Le 17 mai prochain, aura lieu la troisième édition de la Journée internationale contre l’homophobie. Elle est la bienvenue ! Car, malgré les avancées vers l’égalité que connaissent les pays les plus « riches », l’homophobie se porte toujours bien dans le monde. L’homosexualité est encore illégale dans 70 pays et passible de la peine de mort dans douze d’entre eux. En 2005, l’État saoudien a exécuté trois hommes pour homosexualité. En France aussi, l’actualité récente a prouvé que l’homophobie reste virulente, verbalement et physiquement.
Il s’agit là de l’expression extrême d’une oppression souvent sournoise qu’impose le système capitaliste patriarcal. Confrontés à la pression des normes sexuelles au sein de leurs familles et à l’école, à une image péjorative d’eux-mêmes et à l’insulte, les jeunes LGBT1 vivent encore souvent comme un drame la découverte de leur orientation sexuelle. Mais l’insulte réside aussi dans les discours qui continuent de justifier l’inégalité des droits - pour le mariage ou l’adoption - et infériorisent les personnes LGBT.
Les mobilisations ont joué un rôle essentiel, dans la décennie écoulée, pour la visibilité, afin d’avancer vers l’égalité des droits et condamner l’homophobie. Encore faut-il que ces droits soient appliqués, face aux mille et une réticences des institutions - police, justice, médecine, psychiatrie, etc. - à prendre en compte, par exemple, les faits homophobes, lesbophobes et transphobes. Pour de nombreuses personnes LGBT, la visibilité si précieuse le jour des Marches de la fierté ne suffit pas à compenser l’invisibilité de leur vie affective le reste de l’année
De surcroît, nos acquis sont loin d’être définitifs. L’offensive libérale que nous subissons sur le plan économique entretient une offensive de l’ordre morale. La politique de Bush fait des émules. Ainsi, la thérapie de choc libérale de la droite polonaise s’accompagne d’une violente charge homophobe au sein même de l’Europe. Le ministre de l’Éducation polonais veut interdire aux personnes LGBT de travailler dans les écoles !
Mais la droite française n’est pas en reste. Le député Christian Vanneste, qui avait osé affirmer, en 2005, que « L’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité », a certes été condamné cette année par la justice, mais les propos de campagne de Nicolas Sarkozy prétendant que l’homosexualité est innée ont de quoi nous inquiéter.
À défaut de pouvoir le rééduquer, éduquons-nous nous-mêmes pour pouvoir le combattre, lui et son ordre moral. Le thème de cette Journée internationale est donc particulièrement bien choisi cette année : « Non à l’homophobie, oui à l’éducation. »
Note
1. Lesbiens, gays, bi et trans.