A Séoul, 5 habitants sud-coréens ont été morts brûlés vifs et jetés du haut d’un immeuble au cours d’une violente intervention de police.
1. Résumé de l’incident
A 6 heure du matin le 20 janvier 2009, dans le quartier Yongsan de Séoul, les habitants qui avaient demandé des mesures raisonnables contre une expulsion en Février, ont perdu la vie par l’intervention violente de la police. Une unité de commando policier et 1500 agents ont été envoyés pour disperser environ 50 occupants. Moins d’un jour après le début de l’occupation qui avait pour but de protester contre leur expulsion imminente, et sans aucune conversation ni effort de discuter sur ces questions, le gouvernement a envoyé l’assaut et mis en scène une opération anti-terroriste. Dès que la police est entrée dans le bâtiment où se trouvaient les manifestants, un incendie a éclaté et la situation est devenue très dangereuse. Au mépris des mesures de sécurité, la police a continué l’opération sans se soucier des risques, ce qui a entraîné la mort des cinq occupants et d’un agent. Un autel pour rendre un dernier hommage à ces morts a été mis en place à l’endroit de la tragédie, et malgré que cela soit les vacances du Nouvel An coréen, le recueillement continue. Une commission composée d’organisations civiles a ouvert une enquête tandis que le gouvernement tente de classer l’affaire au plus vite.
L’envoi d’une unité de commando de police, unité spéciale anti-terroriste, en moins de 24 heures est un cas rare, même en Corée du Sud. Cependant depuis que les conservateurs ont pris le pouvoir, la police a souvent réprimé des manifestants de façon violente. Cet incident a également eu lieu dans ce contexte. En hommage aux victimes, plus de 2000 personnes ont manifesté à Séoul contre l’injustice incessante de la politique capitaliste et ultralibérale menée par le gouvernement du président Myung-bak LEE envers la classe du peuple, un gouvernement qui a répondu aux manifestations pacifiques par une répression féroce en utilisant des canons à eau et des matraquages, et en les qualifiant d’illégales au dépit de leur déclaration préalable.
2. Historique et Caractéristiques
Il existe de nombreux problèmes associés à l’empressement des projets de réaménagement urbain en Corée du Sud. Les solutions existantes (tels que compensations financières, relogement temporaire, etc.) ne sont ni réalistes ni correctement mises en œuvre : par exemple, la compensation financière ne dépasse pas un dixième de la somme qu’un locataire a investi lors de création de son petit commerce, et elle est donc insuffisante pour recommencer son affaire ailleurs. De plus il est particulièrement inquiétant de voir l’expulsion forcée, interdite par le droit international de l’homme, se poursuivre sous les auspices du gouvernement.
La Corée du Sud, qui est signataire du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, a été sollicitée à deux reprises par le Comité des Droits économiques, sociaux et culturels pour assurer la protection des victimes d’expulsion forcée. Toutefois, comme révélé dans cette affaire, le gouvernement sud-coréen a violé son obligation de respecter le droit au logement et de ne pas avoir recours à des expulsions de force. Il a également violé son obligation de protéger la sécurité et la vie des victimes d’expulsions.
Depuis plus d’un an, les locataires de la zone du projet de réaménagement ont demandé assistance à la mairie du district Yongsan. Elle ne leur a fourni aucune occasion d’en discuter ou de négocier. En plus, des agents de sécurité embauchés par l’entreprise de construction ont menacé les locataires et ont même harcelé sexuellement certains d’entre eux. Les locataires ont porté plainte, mais la police n’a pris aucune mesure contre les pratiques de ces agents de sécurité privés. Malgré le principe que aucune expulsion ne peut intervenir pendant la période de trêve hivernal, la mairie du district Yongsan a approuvé la demande de l’entreprise de construction de commencer l’opération en Février.
Les locataires confrontés à leur expulsion forcée sont entrés dans un immeuble vide afin de protester contre l’injustice de cette mesure. Avant l’intervention policière, les agents de sécurité privés ont mis le feu à des pneus usés en bas de l’immeuble ; puis le commando policier a lancé l’assaut. Ils ont continué à pourchasser les occupants jusqu’au dernier étage et à les acculer au bord du vide à l’aide d’une grue équipée d’un canon à eau. Un incendie s’est déclarée et aucune des mesures de sécurité obligatoires tels que les pompiers, les extincteurs ou les matelas, n’ont pas été déployés, malgré l’incendie et le risque de chute. Les cinq locataires ont perdu leur vie en raison de l’opération violente de police.
Les locataires résidant dans des zones de réaménagement sont toujours exclus des bénéfices du projet. Le réaménagement n’améliore pas la condition de logement des résidants actuels car avec les hausses de loyers et les compensations financières minimes, ils doivent déménager ailleurs dans un endroit bien pire. En effet, seule 10 15% de la population locale se relogera dans cette même zone. Le but des projets devrait consister à améliorer des conditions de logement et à lutter contre la pauvreté. Le gouvernement est obligé de fournir des informations nécessaires et de garantir la participation des habitants, fût-il propriétaire ou non. Toutefois, ces demandes sont ignorées par le gouvernement et les entreprises de construction qui bénéficient seuls du réaménagement. Les projets de développement de « New Town » du gouvernement Myung-bak LEE semblent toujours nécessiter des sacrifices effroyables de la part du peuple au bénéfice de riches promoteurs immobiliers et de conglomérats comme Samsung, Posco et Daerim qui peuvent faire des profits pharamineux en construisant des immeubles luxueux à la place des petits commerces et des résidences populaires.
