Bruxelles, 8 décembre
« Nous ne pouvons pas rester les bras ballants alors que la manière de produire et de consommer des pays riches engage notre planète sur la voie d une catastrophe climatique qui frappera des millions de gens (surtout les plus pauvres), augmentera encore les risques de guerre et détruira définitivement d innombrables richesses naturelles ». Telles sont les premiers mots de l’appel « climat et justice sociale »lancé en mai dernier et signé depuis par plus de mille personnes en Flandre et en Wallonie. L’appel se terminait par une proposition pratique : « Nous appelons chacun et chacune a s’organiser démocratiquement pour préparer les manifestations qui seront organisées le 8 décembre, en Belgique et dans le monde entier, dans le cadre de la « Global Climate Campaign »
Appel entendu : le 8 décembre prochain, Bruxelles sera le théâtre de la première véritable manifestation contre le réchauffement sur le continent européen. Cela fait quelques années que des appels à manifester sont lancés par la « Global Climate Campaign ». Dans certains pays, la mobilisation est une réalité : 30.000 personnes manifestaient à Londres, fin octobre 2006, à l’occasion de la conférence climatique de Nairobi. Il y a moins d’un mois, 120.000 personnes descendaient dans les rues en Australie, pour que le gouvernement réduise les émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2020. Va-t-on vers la constitution d’un mouvement mondial, un peu sur le modèle des mobilisations anti-atomiques des années 60, ou des manifestations anti-guerre ? « C’est dans ce sens-là que nous orientons notre action, il faut créer un rapport de forces, mettre les gouvernements sous pression pour qu ils se décident à prendre des mesures structurelles et radicales », répond-on du côté de « climat et justice sociale ».
Cette logique de mobilisation, jusqu’à présent, n’est pas celle des grandes ONG environnementales dans notre pays. Leur activité est plutôt tournée vers le lobbying et vers la sensibilisation des consommateurs. Le vent est-il en train de tourner ? Toujours est-il que ces associations ont répondu à l’appel de « Climat et Justice sociale », de sorte que la manifestation du 8 décembre est organisée dans l’unité la plus large. Les ONG de développement et les syndicats sont de la partie également, par le truchement de la « Coalition climat », dont ils sont membres. Espérons que ce large front sera un gage de succès, et que les mouvements sociaux dans notre petit pays contribueront ainsi à mettre les négociateurs sous pression à Bali (Indonésie).
Dans toute cette affaire, la démarche de « Climat et Justice sociale » est originale et mérite qu’on s y attarde. L’appel, en effet, situe la lutte pour le climat dans une perspective résolument antilibérale : « Un traité (climatique) équitable doit faire payer la facture aux responsables du gâchis, redistribuer la richesse, tant entre Nord et Sud qu’au sein des sociétés du Nord et du Sud, pour ouvrir la voie à un partage équitable des ressources ». Et de préciser : « tout en collaborant avec les autres forces qui mobilisent les citoyens pour la défense du climat, CJS s’adresse plus particulièrement à la jeunesse, aux femmes, au monde du travail, aux personnes d’origine immigrée, aux réfugiés et aux exclus : leur participation est la meilleure garantie pour que les préoccupations de justice sociale et d’égalité soient au cœur de la défense du climat ». On est loin de Nicolas Hulot, du Grenelle de Sarkozy ou de l’écologie politique « sans tabou » que nous évoquions récemment. Le « contre-Grenelle » qui a rassemblé, en France, les associations environnementales anti-Sarko, les partisans de la décroissance regroupés autour du journal du même nom et les milieux anti-productivistes de la gauche radicale trouverait-il ici une certaine forme d analogie ? A suivre !
Manifestation
Ensemble pour le climat et la solidarité
8 décembre, Bruxelles, 14H30
Gare du Midi (esplanade de l’Europe)