
Ce siège mortel est permis par la communauté internationale qui a abdiqué sa responsabilité de protéger les vies humaines. Le gouvernement israélien et d’autres décideurs continuent d’ordonner délibérément et ouvertement la perpétration de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui accentuent la catastrophe humanitaire à Gaza. Ils doivent être tenus pour responsables de leurs actes et affronter la justice.
Le 18 mars, Israël a recommencé sa campagne d’assassinats et de destructions à Gaza. Depuis lors, cela a coûté la vie à plus de 2.200 Palestiniens dans des bombardements, tirs d’obus et d’armes à feu. Depuis le début de la guerre, Israël a tué plus de 52.000 Palestiniens à Gaza, dont plus de 1.500 membres du personnel médical, de défense et d’assistance. Le nombre de morts causées par la faim, le manque d’eau potable et l’expansion des maladies n’est pas connu, mais on s’attend à ce qu’il augmente alors qu’Israël poursuit sa campagne létale.

Des enquêteurs de terrain de B’Tselem ont réuni des témoignages de résidents de Gaza décrivant leur vie dans la famine :
Anouar Hamad, 38 ans, du Camp de réfugiés de Jabalya, mère de six enfants, a raconté :
« Le jour où j’ai donné naissance à ma fille Alaa, j’ai mangé des falafels et, pour le déjeuner, j’ai mangé un peu de halva dans l’espoir que cela m’aiderait à l’allaiter. J’avais constamment faim. Je ne mangeais aucun légume, ni fruit, ni viande, et j’avais peur de ne pas produire assez de lait […] La faim dont nous souffrons maintenant est la pire que nous ayons subie depuis le début de la guerre. Elle nous détruit. Nous errons tout-e-s faibles et maigres. Je me couche en imaginant que, le matin, j’apprendrai que la guerre a pris fin. Nous sommes épuisés. Épiloguer ne sert à rien – aucun mot ne peut exprimer ce que nous traversons.
Combien de temps cela va-t-il durer ? Je ne suis qu’une personne parmi deux millions piégés dans la Bande de Gaza. Nous faisons face aux bombardements et aux assassinats, à la faim et la soif. Je rêve de rapporter chez nous une pomme de terre ou une aubergine ! Nous sommes arrivés à un point où nous rêvons nuit et jour de légumes et de viande. Ils nous ont transformés en une population qui ne rêve que de nourriture. » Pour le témoignage complet
Abdallah Shaqurah, de Khan Younis, veuf de 40 ans et père de trois enfants, a dit :
« Mes enfants me supplient de leur trouver de la viande ou des œufs, et je dois leur dire qu’il n’y en a plus et que je n’y peux rien. Quel crime ont commis mes enfants ? Pourquoi doivent-ils mourir de faim ?
La faim qu’on nous impose maintenant est terrible. Il n’y a rien de disponible, excepté un peu de farine, des conserves, du riz, des céréales, des pois et des haricots. Les seuls légumes frais en vente sont des tomates, des concombres et des poivrons, mais ils sont trop chers pour nous. Il n’y a absolument ni viande, ni poisson, ni œufs. Même la nourriture que nous pouvons acheter, nous ne pouvons arriver à la faire cuire. Il n’y a pas de gaz et nous ne pouvons cuire que sur un feu, mais le bois à brûler est trop cher pour nous. Nous dépendons donc uniquement des plats préparés et distribués par les soupes populaires et de quelques conserves. Sans les soupes populaires, nous serions maintenant morts de faim. Nous faisons longuement la queue pour cette nourriture et rentrons avec une assiette de ragoût. Parfois mes enfants font la queue ; parfois c’est moi. Un kilo de farine coûte 50 shekels (-14 US $) et, quand je peux, j’en achète et je fais cuire du pain, mais il part très vite. Nous sommes vraiment affamés depuis 53 jours maintenant. » Pour le témoignage complet
Hala Sha’sha’ah, 40 ans, de Gaza ville, mère de cinq enfants, a évoqué la vie avant le cessez-le-feu :
Parfois nous avions à manger, parfois non. C’était spécialement difficile de trouver des légumes et de la viande. Il y avait aussi une pénurie de farine et parfois, il n’y en avait pas du tout. Mon plus jeune enfant, Iz-a-Din, pleurait beaucoup et n’arrêtait pas de dire ‘j’ai faim’. Cela me brisait le cœur de l’entendre et je pleurais sur sa situation – mais c’était la situation de tout le monde. Je lui expliquais que tout le monde avait faim et qu’il n’y avait rien que je puisse faire. »
Sha’sha’ah a également décrit la situation actuelle alors qu’Israël bloque l’entrée des marchandises : « Nos vies ont été réduites à de la survie – chaque jour est un combat pour imaginer comment nous pourrons trouver de quoi manger et boire, ce que nous pourrons brûler pour la cuisson, comment trouver de l’argent. Tout est tellement difficile. Maintenant, 100 shekels valent ce que 10 shekels valaient avant la guerre. Vous ne pouvez presque rien acheter maintenant ici avec 100 shekels.
Si les passages restent fermés et si la guerre continue, nous allons mourir – soit sous les bombardements, soit de faim. La faim sévit lourdement ici maintenant. ‘Iz-a-Din a suggéré que nous achetions de la viande de cheval, et je lui ai dit, ‘Tu ne peux pas manger ça.’ Mais nous sommes arrivés à un point où les gens mangent n’importe quelle sorte de viande qu’ils peuvent trouver, quelle qu’en soit l’origine.
Mes enfants vont se coucher affamés, l’estomac vide. Layan et Banan disent combien leur manquent les goûters et le chocolat – choses qui ont disparu et n’existent plus ici, du moins pas pour nous. » Pour le témoignage complet
B’Tselem
Le régime israélien d’apartheid et d’occupation est inextricablement lié aux violations des droits de l’Homme. B’Tselem se bat pour mettre fin à ce régime, car c’est la seule façon d’avancer vers un avenir dans lequel les droits de l’Homme, la démocratie, la liberté et l’égalité seront assurées à tous, Palestiniens et Israéliens, qui vivent entre le Jourdain et la Méditerranée.