La température, de 22°C en début de soirée du 18 août à 21h45, s’est abaissée progressivement jusqu’à 20°C vers 1h 20 le 19 août. Absence de vent et ciel clair. Pas de lune.
Nous avons profité des grilles de protection du terrain derrière la mare pour y tendre deux draps. Un autre étant posé au sol.
Nous avons déjà explicité l’intérêt des observations nocturnes des Hétérocères. Le lecteur pourra retrouver ces informations sur les précédents articles parus sur le site de Beaumonts-Nature en Ville (BNeV) [ou, sur ESSF, en cliquant sur le mot clé « Nocturnes hétérocères »].
Les observations et photographies ont été réalisées majoritairement sur les deux draps blanc verticaux éclairés par une lampe LépiLED (lampe à diodes électroluminescentes) alimentée par une batterie de téléphone potable.
Divers insectes appartenant à d’autres ordres que celui des lépidoptères ont également été attirés par ces radiations lumineuses : quelques diptères, coléoptères, homoptères et hémiptères (punaises).
Nous avons pu déterminer environ quarante espèces de papillons de nuit dont deux sont nouvelles pour le parc des Beaumonts. Une troisième est aussi nouvelle mais nécessite l’étude des genitalia pour confirmer sa détermination.
LÉPIDOPTÈRES
Pour ne pas être trop fastidieux, ne seront présentés ici que les lépidoptères nouveaux ou plus ou moins remarquables. Une grande partie des espèces observées lors de cette nuit ont déjà fait l’objet de commentaires sur le site de Beaumonts Nature en ville.
A. Géomètres
Pas de nouveauté durant cette session. Plusieurs Horisme radicaria, espèce dont la chenille consomme la Clématite, de même plusieurs Idaea dimidiata et Idaea degeneraria.
B. Noctuelles
Quatorze espèces de Noctuelles ont été attirées par la lampe.
La Passagère, Dysgonia algira (Linnaeus, 1767) est une espèce assez grande et bien contrastée. Son envergure se situe entre 35 et 40mm. L’aile antérieure est brun olivacé avec une bande médiane concave claire au contour coudé. C’est la première observation de l’imago aux Beaumonts. Par contre la chenille avait été vue au parc en 2018. Un autre imago avait été observé à Montreuil (93) au parc Jean Moulin. Un imago a également été observé le 25 août rue Condorcet à Montreuil.

La Passagère, Dysgonia algira, Beaumonts, 19 août 2025, cliché André Lantz
La localité type est Alger, d’où le nom latin de l’espèce. C’est une espèce migratrice, d’où son nom vernaculaire français. En 1997 Philippe Mothiron indiquait : « Cette espèce méridionale n’est pas autochtone en Île-de-France ». Le réchauffement climatique a accentué ses déplacements vers le Nord. Elle se rencontre maintenant sur presque l’ensemble des départements français et a atteint les Pays-Bas et l’Allemagne. On la retouve aussi en Angleterre.
La Leucanie obsolète Leucania obsoleta ( Hübner, 1803). Cette espèce paludicole [qui habite les marais] se rencontre dans les phragmitaies, les prairies marécageuses, les étangs et le littoral. Elle est en régression par la disparition des habitats humides. Nous l’avions attirée à la LépiLED en 2023 mais pas en 2024. Le seul exemplaire photographié est déjà un peu défraichi mais reconnaissable. La chenille vit à l’intérieur des phragmites de la mare perchée. Elle consomme les tiges et y hiverne. Une seule génération de juin à juillet dans le nord. C’est une bonne nouvelle car il ne s’agit pas d’une espèce migratrice. Elle semble donc s’installer sur la mare perchée.

La Leucanie obsolète Leucania obsoleta, Beaumonts, 19 août 2025, cliché André Lantz
La Moissonneuse, la Noctuelle des moissons, Agrotis segetum (Denis & ; Schiffermüller, 1775) est une espèce commune en Île-de-France. Curieusement elle n’avait pas encore été notée du parc des Beaumonts. C’est même l’une des espèces les plus courantes du genre Agrotis. La chenille consomme les racines de diverses plantes herbacées et peut être néfaste aux cultures. L’adulte vole de mai à octobre. L’exemplaire photographié très sombre représente la forme nigricornis.

La Noctuelle des moissons, Agrotis segetum, Beaumonts, 19 août 2025, cliché André Lantz
C. PYRALES
Une petite dizaine d’individus de la Nomophile Nomophila noctuella (Denis & Schiffermüller, 1775) aux ailes antérieures étroites et longues, décorées de deux taches allongées gris brunâtre. Certains exemplaires sont très contrastés. Les imagos présents cette nuit étaient dans l’ensemble très uniformes. La chenille consomme les trèfles et les graminées.

Nomophila noctuella, Beaumonts, 19 août 2025, cliché André Lantz
Dans la sous-famille des CRAMBINAE un seul Ancylolome commun Ancylolomia tentaculella (Hübner, 1796) a été observé. La chenille vit sur les grandes graminées. Avec le réchauffement climatique, cette espèce remonte vers le Nord de la France. Elle était réputée rare au-dessus de Paris.

