Londres,
La conférence de Respect, les 19 et 20 novembre, a certes développé le programme de la coalition, en adoptant des positions politiques sur la défense des droits démocratiques, pour le maintien du service public de santé face aux privatisations et contre la production d’électricité nucléaire. Mais le débat sur la stratégie pour la construction de Respect a été posé de manière très inquiétante. Les critiques étaient toutes dénonciatrices. John Rees a ouvert la conférence en déclarant que Respect s’était développée jusque-là avec succès grâce à sa direction politique et à celle de George Galloway. Pour lui, leurs choix ont été justes à tous les moments critiques. John Rees a assuré qu’il démissionnerait si la conférence préférait avoir un secrétaire national cloué à un bureau plutôt que voyageant à travers le pays et s’adressant aux foules dans les meetings. Évidemment, la direction nationale doit être politique et prendre des initiatives. Mais elle doit aussi se fonder sur une élaboration collective des tâches et des positions politiques, non sur les initiatives de quelques individus que les autres sont supposés suivre.
Les résolutions qui réclamaient un fonctionnement plus ouvert et démocratique de l’organisation, un rapport plus efficace entre le bureau national et les sections, et la production régulière d’un journal ou d’un magazine ont été dénoncées comme irréalistes ou inutiles. Aussi bien George Galloway que John Rees ont démagogiquement dénoncé les résolutions avec lesquelles ils n’étaient pas d’accord, au lieu de se confronter aux véritables problèmes politiques.
Ce débat a soulevé la question de la nature du mouvement : Respect doit-elle rester une coalition ou se développer en un véritable parti politique ? Ce n’est pas une question abstraite. Respect doit être prise au sérieux pour gagner des élus aux municipales de mai 2006 et gagner le contrôle d’une mairie.
Malheureusement, une décision politique semble avoir été prise par Galloway et le SWP afin de maintenir une structure de coalition. Cela risque de nuire au développement de Respect, qui prétend agir sur toutes les questions qui touchent la classe ouvrière en Angleterre. Une structure de coalition ne fonctionne pas bien : elle empêche Respect de profiter de ses succès et d’accroître le nombre de ses adhérents.
Le projet de transformer Respect en un parti politique pour la gauche, comme le Bloc de gauche au Portugal ou Rifundazione comunista en Italie, est de plus de plus en plus nécessaire, alors que Blair continue son offensive néolibérale et repousse la base traditionnelle du Parti travailliste, qui désire toujours une transformation sociale. N’ayant aucun autre concurrent sur la gauche, Respect est très bien placée pour remplir le vide politique qui existe à gauche du New Labour. Mais, pour cela, il faudra que ses principaux courants changent de pratique politique et qu’ils abandonnent les vieilles méthodes, pour attirer la gauche syndicale, les anciens du Parti travailliste ainsi que les jeunes radicalisés par le nouvel internationalisme.