La construction du réacteur Iter est prévue à Cadarache (Bouches-du-Rhône). Ce projet de recherche sur la fusion, d’un coût de 10 milliards d’euros, ne produira pas d’électricité. Il est prévu pour réaliser une expérience de six minutes, qui produira 30 000 tonnes de déchets radioactifs et engendrera de graves risques pour l’environnement et la population (risques de perte de contrôle de la réaction ou de contamination des nappes phréatiques, risques liés au tritium, un gaz radioactif très volatile, inflammable et toxique).
Le projet cherche à reproduire l’énergie venant des étoiles. Dans le soleil, des noyaux d’hydrogène fusionnent pour former des noyaux d’hélium et l’énergie qui s’en dégage alimente notre galaxie. Depuis plus de 60 ans, les scientifiques tentent de reproduire le phénomène pour produire de l’énergie. Entre 1974 et 2005, la recherche mondiale sur la fusion a englouti 27 milliards d’euros et l’objectif s’éloigne.
Même si l’expérience Iter réussit, il restera deux problèmes majeurs à résoudre : la production, le confinement et le transport de grandes quantités de tritium ; la mise au point de matériaux capables de résister au bombardement des neutrons rapides nécessaires pour réaliser la fusion. Le physicien français Sébastien Balibar résume bien la situation : « On nous annonce que l’on va mettre le soleil en boîte. Le problème, c’est que l’on ne sait pas fabriquer la boîte. »
Pour éviter un débat démocratique, les décideurs politiques jouent la carte de la publicité mensongère. La palme revient à Jacques Chirac, qui prétendait que la fusion « permettrait de tirer d’un litre d’eau de mer autant d’énergie que d’un litre de pétrole ». L’installation d’Iter à Cadarache est présentée comme une victoire nationale. Elle coûte la bagatelle de 2 milliards d’euros sur vingt ans au budget de l’État, dont 467 millions payés en dix ans par les collectivités locales. Certains scientifiques ne sont pas convaincus pour autant. Ainsi, le prix Nobel japonais, Masatoshi Koshiba, le physicien américain W. Parkins, ou encore un autre prix Nobel, Pierre-Gilles de Gennes.
Iter est suivi de près par les militaires. La bombe H est, à l’heure actuelle, la seule application de la fusion sur Terre. Parallèlement, la France mène un autre projet militaire sur la fusion : le laser mégajoule, piloté, comme Iter, par le Commissariat à l’énergie atomique. D’autres solutions existent pour répondre aux besoins énergétiques de l’humanité : les économies d’énergie et les énergies renouvelables. C’est le choix entre ces deux voies qui se joue autour du projet Iter, choix que rappelera la manifestation du 10 novembre à Marseille1.
10 raisons de s’opposer à Iter
1) Installation nucléaire à risques contenant 2 kg de tritium, gaz radioactif dangereux.
2) Production de 30 000 tonnes de déchets hautement radioactifs pendant des centaines d’années.
3) Gigantesque laboratoire destiné à réaliser, dans vingt ans, une expérience de six minutes. Même si cette expérience est un succès, elle ne suffira pas à maîtriser la fusion.
4) La production d’électricité par ce procédé n’est pas réalisable avant 50 ou 100 ans. Trop tard pour faire face à la crise climatique actuelle.
5) Un coût exorbitant de 10 milliards d’euros.
6) La fusion est inutilisable dans le tiers monde.
7) La production industrielle de tritium facilitera la prolifération des armes nucléaires et les recherches sur la fusion contribueront à la création de nouvelles armes de destruction massive.
8) La construction d’Iter nécessite des aménagements lourds – autoroutes, lignes à haute tension, forêts abattues –, qui causeront de nouveaux dommages à l’environnement.
9) Iter créera surtout des emplois précaires. Il est déjà un vecteur de la déréglementation et de la spéculation immobilière.
10) Utilisons mieux la seule fusion propre, sûre et bon marché : le soleil !
Notes
1. Rassemblement, musique, pique-nique, à 12 h, Porte d’Aix ; départ en manifestation jusqu’à la préfecture, à 14 h ; débat et concert à la salle Mazenod, à 18 h.