Après l’instauration de l’état d’urgence samedi, la police pakistanaise a durement réprimé, lundi 5 novembre, les premières protestations contre le pouvoir de Pervez Musharraf.
Des policiers et des paramilitaires ont bouclé les abords de la Haute Cour de justice de Karachi, la capitale économique du sud, et ont donné la charge sur un groupe d’avocats rassemblés devant le bâtiment avant d’en arrêter une centaine, selon un juge à la retraite de la Haute Cour. « C’est la première fois dans l’histoire du Pakistan qu’un si grand nombre d’avocats sont interpellés », a déclaré à la presse le juge Rashid Razvi. « Selon mes informations, plus de cent avocats ont été arrêtés à Karachi », a-t-il affirmé.
A Lahore, dans l’est du pays, plusieurs avocats se sont évanouis après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Certains d’entre eux souffrent de blessures à la tête après l’intervention de la police, selon Sheikh Faisal, un avocat rattaché à la plus haute juridiction du pays.
PLUS D’UN MILLIER D’ARRESTATIONS
Dans la nuit de dimanche à lundi, 600 à 700 partisans du Jamaat-e-Islami, un important parti d’opposition, ont été arrêtés dans les provinces du Pendjab et du Sind, selon le vice-président du mouvement. Pendant le week-end, plus de 500 opposants, militants des droits humains et avocats, ont déjà été arrêtés.
A Islamabad, les avocats du barreau de la Cour suprême ont appelé à une grève générale et ont annoncé des manifestations contre l’état d’urgence et pour la libération des détenus. Les partis religieux regroupés dans la puissante alliance Muttahida Majlis-e-Amal (Front d’action uni) ont déclaré qu’ils se joindraient aux avocats.
« Tout ce à quoi nous assistons est illégal, inconstitutionnel et contraire aux arrêts de la Cour suprême », a estimé l’ex-président de la Cour suprême, Iftikhar Mohammed Chaudhry, qui a été remplacé après avoir refusé de prêter serment sous le régime d’état d’urgence. L’ex-première ministre Benazir Bhutto, qui négociait jusqu’ici un partage du pouvoir avec le général Musharraf, a dénoncé « le second coup d’Etat » de M. Musharraf, après celui sans violences d’octobre 1999.
Sur place, la police a interdit aux journalistes de prendre des photos. En proclamant l’état d’urgence, le président Pervez Musharraf a suspendu la Constitution et imposé des restrictions aux médias.
Washington suspend des discussions militaires avec Islamabad
Les Etats-Unis ont suspendu les discussions bilatérales annuelles avec le Pakistan portant sur les questions militaires en raison de la situation politique, a indiqué lundi 5 novembre à Pékin un porte-parole du Pentagone. Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a demandé le retour de la démocratie constitutionnelle au Pakistan « le plus vite possible ».
* LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 05.11.07 | 07h23 • Mis à jour le 05.11.07 | 11h34