• Modes d’action et d’organisation. Il s’agit de faire du neuf, sans jeter l’ancien. Pour construire un parti, nous avons besoin d’un certain nombre d’outils, parmi lesquels figurent des choses aussi simples que la participation à des manifestations, l’organisation de meetings et la publication d’un journal. Il ne s’agit pas de fétichiser ces aspects, mais d’en comprendre l’importance, pour transmettre nos idées au-delà de nos rangs. Il y a eu, à ce propos, des discussions au sein de Respect Renewal (RR), certains disant que les manifestations antiguerre ont constitué une perte de temps, d’autres insistant sur le fait qu’il faut rompre avec les « formes traditionnelles d’organisation ». Il faut bien entendu se saisir des nouveaux modes d’action et d’organisation, notamment d’Internet ou du multimédia. Mais cela ne signifie pas mettre au clou tous les autres modes d’organisation juste parce qu’ils sont anciens, surtout que les propositions concrètes en termes d’innovation ne sont pas légion.
• Les élections. Il semble y avoir un accord général pour dire que le champ électoral est extrêmement important, et qu’il ne doit pas être laissé à nos opposants. Il s’agit d’un enjeu crucial pour créer un lien avec celles et ceux qui cherchent un moyen d’aller de l’avant. Mais ce serait une erreur de réduire RR à une organisation électorale, ou même à une organisation qui s’occupe principalement des élections. Notre objectif doit être de construire une organisation qui, d’une part, mène des campagnes électorales et, d’autre part, répond aux besoins directs de la classe ouvrière et des opprimés, qui prend au sérieux la question syndicale, qui est au cœur du mouvement antiguerre, qui participe aux campagnes pour la défense des droits fondamentaux, contre les discriminations, en défense de l’environnement, des immigrés, du système de santé et des services publics. Les élus doivent être intégrés dans cette perspective.
• Il faut un parti. Pour cela, il faut un parti politique qui se construise comme une organisation nationale et se prépare politiquement à lutter sur tous ces fronts. À la question posée dans RR, il faut répondre que l’espace à la gauche de la gauche doit être rempli, non par une coalition temporaire, mais par un parti politique permanent, de lutte de classe, s’appuyant sur un programme politique complet et une structure organisée.
• Un programme minimal ? Il est arrivé que des membres de RR affirment qu’il suffirait d’être antiguerre, antiraciste et contre les privatisations. Mais on ne peut pas construire un parti qui se présente comme une alternative politique sur un programme minimaliste que d’autres pourraient facilement endosser. Il n’aurait aucune crédibilité. Il ne faudrait pas non plus supposer que les classes populaires, quelle que soit leur origine, ne seraient en mesure d’intégrer qu’un projet politique restreint.
• Lutte de classe. Il existe un certain pessimisme sur la situation politique, qui conduit à relativiser l’importance de l’intervention vis-à-vis du reste de la gauche de la gauche et des syndicats, et à y substituer le travail dans les quartiers et les luttes locales. Ce travail est essentiel, mais il faut combiner des champs d’intervention complémentaires. Les luttes locales font partie de la lutte globale de la classe ouvrière, tout autant que la lutte sur le lieu de travail, et un grand nombre des luttes qui sont devant nous porteront sur les questions d’environnement. Mais il ne faut pas en déduire que le mouvement ouvrier organisé n’aurait plus un rôle clé à jouer dans la transformation sociale, alors même que la classe ouvrière industrielle n’a jamais été aussi importante à l’échelle mondiale. Les syndicats sont affaiblis (et c’est particulièrement le cas en Grande-Bretagne), mais tout projet de reconstruction d’une représentation politique de la classe ouvrière ne peut esquiver la question de leur régénérescence comme l’un de ses objectifs essentiels.