Perre Boussel, dit « Lambert », est mort à 87 ans. Ancien résistant, il avait rejoint très tôt les rangs du mouvement trotskyste. Il a participé, alors « qu’il était minuit dans le siècle », au combat pour le socialisme et à la lutte contre le stalinisme. En 1952-1953, la IVe Internationale connut une scission entre ceux qui défendaient une tactique entriste dans les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, en particulier le PCF en France, et ceux qui, comme Marcel Bleibtreu, Michel Lequenne et Pierre Lambert, s’opposaient à l’entrisme… C’est à la suite de cette crise, et après de nouvelles ruptures, que Lambert allait façonner sa propre organisation et ce qui devint le courant lambertiste.
Son courant va développer une politique d’adaptation et, dans certains cas, de soutien aux appareils politiques et syndicaux de la social-démocratie. Il soutiendra Mitterrand dans son accession au pouvoir à la fin des années 1970. Il soutiendra directement la direction du syndicat Force ouvrière jusqu’à en constituer une part importante. Ironie de l’histoire, celui qui avait rejeté l’entrisme va pratiquer un « entrisme profond », dans les organisations comme la franc-maçonnerie et, surtout, le PS, avec notamment le cas le plus connu de Lionel Jospin.
Nous rendons hommage à celui qui a donné toute sa vie au militantisme, sans pour autant renoncer aux critiques fondamentales que nous portons à la politique de son organisation et à ses méthodes.