• Même si vous réussissez à recueillir le nombre de signatures nécessaires, l’initiative populaire risque de rester dans un tiroir…
FT : Nous connaissons les limites des initiatives populaires et nous sommes aussi conscients du fait que le problème des salaires ne va pas être résolu par une proposition de loi. Il faudra des mobilisations pour sortir des négociations perdantes que mènent aujourd’hui les syndicats confédéraux.
La loi que nous proposons par la voie d’une initiative populaire veut être ainsi un élément de sensibilisation, un moyen pour faire comprendre à toutes et à tous que récupérer des ressources pour les salaires est de l’ordre du possible en tenant fermement la barre sur une question essentielle.
• Quelle est cette question essentielle ?
FT : Le fait que l’augmentation des salaires est possible moyennant un prélèvement sur les profits. Comme l’a soutenu d’ailleurs la Banque pour les règlements internationaux, si la richesse produite était distribuée de la même manière aujourd’hui, entre le capital et le travail, qu’il y a 15 ans, les travailleurs-euses bénéficieraient chaque année de 120 milliards d’euros supplémentaires, qui n’iraient pas dans les poches des patrons. Il faut prendre l’argent là où il est, sinon il n’y a plus d’espoir…
• Comment les mesures que vous préconisez - en particulier, le salaire social de 1000 euros - seraient-elles financées ?
FT : Grâce à une hausse de la taxation des gains en capitaux de 12,5% à 20%, comme le programme du centre gauche le prévoyait d’ailleurs. Grâce également à la suppression des cadeaux fiscaux que le gouvernement Prodi a accordés aux entreprises, aux banques et aux assurances.
• Un salaire minimum ne risque-t-il pas de priver d’espace toute concertation ?
FT : Cette objection aurait du sens si une véritable concertation existait aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, un salaire minimum, comme celui qui existe déjà en France, serait une garantie pour toutes et tous et permettrait une concertation dans de meilleures conditions. L’initiative fait appel à toutes celles et ceux qui voudront lui prêter main forte.
Cet automne, nous appelons à une campagne unitaire pour faire front au gouvernement à partir de pratiques sociales réelles. Il ne suffit pas de s’opposer à ce gouvernement dans des congrès... Il faut repartir des lieux de travail.
Je suis convaincu d’une chose : les convergences unitaires ne peuvent résulter de la simple agrégation de secteurs de la « classe politique » : seules les mobilisations sociales le permettent.