L’Union syndicale Solidaires apporte son soutien à la Fédération égyptienne des syndicats indépendants (EFITU) qui participe, depuis le samedi 25 novembre, à l’occupation pacifique de la place Tahrir.
La nouvelle centrale syndicale entend ainsi protester contre la volonté du Président de la république, Mohammed Morsi, de s’accaparer tous les pouvoirs et de soustraire la présidence de la république et l’ensemble des institutions contrôlées par sa famille politique à tout contrôle du pouvoir judiciaire.
Jeudi 22 novembre, le Président Morsi qui cumule déjà les pouvoirs exécutifs et législatifs, a en effet émis une Déclaration constitutionnelle interdisant tout recours en justice contre ses décisions exécutives ou législatives, ainsi que contre la Constituante ou le Sénat à majorité islamiste.
Ceci est d’autant plus problématique que les modalités de la composition de la Constituante sont contestés devant la justice. Les travailleurs, par exemple, y sont représentés par le Ministre du travail Khaled El Azhari dont les syndicats égyptiens on pu observer le comportement défavorable aux travailleurs depuis le peu de temps où il est au Ministère.
Les seuls articles mentionnant les travailleurs ou la justice sociale ne sont contraignantes ni pour l’Etat ni pour les employeurs. Simultanément, les textes protègent les intérêts des propriétaires d’usines et d’entreprises.
Pourtant actuellement des patrons :
* s’abstiennent de payer leurs salariés,
* multiplient les licenciements,
* ferment des entreprises en mettant tous ses salariés au chômage une fois qu’ils ont profité de tous les avantages et exonérations fiscales et qu’il ont de surcroit, obtenu des prêts bancaires qu’ils ne remboursent jamais.
L’Union syndicale Solidaires partage par ailleurs l’inquiétude des travailleurs égyptiens concernant une Déclaration constitutionnelle qui donne au Président le pouvoir d’élaborer les lois, de les mettre en œuvre, et de priver les citoyens de tout recours en justice contre elle.
Si, par exemple, le Président promulguait une loi ordonnant la dissolution de tous les syndicats crées après la Révolution, personne, n’aurait le droit de s’y opposer. Cette menace est d’autant plus réelle que le Président Morsi a affirmé au cours de son discours du 23 novembre qu’il allait utiliser la loi contre ceux qui bloquent la production ou les routes. Cela signifie que s’il promulgue une loi interdisant les grèves, rassemblements, sit-in, occupation des locaux…les travailleurs ne pourraient plus défendre leurs droits.
La première loi promulguée par le Président après ce discours a d’ailleurs été un texte autorisant l’Etat à s’ingérer dans les affaires syndicales. Elle lui permet, au sein des syndicats nationaux existant sous Moubarak, de remplacer les dirigeants ayant atteint l’âge de la retraite par des cadres des Frères musulmans (loi n°97 de l’année 2012 modifiant la loi n°35 de l’année 1976).
L’Union syndicale Solidaires dénonce par ailleurs les mesures répressives que subissent régulièrement les syndicalistes égyptiens : harcèlement judiciaire, emprisonnements, licenciements, sanctions disciplinaires, mutations arbitraires… parce qu’ils pratiquent le droit de grève ou celui de créer des syndicats.
Nous dénonçons également toute criminalisation de la grève et des sit-in.
L’Union syndicale Solidaires apporte son soutien aux syndicats égyptiens qui revendiquent :
* la garantie des libertés syndicales par la Constitution et les lois,
* l’élaboration d’un nouveau Code du travail garantissant les droits des travailleurs,
* la promulgation urgente d’une loi établissant un salaire minimum et un salaire maximum,
* la réintégration des salariés licenciés arbitrairement.