises de Lyon, le 13 novembre dernier.
« D’un côté, le parti où nombre de Verts verrouillent une reproduction à l’identique, avec les mêmes têtes, les mêmes statuts, les mêmes pratiques, les mêmes courants, la même communication pseudoradicale, la même orientation servile vis-à-vis de la gauche » et, « de l’autre côté, la Coopérative que certains veulent instrumentaliser en machine de guerre contre le parti ». Voilà la terrible description que fait Jean-Paul Besset de l’appareil réuni autour de Cécile Duflot, mais aussi, semble-t-il, des alliés de Daniel Cohn-Bendit.
« ILLUSION FÉDÉRATRICE »
L’eurodéputé était pourtant pressenti pour diriger le « parlement » du mouvement, une structure pensée pour faire le pendant à l’exécutif, promis à Cécile Duflot. Ma « présence » ne faisait qu’entretenir une « illusion fédératrice (…) dans la direction du mouvement, entre marteau et enclume », lâche Jean-Paul Besset, qui dénonce dans des mots plein de désillusion, « les règlements de compte, les délices du déchirement, les obsessions purificatrices et les procès en sorcellerie ».
Quel effet cette défection peut-elle avoir sur le mouvement ? On attend la réaction de Cécile Duflot et de ses proches, visés par le courrier. Celle de Daniel Cohn-Bendit, également, dont la petite phrase en faveur de Dominique Strauss-Kahn — et contre Ségolène Royal — a été reprise ce week-end dans les médias. Autre réaction attendue : celle d’Eva Joly, qui pourrait être la candidate écologiste à la présidentielle. L’ancienne magistrate, issue de la société civile dont Europe Ecologie avait fait une de ses marques de fabrique, s’est affichée très proche de Cécile Duflot ces dernières semaines.
Le Monde.fr
* LEMONDE.FR | 07.12.10 | 10h59 • Mis à jour le 07.12.10 | 15h45