● Quelle a été ta réaction au meurtre d’Alexis ?
Zoï – Un tel crime était attendu. Depuis le printemps 2006, on vit une répression intense et permanente, faite pour dissuader les manifestants. Les Gardes spéciaux ont été créés récemment, sans formation, comme un corps de prétoriens. J’ai été impressionnée par la réaction immédiate et massive. En très peu de temps, non seulement des étudiants mais des jeunes de tous horizons se sont réunis, de nuit, au centre d’Athènes, ce qui prouve le gouffre de la crise sociale. Ce qui primait, c’était la colère et la détermination. Elles se sont traduites en actes. Dans la nuit, nous avons tenu une AG de plus de 1 000 personnes à la faculté de droit, avec décision d’occuper jusqu’au mercredi suivant. Au même moment, des AG similaires se sont tenues dans trois autres facultés d’Athènes.
● Quelles revendications ont été avancées ?
Zoï – Nous demandons le désarmement des forces de répression et la dissolution du corps des Gardes spéciaux, la libération des manifestants arrêtés, la démission des ministres impliqués et que soit viré ce gouvernement. Mais nous avançons aussi nos revendications sur l’Éducation, en particulier contre la création de facultés privées. Il y a, chaque jour, une ou deux manifestations massives composées de gens résolus et de tous âges. Dès le dimanche 7 décembre, le gros de la manif est allé jusqu’au bout malgré le déluge de grenades lacrymogènes. Des décisions ont été prises, notamment de faire une radio du mouvement. Le jour de la grève générale du 10 décembre, un nombre fou d’étudiants a participé, avec le bloc des travailleurs radicaux, à la manifestation, alors que les directions syndicales s’en sont tenues à un simple rassemblement. Ensuite, se sont tenues, à la fac, l’AG des étudiants et celle des travailleurs.
● Quelles sont les perspectives ?
Zoï – Une manifestation nationale étudiante aura lieu jeudi 17 décembre et la détermination des lycéens contre la police est impressionnante. Beaucoup de monde s’exprime dans les coordinations. Le fait que les étudiantes prennent toute leur place dans la prise de décision et l’action est très positif. Pourtant, il y a des problèmes de perspectives. La concurrence entre facs, liée à des sensibilités politiques différentes, vient de déboucher sur deux coordinations, sans parler de l’action isolée des étudiants du KKE… De fait, on est à ce jour sans réponse concrète sur ce qu’on veut mettre en avant, ce qui est déploré par de nombreux étudiants. L’absence, dans cette phase, de représentants élus laisse la place, comme figures publiques, à des « spécialistes » d’organisations politiques et joue contre la structuration démocratique et les perspectives du mouvement.