En 2008, Obama avait profité du soutien enthousiaste de la gauche étatsunienne. Les syndicats, associations et organisations de masse populaires le voyaient en homme providentiel. Leur soutien financier et militant a été un facteur clé dans la victoire du candidat démocrate. Mais peu après le début de son mandat, la gauche a commencé a afficher son mécontentement. Et pour cause ! Dans certaines domaines sa politique ressemblait à celle de Bush tandis que dans d’autres il a accepté tellement des compromis -comme par exemple son projet en matière de couverture de la maladie- que le fond de ses réformes se bornait à gratter les problèmes à la surface.
Les différences entre Romney et Obama sont souvent purement rhétoriques. Prenons par exemple l’immigration. Romney prône une politique « d’expulsion volontaire ». C’est à dire une politique qui rendrait la vie des sans papiers tellement misérable qu’ils retourneraient « volontairement » dans leurs pays d’origine. Mais malgré ses déclarations en faveur des immigrés, le gouvernement Obama a expulsé plus d’immigrés que celui de Bush.
Qui est le plus militariste ?
Romney propose d’augmenter le budget militaire au-delà à ce que demande le Pentagone. Obama pour sa part veut garder les niveaux actuels. Avec fierté, il a déclaré lors d’un débat télévisé, que “les dépenses militaires ont augmenté chaque année de mon mandat. Nous dépensons plus pour l’armée que ce que dépensent, ensemble, les dix pays les plus armés…”
Et c’est Obama, avec le soutien des républicains qui a renforcé l’intervention militaire en Afghanistan, qui laisse des forces militaire importantes en Iraq et qui continue sa politique des drones au Pakistan malgré les morts de civils.
C’est sur des questions fiscales qu’Obama et son camp cherchent à se distinguer le plus de Romney. Le programme économique de Romney se résume à un paquet des cadeaux fiscaux aux plus riches qu’il qualifie de « créateurs d’emplois. »
Mes les deux proposent des budgets qui coupe des milliards dans les programs sociaux. Et les deux se prononcent ouvertement pour la « free enterprise », c’est à dire pour le capitalisme libéral.
C’est sur les questions de société que les différences de programme sont les plus claires. Romney s’oppose au droit à l’avortement et au mariage homosexuel, tandis qu’Obama y est favorable. Sauf que Obama se déclare souvent en faveur de telle ou telle autre chose, quitte à l’oublier plus tard. C’est le cas d’un projet de loi facilitant l’adhésion aux syndicats ou encore de sa promesse jamais tenue de fermer Guantanamo.
Manque de Bilan
Malgré les promesses non tenues, les compromis et les trahisons, la gauche et les organisations et associations de masse sont plus que jamais attachées à la politique du moindre mal. C’est une démarche qui limite les espaces politiques du mouvement syndical et encourage les tendances droitières du parti démocrate.
Il y a une flagrante contradiction entre l’envergure des mobilisations de masse récentes et la manque totale de l’indépendance politique par rapport aux partis du patronat.
Résoudre cette contradiction en faveur de l’indépendance politique reste le défi principal de la gauche et des mouvements.
Keith Mann