Face aux pressions visant à mettre à mal l’enseignement de la théorie de l’évolution aux Etats-Unis, l’Académie nationale des sciences américaine (NAS) et l’Institut de médecine (IOM) viennent de prendre une position très ferme contre les thèses créationnistes, dans un ouvrage intitulé Science, evolution and creationism.
Ce livre a été rendu public le 4 janvier, au lendemain des caucus de l’Iowa, qui ont vu, côté républicain, la victoire de Mike Huckabee dans la course à l’investiture pour la présidentielle. Ce pasteur baptiste a affirmé, lors d’un débat en mai 2007, qu’il ne croyait pas à la théorie de l’évolution.
L’un des coauteurs de l’ouvrage, Gilbert Omenn (Université du Michigan), a mis en garde contre le choix de candidats qui mettraient en doute les mécanismes de l’évolution. « Si notre pays commence à se comporter de façon irrationnelle, alors que les autres pays nous talonnent, nous sommes perdus », s’est-il inquiété lors du lancement du livre, rapporte l’AFP.
Le message a-t-il été reçu par Mike Huckabee ? Le jour même, celui-ci a estimé, lors d’un entretien télévisé, que l’enseignement du créationnisme « n’était pas un sujet pour un président ».
NE PAS MÉLANGER LES GENRES
Rédigé par un comité scientifique dirigé par Francisco Ayala, biologiste à l’Université de Californie à Irvine, l’ouvrage brosse un panorama des nombreuses connaissances acquises dans ce domaine depuis 1999, date de sa précédente édition. « L’étude de l’évolution demeure à ce jour l’un des domaines scientifiques les plus actifs, les plus robustes et les plus utiles », écrivent les auteurs. Il est donc nécessaire qu’elle soit enseignée dans les écoles.
Par ailleurs, « la science et la religion sont des voies différentes pour comprendre le monde », estiment les chercheurs. Il ne faut pas mélanger les genres, car « cela entretient la confusion, chez les étudiants, entre ce qui est scientifique et ce qui ne l’est pas ». Le livre cite des chercheurs américains expliquant qu’ils ont fait une séparation rigoureuse entre leur foi et leurs travaux scientifiques.
Outre-Atlantique, des groupes de pression religieux et les tenants de l’intelligent design, version plus élaborée du créationnisme, tentent d’imposer leurs vues dans les établissements scolaires. En 2005, à Dover (Pennsylvanie), un juge fédéral a conclu que l’enseignement du « dessein intelligent » était inconstitutionnel, car fondé sur des convictions religieuses et non pas sur la science.
Un sondage publié dans l’édition de janvier du journal des sociétés de biologie américaines (FASEBJ) montre que 61 % des Américains acceptent l’idée que la vie sur Terre a évolué. Mais parmi eux, 25 % estiment qu’un Etre suprême a guidé cette évolution. Ils s’ajoutent aux 29 % de sondés pour qui la vie a été créée sous sa forme actuelle.