C’est Cécile Duflot qui le dit : « Dès ce jour, il n’y aura plus ni Verts ni non-Verts, nous sommes tous, à égalité, des militants et des militantes du nouveau mouvement d’Europe Écologie ». Sans doute est-il un peu tôt pour savoir si les assises constitutives réunies samedi dernier à Lyon marquent une simple métamorphose des Verts ou la naissance d’un parti politique écologiste réellement nouveau ?
À coup sûr, il s’agit d’une étape marquante dans un processus de regroupement de différentes sensibilités de l’écologie politique réformiste. Processus entamé en 2009 et qui, jusqu’à présent, était essentiellement un processus électoral aux allures de success story… au moins provisoire.
En effet, lors des élections européennes de juin 2009, les listes écologistes incluant de nombreuses personnalités associatives n’appartenant pas aux Verts avaient atteint plus de 16 % des voix, talonnant le PS. Mais, surtout, cet essai a été transformé lors des élections régionales de mars 2010, où les listes communes Europe Écologie/Verts ont recueilli en moyenne 12 % des suffrages. Autant de réussites électorales qui auront eu raison assez facilement des réticences de départ de certains responsables politiques Verts qui craignaient de troquer l’existence de leur parti pour le projet aléatoire d’une nouvelle formation dont, en plus, ils n’auraient été que l’une des composantes. Ces craintes étaient avivées par le fait que Daniel Cohn-Bendit, l’un des promoteurs initiaux du projet, ne faisait pas mystère de sa volonté de profiter de l’opération pour liquider les Verts, coupables à ses yeux d’être beaucoup trop à gauche ! Un procès qui a d’ailleurs rebondi pendant la mobilisation contre les retraites : alors que les Verts – comme, d’ailleurs les porte-parole d’Europe Écologie, à commencer par Eva Joly – s’étaient prononcés pour le maintien de la retraite à 60 ans, Cohn-Bendit ironisait : « On ne va pas me dire que le marqueur gauche-droite, c’est 60-62 ans. C’est complètement débile ».
Finalement, le vote des adhérents Verts a très largement ratifié la proposition de nouveau parti : 85 % pour, 10 % contre et 5 % d’abstentions.
Pour autant, les limites et les contradictions essentielles qui étaient celles des Verts seront tout autant celles de la formation unifiée, aussi bien sur le terrain du projet de société que sur celui de la stratégie. Ce courant politique juxtapose un diagnostic lucide sur l’accumulation des catastrophes écologiques et la responsabilité du capitalisme et du productivisme avec des propositions totalement corsetées par l’incapacité à penser un autre système socio-économique. Et, donc, des propositions étriquées, sans commune mesure avec les défis posés. Quant à la stratégie politique, elle affirme tout à la fois une revendication d’autonomie vis-à-vis du PS et la nécessité de « contrats de partenariat » avec la gauche social-libérale pour participer à l’exercice du pouvoir. Quitte à rallier des gouvernements sociaux-démocrates à la politique aussi peu sociale qu’écologiste…
François Coustal