Dimanche 29 avril, se tenait l’élection présidentielle au Mali. Celle-ci devrait consacrer sans surprise la réélection d’Amadou Toumani Touré (ATT), peut-être même dès le premier tour. C’est en tout cas ce qu’annonçait le camp présidentiel, le lendemain du scrutin, pronostiquant 60 % de suffrages pour le président sortant.
Le général Toumani Touré, qui avait renversé le dictateur Moussa Traoré, en 1991, avant de redonner le pouvoir aux civils, s’est ensuite fait élire en 2002. Il a réussi, grâce aux avantages offerts ou à diverses pressions, à constituer un gouvernement « de consensus », empêchant la plupart des partis d’opposition de se poser aujourd’hui en alternative à la politique libérale exigée par la Banque mondiale et la France (privatisation de la filière coton, pillage de l’or par les multinationales étrangères, dont Bouygues). Ce qui explique une faible participation de la population au scrutin, tout paraissant joué d’avance. Le principal challenger, le président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Kéita, a dénoncé de « grosses irrégularités ». Nos amis du Sadi et leur candidat, Oumar Mariko, qui bénéficient d’un réel soutien populaire du fait de leur implication dans les luttes paysannes et ouvrières, ont également émis de nombreuses critiques sur la validité du fichier électoral. Ils ont également dénoncé les manœuvres d’intimidation exercées par les militaires sur la population ainsi que sur leurs militants. Quoi qu’en disent les pays occidentaux, qui font du Mali et du Sénégal des modèles de démocratie en Afrique, les tentations autoritaires restent bien présentes.