La CGT a déposé un préavis de grève reconductible du 8 au 18 novembre à EDF, et une première manifestation syndicale a lieu aujourd’hui à Paris. Les syndicats annoncent également des opérations « coup de poing » aujourd’hui, notamment des baisses de production, des coupures ciblées en direction de représentants du gouvernement et de la majorité, ou encore le rétablissement du courant aux plus démuni-e-s coupés pour des impayés. Une manifestation nationale pour la défense des services publics prévue à Paris le 19 novembre
Ce mouvement de refus de la mise en vente d’EDF et pour une réappropriation publique démocratique de l’entreprise est porteur d’espoir. Le document commun des organisations citées-ci dessus parle de terme de « renationalisation », parce qu’il signifie une décision nécessaire des pouvoirs publics. Mais il faudra expliquer que « renationalisation ne veut nullement dire gestion bureaucratique étatique » comme l’expliquent nos camarades de la LCR.
Nous sommes directement concernés
L’ampleur et l’issue de ce combat en France seront bien sûr capitales pour notre campagne référendaire à venir contre la nouvelle loi qui entreprend de libéraliser-privatiser le secteur électrique helvétique. En effet la bataille est européenne et nous devons - ensemble - débattre de la perspective d’un véritable service public européen de l’énergie, si nous voulons échapper à terme aux diktats des multinatonales.
Pour les antinucléaires que nous sommes la bataille contre la privatisation d’EDF est également essentielle. Le réseau français « Sortir du nucléaire » l’a bien compris. Nous publions donc ci-dessous son communiqué du 27 octobre à ce sujet s’adressant aux opposants à la privatisation d’EDF qui explique que...
C’est pour payer de nouveaux réacteurs nucléaires qu’EDF ouvre son capital
"Alors qu’il développe depuis plusieurs mois une campagne intitulée « Pour un vrai service public de l’électricité sans nucléaire », le Réseau « Sortir du nucléaire » en appelle à tous-tes les opposant-e-s à l’ouverture du capital et à la future privatisation d’EDF : c’est en particulier pour financer la construction de futurs réacteurs nucléaires que le capital d’EDF va être ouvert.
Certes, dans un premier temps, EDF et le gouvernement ont pris soin d’annoncer des investissements dans des secteurs moins sensibles. Mais, pour financer la construction des nouveaux réacteurs nucléaires annoncés, il est clair que la privatisation d’EDF ne s’arrêtera pas à 15% ni même à 30% des actions.
Aussi, la meilleure façon de faire échouer la privatisation d’EDF est de rejeter le nucléaire qui, depuis toujours, est la négation même du service public et de l’éthique citoyenne :
– décisions prises sans consultation ni consentement de la population
– construction des centrales à grands renforts de compagnies de CRS et de gaz lacrymogènes.
– centralisation et vulnérabilité de la production (cf. tempête décembre 1999, même si les agents EDF ont été admirables pour réparer), contrairement à une production décentralisée, au plus proche des usagers-ères.
– mainmise des centrales sur la vie locale par les taxes professionnelles et les subventions
– salarié-e-s (principalement intérimaires) irradiés lors des opérations de maintenance
– cinq fois moins d’emplois dans le nucléaire que dans les énergies renouvelables (pour un même investissement)
– surconsommation électrique délibérément organisée (chauffages et climatiseurs électriques en particulier) pour « justifier » la surproduction des centrales nucléaires
– investissements colossaux au détriment des énergies renouvelables
– néocolonialisme pour s’accaparer l’uranium dans les pays du Sud (cf Niger)
– rejets radioactifs et chimiques (souvent illégaux) dans l’air et l’eau
– factures incalculables laissées aux générations futures (démantèlement des centrales nucléaires en particulier)
– déchets nucléaires légués aux générations futures
– en cas d’accident nucléaire : contamination dramatique de millions de personnes et évacuation de régions entières pour des siècles
– mensonge permanent, comme pour le nuage de Tchernobyl ou la vulnérabilité des installations nucléaires à un crash suicide.
Le Réseau « Sortir du nucléaire » appelle donc à des mobilisations qui soient simultanément contre l’ouverture du capital d’EDF et contre la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Il est aussi nécessaire de dénoncer les faux arguments avancés par les tenants de l’atome :
– indépendance énergétique : 100% de l’uranium, le combustible des centrales nucléaires, est importé (en particulier du Niger où les populations locales sont exploitées et spoliées). Le nucléaire n’apporte donc aucune indépendance énergétique
– rentabilité financière : contrairement à une idée fausse, répandue par les tenants de l’atome, EDF a toujours perdu et perd aujourd’hui encore de l’argent avec les centrales nucléaires (99 millions d’euros de pertes en 2004). Ce sont les activités de transport et de distribution de l’électricité qui sont (très) rentables : 1002 millions d’euros en 2004 !
– lutte contre le réchauffement climatique : malgré 58 réacteurs nucléaires, la France a été frappée par la canicule 2003, la sécheresse 2005, sans compter celles à venir. Le nucléaire, qui représente une part infime (6%) et sur le déclin (moins de 5% en 2030) de l’énergie mondiale, est dans l’incapacité d’empêcher le réchauffement climatique. La seule solution tient en trois points : efficacité énergétique, économies d’énergie, énergies renouvelables. »