
Jean-Luc Mélenchon est un coquin. Il fait mine de considérer comme subalterne la question stratégique qui fut au cœur du congrès du PS, celle des alliances politiques. Il les interpelle : « Vous ne pourriez pas vous disputer à propos d’autre sujet que LFI ou moi ? » et les appelle au débat de fond, le fameux débat « qui-intéresse-nos-concitoyens ». Le député Jérôme Guedj est un homme politique, pas seulement un homme légitimement blessé et ulcéré par les propos de Jean-Luc Mélenchon et les attaques dont il fut victime. Il n’est pas venu à la tribune du congrès pour dire ses états d’âme : quand il traite le leader insoumis de « salopard antisémite », il fait un acte politique pour créer de l’irréversible : la rupture définitive au sein de la gauche. Manuel Bompard est un fin calculateur quand il demande à Olivier Faure des excuses en place publique pour les propos de Jérôme Guedj : il sait qu’ils ne viendront pas et peut entériner ainsi une nouvelle fois la rupture avec le PS. Nicolas Mayer-Rossignol, le chef de file des opposants à l’union des gauches, en exigeant l’absence de tout accord avec LFI même aux législatives, a su trouver la phrase impossible pour faire capoter toute synthèse au PS.
Ce week-end fut un festival de faux-culs. Tous faisaient semblant de parler d’autre chose alors qu’ils ne parlaient que d’une chose, consolider leur hégémonie à gauche ou la retrouver. Ils peuvent bien nous abreuver de belles idées (ou pas), toutes plus « radicales » les unes que les autres, si la gauche se maintient dans des eaux aussi basses et si elle poursuit ses infinies disputes… il n’en sera rien. Et chacun le sait. Donc si ça continue, c’est que chacun s’en fout. À la fin de la semaine, LFI va annoncer refuser tout accord aux municipales. Le PS l’a devancé. L’un et l’autre mettent fin à plus de 60 ans d’unité des gauches pour localement faire le mieux possible. Magnifique ! On est éblouis ! Rien ne justifie de telles ruptures qui auront un impact immédiat, non seulement dans la vie des gens, dans la préparation au réchauffement climatique… mais aussi dans la construction d’un rapport de force national.
La politique, c’est inextricablement une vision, des projets et des stratégies. Celles qui s’avancent sont désolantes. On a aussi un secret à partager : l’extrême droite est déjà dans la place, elle attaque et menace de tout emporter. La guerre gronde. On ne vous pardonnera pas ces médiocres calculs. Ras-le-bol.
Catherine Tricot