D’autre part, l’enquête gouvernemental menée est critiquée pour être partiale. La police a effectué les autopsies des corps des victimes sans le consentement de leurs familles. Le rapport de police sur l’incident s’est révélé être faux à la lumière d’une variété d’éléments de preuve rapportés par des médias. L’attitude de la police, qui n’est ni démocratique ni transparente, crée une méfiance profonde de la part de la population. Une instruction juste et impartiale de l’enquête est urgente. Une mesure pour empêcher ce genre de tragédie et une garantie de participation démocratique sont nécessaires, plutôt que de vouloir minimiser l’affaire et la classer au plus vite.
3. Nos revendications
1) Garantir la participation des organisations civiles et indépendantes dans la procédure d’investigation pour garantir une enquête impartiale et rigoureuse.
2) Punir les responsables de l’incident
3) Remettre en cause les projets actuels de réaménagement qui ne garantissent pas le droit au logement des locataires.
4) Promouvoir le droit au logement comme droit de l’homme.
Nous exhortons le gouvernement sud-coréen à protéger les victimes d’expulsions forcées, à procéder à une enquête approfondie et à punir les responsables des morts qui ont eu lieu au cours de l’intervention de la police dans le quartier Yongsan de Séoul le 20 janvier 2009.
Entre chagrin et colère, nous souhaitons le repos des défunts, qui ont protesté afin de garantir le droit au logement. Nous nous sentons anéantis face à cette réalité où la demande fondamentale de vivre avec dignité se termine par la mort de citoyens brûlés vifs et jetés du haut d’un immeuble. Nous envoyons nos soutiens les plus chaleureux aux familles des victimes et au peuple sud-coréen qui doit continuer de résister contre les actes inadmissibles du gouvernement Myung-bak LEE.
Nous portons attention au fait que cet incident est enraciné dans les problèmes engendrés par le processus irrationnel de réaménagement urbain et résulte d’un suremploi despotique du pouvoir publique. Nous regrettons que le gouvernement sud-coréen ait attaqué ses citoyens ayant légitimement protesté contre leur expulsion forcée et tenté de défendre humblement leur droit au logement. L’envoi d’une unité de commando policier est une tentative de stigmatiser ces citoyens en les considérant comme un groupe terroriste, ce qui va à l’encontre de l’obligation de l’Etat de protéger les droits de ses citoyens. Nous demandons au gouvernement sud-coréen de présenter ses excuses aux familles des victimes et de mettre en place des mesures préventives afin d’éviter un incident similaire.
Nous réclamons que les personnes concernés, comme Seokgi KIM, le chef de la Police de Séoul, Sehoon WON, le ministre de l’Administration et Sécurité publique, Jangkyu PARK, le Maire du district Yongsan, Sehoon OH, le Maire de Séoul, Dongsan BAEK, le chef de la Police de Yongsan, et Myung-bak LEE, le Président de la Corée du Sud, assument la responsabilité de leur projets.
Selon les organisations des droits de l’Homme en Corée du Sud, les demandes des locataires dans la zone de réaménagement pour une modification du plan de réinstallation et pour un dialogue lors d’une négociation, bien que formulées à plusieurs reprise depuis plus d’un an, ont été rejetées par ces administrations. Le gouvernement sud-coréen doit prendre, en tant que signataire du Pacte international, des mesures pour empêcher les expulsions forcées, cependant il a lui-même utilisé des forces policières contre ses citoyens qui ont essayé de défendre leur droit au logement. Nous condamnons ces injustices gouvernementales contre lesquelles la protestation légitime a coûté la vie à plusieurs de ces citoyens. Nous exigeons du gouvernement sud-coréen qu’il remette en cause les projets de réaménagement urbain et qu’il garantisse la protection et la participation appropriée des locataires.
4. Action pour tous
Nous vous invitons à écrire au sujet de cet incident dans vos espaces publiques de presse imprimée ou sur Internet, et à diffuser cette déclaration auprès de vos amis autant que possible.
S’il vous plaît adressez une plainte aux responsables suivants et envoyez-nous une copie de votre plainte (E-mail à webmaster eurojinbo.net, humanrights sarangbang.or.kr).
Myung-bak Lee, the president of South Korea
http://www.bluehouse.go.kr/kr/index.php
1 Sejongno Jonno gu
Seoul Korea (110-820)
Tel +822-730-5800
Fax : +822-770-4943/+822-770-2440
Sehoon Won, the minister of the Ministry of Public Administration and Security
http://www.mopas.go.kr
Tel +822-2100-3000
Fax : +822-2100-4001
Seokgi Kim, the head of the Seoul Police
http://www.smpa.go.kr
Tel +822-720-3993
Fax : +822-754-7000
Sehoon Oh, the Mayor of Seoul (Metropolis)
http://www.seoul.go.kr
Tel : +822-731-6060
Fax +822-737-8688
Jangkyu Park, the head of the Yongsan-Gu Office
http://www.yongsan.seoul.kr
Tel : +822-710-3333
Fax +822-718-0333
Cette déclaration collective a été notamment signée en Europe par le Réseau européen des sud-coréens de gauche (www.eurojinbo.net)
et la Section européenne du Nouveau Parti Progressiste (www.newjinbo.org).