Le Népal a été secoué par de nouvelles violences, mercredi 9 avril, à la veille de l’élection historique d’une Assemblée constituante censée abolir la monarchie et proclamer la République, un an et demi à peine après la fin d’une décennie de guérilla maoïste.
Appelés aux urnes jeudi, pour le premier scrutin national depuis 1999, 18 millions de Népalais doivent élire 601 députés chargés de rédiger une nouvelle Constitution pour ce royaume coincé entre l’Inde et la Chine, et séparé du Tibet par les montagnes de l’Himalaya. Quel que soit le résultat – qui n’est pas attendu avant trois semaines – cette Assemblée devrait, en principe, transformer la seule monarchie hindouiste du monde en République fédérale, selon un accord scellé en décembre entre les sept partis népalais et les maoïstes, qui ont signé un accord de paix le 21 novembre 2006 et gouvernent ensemble depuis avril 2007.
Un tel scénario était inimaginable il y a encore deux ans, lorsque toute la classe politique s’était alliée aux rebelles d’extrême gauche dans les manifestations démocratiques du printemps 2006, forçant le roi Gyanendra à renoncer à ses pouvoirs absolus. Cet héritier de la dynastie des chah, vieille de 239 ans, a été dépouillé de toutes ses prérogatives, mais il a lancé un ultime « appel à tous les citoyens pour qu’ils exercent leurs droits démocratiques dans une atmosphère de liberté et d’équité ».
HUIT TUÉS MERCREDI
Mais ces derniers jours, les maoïstes ont accusé des forces royalistes, notamment des généraux, de « comploter pour préparer un coup d’Etat » et d’être derrière une vague d’attentats. Deux petites bombes ont encore explosé mercredi à Katmandou, sans faire de blessé. Quelques heures après que sept maoïstes ont été abattus par la police, le chef des anciens insurgés, Prachanda, dit « le redoutable », a appelé ses partisans à « faire preuve de retenue » afin qu’aient lieu des « élections libres et équitables ». La police a aussi tué un partisan du Parti communiste marxiste-léniniste unifié du Népal qui protestait contre l’assassinat d’un candidat.
Le chef de la mission des Nations unies au Népal, Ian Martin, s’est dit « profondément choqué » par ces tueries et a enjoint « tous les partis à la retenue et à éviter les provocations ». Pour éviter les violences jeudi, 135 000 policiers seront déployés, dont 55 000 fraîchement recrutés, et 800 observateurs internationaux seront répartis dans des bureaux de vote. Le chef des 120 observateurs de l’Union européenne, Jan Mulder, a plaidé pour que « les Népalais votent sans craindre les intimidations ou la violence ».
Car l’accord de paix de novembre 2006, qui a mis fin à la « guerre du peuple » maoïste lancée en février 1996 – au prix de 13 000 morts et d’une économie ruinée – reste fragile. D’autant que 50 % des Népalais restent attachés au principe d’une « monarchie symbolique », selon des sondages, et une majorité voient en Gyanendra l’incarnation du dieu hindou Vishnou, même s’ils « haïssent » cet autocrate monté sur le trône à la faveur du massacre du précédent roi Birendra et de sa famille, le 1er juin 2001.
* LEMONDE.FR avec AFP | 09.04.08 | 20h47.
Sept maoïstes tués lors de violences préélectorales au Népal
pt personnes au moins ont été tuées mardi au Népal lors de violences préélectorales, ont fait savoir, mercredi 9 avril, les autorités. Toutes étaient des maoïstes. Le scrutin de jeudi doit permettre d’élire une Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution, qui mettra fin à la monarchie et transformera le pays en république.
D’après un responsable officiel local, « six maoïstes ont été tués et cinq blessés quand la police a ouvert le feu » pour mettre fin à « des échauffourées entre des militants de la Ligue des jeunes communistes [maoïstes] et des membres du Parti du Congrès népalais » du chef de l’Etat et premier ministre Girija Koirala. Auparavant, un candidat du Parti communiste du Népal a été tué par balles par des inconnus dans le district de Surkhet, à 360 km au sud-ouest de Katmandou.
Le chef des maoïstes du Népal a appelé au calme, mercredi, après la mort de ses partisans. « Pour l’heure, nous devons faire preuve de retenue et organiser des élections libres et équitables », a déclaré « Prachanda » après un entretien avec le premier ministre. Mais « nous exigeons que le gouvernement punisse les coupables de ces assassinats », a-t-il ajouté.
* LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 09.04.08 | 08h07 • Mis à jour le 09.04.08 | 09h23.