Il peut sembler paradoxal de poser cette question quand l’auteur du Deuxième Sexe est reconnue dans le monde entier comme « la » grande féministe francaise du XXe siècle.
Et pourtant, Simone de Beauvoir n’a-t-elle pas écrit à plusieurs reprises qu’elle n’était pas féministe ? Ainsi, dans la Force des Choses, elle dit : « j’ai évité de m’enfermer dans ce qu on appelle » le féminisme « . Dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée, elle associe son » apolitisme « de jeunesse a un désintéret pour le féminisme, définit comme le combat pour le droit de vote. Ce n est que tard dans sa vie, a plus de 60 ans, qu elle s’engagera avec le Mouvement de Libération des Femmes dans une action collective, reconnaissant que » Aujourd hui, j ai changé, je suis devenue vraiment féministe ".
Ne nombreuses questions se posent : Pourquoi le Deuxième Sexe a été vu comme un grand livre féministe alors que son auteur ne se définit pas comme telle ? Pourquoi dresse t-elle une image des femmes si négatives dans le but de déconstruire le mythe de la féminité ? Peut-on, comme elle le propose, s’affranchir en « s’assimilant aux hommes » sans mettre en danger la richesse des femmes.
A travers son engagement au MLF, ou je l’ai rencontrée dans le groupe d’historiennes qu’elle avait rassemblé pour préparer des émissions de télévision, Sartre dans le siècle, nous verrons comment s’expriment ses contradictions vis-à-vis des femmes, et de la « condition féminin » sans pour autant dépasser le clivage théorie/pratique qui caractérise son féminisme.
Marie-Jo Bonnet est docteur en histoire, historienne d’art et écrivaine. Son texte, « Une mort très douce », paraîtra en mars-avril dans le n° spécial des Temps Modernes consacré à Simone de Beauvoir - Son livre, Simone de Beauvoir ou l’éternité perdue paraitra à la rentrée.