• Le Wasg et le PDS ont obtenu un énorme succès lors des élections. Peux-tu nous en expliquer les raisons ?
Bernd Riexienger - Le Wasg a été créé par des syndicalistes de gauche, d’anciens sociaux-démocrates et des représentants des mouvements sociaux, en réaction à la politique neolibérale du gouvernement SPD-Verts. Le point de départ a été le fait que la plus importante attaque contre l’État-providence, les salaires et le système de sécurité sociale, venait paradoxalement d’un chancelier social-démocrate. De facto, il y a eu depuis des années une coalition néolibérale, constituée par l’ensemble des partis représentés au Parlement. Ce « parti unique néolibéral » a conduit une politique exclusivement en faveur des patrons et des riches. Une crise substantielle s’est développée au sein des syndicats, notamment parce que les directions ont suivi Schröder aveuglément. Ceux qui ont été à l’initiative du Wasg savaient qu’un nouveau parti en Allemagne de l’Ouest devrait avoir comme objectif de changer les bases économiques et politiques du système et être une véritable alternative aux partis néolibéraux. Le PDS, à lui seul, ne pouvait être cette alternative, du fait de son passé de parti étatique et d’une implantation limitée à l’ancien territoire de la RDA. Lors de ces élections, le succès fut principalement le fruit du vote des travailleurs et des chômeurs. Dans leur majorité, ils ont voté pour nous parce qu’ils ne se sentent plus représentés par les autres partis.
• Wasg et PDS ont décidé de créer un nouveau parti d’ici deux ans. Quelle sorte de parti voulez-vous construire ?
B. Riexienger - Nous voulons un parti de gauche pour toute l’Allemagne. Ce parti ne doit pas être simplement le produit de la fusion du Wasg et du PDS. Il doit inclure d’autres groupes de gauche et regrouper des forces telles que les altermondialistes, les syndicalistes radicaux, les féministes et les écologistes. Nous devons proposer à l’ensemble de ces forces de discuter ensemble des bases et des perspectives du nouveau parti de gauche. C’est dans un tel processus de discussion que nous pouvons trouver les bases communes concernant l’analyse du capitalisme et les tâches du parti. Nous ne devons pas nous limiter au travail parlementaire. Le parti doit être moteur et porte-parole des mobilisations extraparlementaires, tout en soutenant activement les luttes syndicales pour l’augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail. Devenir un véritable parti dans la société, qui regroupe l’ensemble des forces qui veulent construire une alternative politique au libéralisme, sera décisif.
• Le SPD refuse toute discussion et toute collaboration avec le Parti de gauche. Quelle attitude faut-il avoir par rapport au SPD ?
B. Riexienger - Le Parti de gauche ne formera pas de gouvernement avec le SPD et il ne soutiendra pas de gouvernement SPD de l’extérieur. Schröder a déclaré qu’il cherchait le soutien des électeurs pour son programme libéral, l’Agenda 2010. Le Parti de gauche refuse cette politique en bloc. Sans une réorientation fondamentale du SPD, il ne peut y avoir un travail en commun. Nous voulons une taxation des riches et des patrons, un salaire minimum de 1 400 euros et un programme d’investissement pour les services publics. Avec le SPD de Schröder, un accord là-dessus est impossible. Ne pas s’opposer au SPD nous détruira. De toute manière, il semble bien qu’il y aura une grande coalition SPD-CDU qui continuera la politique du gouvernement Schröder. Si le Parti de gauche reste ferme, cela conduira inévitablement à de nouvelles ruptures au sein du SPD qui nous renforceront.