Le 15 janvier dernier, Sarkozy, qui jouait les VRP des industriels français dans les pays du Golfe, a également signé un accord avec les Émirats arabes unis pour l’installation d’une base militaire française permanente de 400 à 500 hommes à Abu Dhabi.
C’est un endroit éminemment stratégique pour les puissances impérialistes, puisque situé dans le Golfe persique, non loin du détroit d’Ormuz, par lequel transitent 40 % du pétrole mondial, et face à l’Iran, actuellement dans la ligne de mire des États-Unis. La signature de cet accord est d’ailleurs intervenue deux jours après le passage, à Abu Dhabi, de Bush, qui s’y est livré à une nouvelle attaque contre l’Iran, qualifié de « premier État à parrainer le terrorisme dans le monde ». « Les actions de l’Iran, a-t-il expliqué, menacent la sécurité de pays partout dans le monde. […] De ce fait, les États-Unis renforcent leurs engagements de sécurité avec [leurs] amis dans le Golfe, et rallient [leurs] amis dans le monde entier pour faire face à ce danger avant qu’il ne soit trop tard. »
Le chef d’état-major de Sarkozy, l’amiral Guillaud, s’est félicité de ce qu’il a appelé une « petite révolution géopolitique ». « Depuis plus de 50 ans, la France n’avait jamais installé quelque base que ce soit, où que ce soit dans le monde. Tout ce que nous avons à l’heure actuelle, c’était l’héritage de notre histoire coloniale. » L’enthousiasme de ce galonné en dit long sur le caractère réactionnaire des visées de l’État français, dont les interventions militaires à partir des bases qu’il a héritées de son histoire coloniale, dans plusieurs pays d’Afrique noire et à Djibouti, constituent un crime contre les peuples, une longue suite de souffrances pour les populations d’Afrique, un soutien jamais démenti aux pires dictatures du continent.
S’il y a là une « rupture », comme l’a déclaré Guillaud, en bon larbin de son patron Sarkozy, c’est seulement dans un alignement zélé sur l’impérialisme américain, camouflé par une déclaration d’amitié fervente à l’égard des Émirats arabes unis, qualifié par Sarkozy de « pays musulman [conciliant] identité, modernité, ouverture, tolérance et respect de la tradition », alors qu’il s’agit d’un des États les plus réactionnaires de la région, une monarchie héréditaire dont les lois sont basées sur la Charia.
« La France participe à la paix », a déclaré Sarkozy, dans ce langage cynique et mensonger qu’il faut toujours renverser pour en comprendre la véritable signification.
Car, par cet accord, la France s’engage plus activement dans la mobilisation que prépare l’impérialisme américain contre l’Iran : une façon de défendre les intérêts de la bourgeoise française adaptée à l’évolution des rapports de force internationaux, alors que la crise financière ébranle la planète.