Bruxelles, 18 Juillet 2008 - Aujourd’hui les organisations de la société
civile et les mouvements sociaux européens membres du réseau Seattle to
Brussels expriment leurs inquiétudes profondes face aux positions de l’Union
européenne dans cette phase préparatoire de la Mini-ministérielle de l’OMC
prévue à Genève la semaine prochaine.
Des ministres de douzaines de pays, dont les USA, l’Union européenne, le
Brésil, l’Inde, l’Indonésie, les Philippines, l’Afrique du Sud, le Kenya et
l’Egypte, se rencontreront à Genève à partir du 21 juillet pour tenter de
conclure le Cycle de Doha. Après des années de négociations, de
ministérielles échouées, de nouveaux départs, c’est leur « dernière chance »
avant que le Président Bush ne quitte ses fonctions.
Les ministres veulent achever ce cycle défaillant quitte à écarter du débat
des priorités cruciales à l’échelle globale, telles que la crise
alimentaire, le réchauffement climatique, la pauvreté ou encore la dette.
S’il est conclu, ce cycle de négociations faussement dénommé "Cycle du
développement" profitera aux multinationales et aura des conséquences
profondément négatives sur les travailleurs, les paysans, les femmes, les
consommateurs et l’environnement.
– Les pertes d’emplois et la désindustrialisation s’accéleront et le
développement sera davantage entravé à long terme. Les pays riches demandent
que les pays en développement leur offrent un nouvel accès à leur marché, ce
qui signifie pour ces derniers d’importantes coupures tarifaires sur les
biens transformés et les ressources naturelles.
– Les conditions de vie des paysans, la sécurité alimentaire et le
développement rural seront soumis à une pression encore plus forte. Les USA
et l’Europe continuent de subventionner leur agro-business exportateur, et
dans le même temps combattent des protections absolument fondamentales pour
des millions de paysans dans les pays en développement. C’est inacceptable
dans un contexte de crise alimentaire globale.
– La privatisation et la dérégulation des services seront exacerbées,
notamment dans des secteurs clés comme la finance et l’énergie, réduisant
ainsi l’accès à ces services autant que leur contrôle démocratique.
L’instabilité récente des marchés mondiaux démontre au contraire le besoin
d’interventions publiques et d’une surveillance des marchés financiers et
non-financiers.
– Les efforts internationaux effectués pour endiguer le changement
climatique seront ruinés par un renforcement des règles de l’OMC, qui
promeut l’expansion du commerce mondial comme une fin en soi, sans
considération pour les impacts sur le climat, la biodiversité et les
ressources naturelles.
Les pays les plus pauvres seront les plus grands perdants. Les projections
économiques d’un accord potentiel sur le Cycle de Doha, effectuées par
plusieurs think tanks et même par la Banque mondiale, montrent que les coûts
des suppressions d’emploi, des pertes de marge de manœuvre politique et la
chute des revenus douaniers depasseront de loin les supposés « bénéfices » de
ce « Cycle du développement ».
Pour toutes ces raisons, les ONG, mouvements et organisations membres du
réseau Seattle to Brussels[1] sont profondément inquiètes à l’approche de la
mini-ministérielle à venir.
L’Union européenne, par la voix de son Commissaire au commerce Peter
Mandelson, poursuit ses demandes injustes et insoutenables aux pays
émergents et aux pays en développement.
D’autre part, par delà toutes les paroles sur l’Europe « qui protège »
propagées par l’actuel Président du Conseil de l’UE N. Sarkozy, l’UE
continue de promouvoir un système agricole insoutenable, qui sert
principalement les intérêts de l’industrie européenne agro-alimentaire, sans
considération pour les conditions de vie et la souveraineté alimentaire des
petits paysans d’Europe ou du Sud.
Du point de vue de la Commission européenne, les quelques concessions
acceptées par l’Union européenne dans les négociations agricoles devraient
être compensées, du côté des pays émergents, par des coupures tarifaires
dans le secteur des services et des biens industriels. Mais ces propositions
ne créeront ni emplois décents ni développement durable en Europe ou au Sud
; en Europe comme dans les pays en développement, ils affecteront au
contraire les populations les plus fragiles.
Approfondir la dérégulation de la production alimentaire et du commerce ne
constitue pas une réponse à l’actuelle crise alimentaire, énergétique et
environnementale ; au contraire, cela aggravera les inégalités à la fois au
niveau global et à l’échelle locale.
La conclusion du Cycle de Doha renforcerait et légitimerait des approches et
des politiques qui ont pourtant montré leur inefficacité et leur capacité de
nuisance pour les paysans, les travailleurs, les consommateurs et
l’environnement aussi bien en Europe que dans les pays du Sud.
Dans la perspective de ce CAGRE extraordinaire prévu le 18 Juillet et tout
au long de la semaine prochaine à Genève, nous pressons la Commission
européenne et les Etats membres de l’UE d’admettre les échecs du vieux credo
du libre-échange et de la compétitivité, et d’initier de nouvelles
politiques commerciales qui soutiendront la souveraineté alimentaire, des
sociétés durables, un partage juste des richesses et l’accès universel aux
biens communs.
Contacts Presse :
Marc MAES (Bruxelles)
Trade Policy Officer, 11.11.11
Belgian mobile : +32.497.600442
Email : marc.maes(at)11.be
Interviews possibles : EN, NL, FR
Amélie CANONNE (Paris)
Network Officer, Seattle to Brussels Network
French mobile : +33.624400706
Email : amelie.aitec(at)reseau-ipam.org
Interviews possibles : EN, FR
Charly POPPE (Bruxelles)
Trade and Economic Justice Campaign Coordinator, Friends of the Earth Europe
(FoEE)
Belgian mobile : +32.485.534193
Email : charly.poppe(at)foeeurope.org - www.foeeurope.org
Interviews possibles : EN, FR
NOTES :
[1] Le Réseau Seattle to Brussels (S2B) (http://www.s2bnetwork.org) est un
réseau pan-européen regroupant plus de 70 organisations de 16 pays de l’UE,
qui font campagne pour la promotion de règles commerciales durables et
socialement et démocratiquement responsables. Le Réseau S2B est membre de la
coalition mondiale « Our World is not for sale »
(http://www.ourworldisnotforsale.org).