Ancylolome commun, Ancylolomia tentaculella, Beaumonts, 19 août 2025, cliché André Lantz
D. YPSOLOPHIDAE
L’Ypsolophe sinuée Ypsolopha sequella (Clerck, 1759) est un papillon de 16 à 20mm d’envergure. La tête et le thorax sont blanc. Les ailes antérieures blanches présentent des taches noires bien nettes sur leur partie dorsale. Les chenilles consomment les feuilles de divers érables : Acer pseudoplatanus, Acer campestre, Acer platanoides. Ces arbres ne manquent pas aux Beaumonts ! J’avais déjà photographié cette espèce aux Beaumonts en sous-bois en 2009, mais ne l’avais pas revue depuis cette date.

Ypsolophe sinuée, Ypsolopha sequella, Beaumonts, 18 août 2025, cliché André Lantz

Ypsolophe sinuée, Ypsolopha sequella, Beaumonts, 18 août 2025, cliché studio André Lantz
E. TINEIDAE
La Monopide des détritus Monopis obviella ( Denis et Schiffermüller, 1775) s’est posée sur le drap. Son envergure est d’environ 10 mm. La tête est jaune orangé, le thorax a aussi une bande jaune, ainsi que le dorsum [face dorsale] des ailes de la même couleur. Le fond des ailes est d’un brun-noir très fonçé. Les chenilles vivent sur les détritus végétaux oiu animaux. Vole au crépuscule. Habite les jardins, dépotoires, abords des habitations. Espèce nouvelle pour le parc des Beaumonts.

Monopide des détritus, Monopis obviella, Beaumonts, 18 août 2025, cliché André Lantz
COLÉOPTÈRES.
Plusieurs Coccinelles asiatiques Harmonia axyridis et des coccinelles orangées à points blanc : Halyzia sedecimguttata très communes.
Curculionidae : Un seul charençon : le Balanin des châtaignes ou Balanin éléphant : Curculio elephas. Le nom balanin est tiré du grec ancien et signifie gland. L’emploi du terme elephas (ou éléphant) est justifié par son très long rostre. L’adulte apparait d’août à fin septembre. La femelle creuse avec son rostre un trou dans les châtaignes ou les glands pour y déposer un à plusieur œufs. La larve se développe dans le fruit. Arrivée à maturité elle percera un petit orifice et se nymphosera dans le sol. La nymphose peut durer de une jusqu’à quatre années pour l’émergence de l’adulte.

Balanin des châtaignes ou Balanin éléphant : Curculio elephas, Beaumonts, 18 août 2025, cliché André Lantz
DIPTÈRES
Nématocères.
Nous avons retrouvé un adulte de Macrocera phalerata (Wiedermann in Meigen, 1818) que nous avions vu et juillet dernier.
HOMOPTÈRES
CICADELLIDAE
Une nouvelle espèce pour le parc : Le grand Diable Ledra aurita. Cette cicadelle est particulièrement caractéristique. De grande taille ( 12 à 18 mm de long) elle se caractérise par deux expansions foliacées ressemblant à des sortes d’oreilles, d’où est tiré le nom aurita (auris = oreille) et une tête aplatie se terminant de manière triangulaire.Ces sortes de cornes évoquent la physionomie du diable. La larve et l’adulte prélèvent la sève des feuillus (souvent des chênes). Dans ses biotopes elle passe inaperçue se confondant sur les écorces des branches ou des troncs. Le cyle est de deux ans.

Le Grand Diable, Ledra aurita, Beaumonts, 18 août 2025, cliché André Lantz
Cette espèce n’est pas commune. Elle est même protégée en Île-de-France.
CIIXIDAE :
Autre Ciccadelle : Cixus nervosus (Linnaeus, 1758 ). Beaucoup plus petite car ne dépassant pas 7 mm, les larves souterraines se nourrissent des racines de diverses plantes. Les espèces du genre Cixus ne sont pas toutes facilement identifiables à vue. Cette espèce se caractérise par une ponctuation sur les nervures des ailes. Les points de la nervure costale sont plus grands que ceux des autres nervures [la costale est l’une des principales nervures longitudinales de l’aile, dont elle forme généralement le bord antérieur]. Par transparence à travers les ailes, on distingue un trait blanc situé sur le début de l’abdomen et perpendiculaire à ce dernier. Les deux parties latérales de l’extrémité de l’abdomen sont également blanches pour cette espèce. Le cliché suivant donne une idée de la petite taille de l’insecte par rapport à la pyrale.

Nomophila noctuella et Cixus nervosus, Beaumonts, 19 août 2025, cliché André Lantz

Cixus nervosus, agrandissement du cliché précédent, Beaumonts, 19 août 2025, cliché André Lantz
André Lantz, avec l’aide de Pierre Rousset, le 26 août 2025.
Littérature consultée :
-Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France I. Noctuelles 1997, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 19 d’Alexanor.
-Papillons de nuit d’Europe, volume 6 Noctuelles 2 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2019
-Papillons de nuit d’Europe, volume 7 Microlépidoptères 1 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2023
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