Soixante-dix blessés légers ! C’était le bilan de l’accident survenu en gare de l’Est, le 5 avril 2007, mais celui-ci aurait pu être bien plus lourd. En effet, le train de banlieue est venu percuter le butoir en arrivant à quai à une vitesse de 8 kilomètres/heure. Les voyageurs ont alors été projetés violemment vers l’avant. Le jour même, la direction de la SNCF, largement relayée par les médias, après avoir parlé d’un « incident d’un train ayant heurté un peu brutalement un butoir », concluait immanquablement à une « erreur humaine ». L’agent de conduite, depuis, par mesure disciplinaire, n’a plus le droit de conduire de train.
Pourtant, une étude interne, datée du 13 avril 2007, révèle que l’accident serait dû à un problème de freinage et non à une « erreur humaine », comme la direction continue de l’affirmer. Le manipulateur de frein qui équipe, entre autres, ces rames de banlieue, ne serait pas adapté à l’utilisation que l’on en fait, pouvant entraîner une « inefficacité » du frein.
Dans sa logique de course aux profits, la direction de la SNCF craint que ce dossier ne ressorte et qu’il fasse tache d’huile, à la veille de la libéralisation du trafic voyageur. L’encadrement explique aux agents qu’il n’y a pas de problème avec ce frein, mais seulement avec une partie de celui-ci. La direction de la SNCF a mis en place quelques mesures, alors que l’on aurait besoin d’un investissement massif. Les agents se sentent culpabilisés parce qu’on leur dit qu’ils « travaillent mal ». Ce discours a immédiatement créé un malaise chez les cheminots, qui s’aperçoivent bien des contradictions dans les explications techniques de la hiérarchie. En clair, en l’absence de mesures conséquentes, la SNCF risque un nouvel accident ferroviaire.
Alors que Sarkozy nous parle quotidiennement du service minimum dans les transports, prétendant défendre la continuité du service public, la sécurité pour les usagers qui vont au boulot est, elle, bel et bien à son minimum.
À l’heure où il n’y en a que pour le TGV Est, vitrine du jour de la SNCF, le trafic banlieue ne représente pour la direction de la SNCF, qu’un marché de seconde classe, transportant des travailleurs se rendant au boulot. Pour nous, il n’y a pas de patriotisme d’entreprise, nous défendons un service public qui doit assurer le plus haut niveau de sécurité pour tous, car nos vies valent plus que leurs profits.