La construction de l’Europe, avec toutes ses répercussions politiques et sociales, a poussé à la constitution de ce parti. Seul un petit nombre de partis communistes, parmi les plus nostalgiques du stalinisme, ont refusé de venir à Athènes, dénonçant le caractère « révisionniste et réformiste » de l’entreprise. Ce fut le cas de quelques partis d’Europe de l’Est et des PC portugais et grec. Globalement, le congrès fut dominé par une volonté de consensus, n’abordant ni dans le débat, ni dans les résolutions finales, les questions qui fâchent, notamment les questions stratégiques.
Au niveau des généralités, les documents adoptés dénoncent correctement l’offensive capitaliste en Europe et ils défendent les mobilisations sociales. En revanche, pas un mot sur les problèmes cruciaux des moyens à mettre en œuvre pour « changer l’Europe », notamment le problème des alliances et de la participation gouvernementale. La décision de la majorité du PRC d’entrer éventuellement dans un gouvernement dirigé par le libéral Romano Prodi était dans toutes les têtes, mais elle ne figurait dans aucune intervention, à l’exception de celle d’un représentant de la « gauche » du PRC. De fait, les thèses du PGE ressemblent plus à celles d’un front unitaire qu’à celles d’un parti.
Dans ce climat, un réel esprit d’ouverture à toutes les forces progressistes dominait, notamment dans la délégation du PCF. C’est dans ce cadre que notre camarade Alain Krivine a été invité et a pris la parole, au nom de la LCR, pour rappeler qu’existait aussi une Conférence de la gauche anticapitaliste européenne, et que nous étions prêts à des campagnes communes, mais aussi à des débats, en particulier sur les problèmes stratégiques de contenu et d’alliances. Plusieurs partis, comme le Bloc de gauche au Portugal, l’ÖDP en Turquie, ou Respect en Grande-Bretagne, sont d’ailleurs membres des deux coordinations.
Le climat a donc grandement changé, si l’on songe que, lors de la conférence de fondation du PGE, tenu à Rome il y a un an et demi, les organisateurs avaient refusé d’inviter la LCR. Entre temps, il y a eu en France la campagne pour le « non » et la nouvelle dynamique unitaire. Du coup, le PCF avait invité, à Athènes, Raoul Marc Jennar, Yves Salesse, ainsi que des représentants du Mars, de l’Alternative citoyenne et de PRS. De son côté, le PDS d’Allemagne avait invité Oskar Lafontaine. Deux coordinations en Europe et un seul adversaire : le patronat. Il y a donc vraiment la place pour l’unité d’action et le débat.