Depuis le 28 juin 2007, trois milles ouvriers au moins de l’entreprise de Shuang Ma (qui signifie en chinois « deux chevaux »), une des deux plus grandes entreprises de production de ciment de la province Sichuan, ont commencé à faire la grève après l’achat de leur entreprise par Lafarge. Quatre ouvriers, Hu Jian, Long Baoqing, Zhang Haiyun et Xiao Qianhua, ont été arrêtés, puis libérés après une tentative de suicide de l’un des quatre, Xiao Qianhua, une femme salarié. La grève a continué jusqu’au 13 juillet. Depuis cette date, l’entreprise est coupée du monde : les policiers ont bloqué la gare et les stations de bus, les salariés ont interdiction de quitter la petite ville où est implantée le groupe Shuang Ma. Tous les cybercafés sont bien surveillés.
Le 10 juillet, pendant le déroulement de la grève, Lafarge a fait une grande fête à la ville de Mian Yang pour sa nouvelle conquête, ville qui se trouve à une centaine kilomètres de l’entreprise. Plusieurs dizaines de jolies filles ont défilé pendant le banquet de la fête, habillées de jupes faites avec des sacs de ciment. Les poitrines et les fesses de filles sont donc marqués par trois gros caractères La Fa Ji, « Lafarge » en chinois. Les responsables de Lafarge en Chine connaissaient parfaitement la manifestation des ouvriers et la répression en cours, cela ne les a pas dérangés outre mesure et ils se sont bien amusés.
La stratégie d’expansion en Chine de Lafarge, comme de nombreuses multinationales américaines, c’est d’acheter ses concurrents réels ou potentiels un par un, qui sont les entreprises d’État chinois pour la plupart. Cette fois ci, Lafarge a bien profité la conjoncture dont le groupe Shuang Ma était déficitaire depuis quelques années. De plus, Les salariés ont dénoncé la corruption et le détournement de fond public de Mme Tang Yueming, la directrice du groupe Shuang Ma. Le gouvernement local et la direction groupe Shuang Ma ainsi voulaient débarrasser vite l’entreprise pour éluder leur responsabilité et pour se blanchir. Lafarge ainsi n’a plus besoin de se préoccuper la coordination de la part de Chinois officiels, selon la presse officielle locale, elle a donc acheté100 % d’actions de Shuang Ma. La reprissions policière contre les grévistes ouvriers a montré que Lafarge avait eu raison d’avoir fait confiance en gouvernement chinois.
On ne sait pas encore le niveau de salaire de ouvriers de cette nouvelle entreprise de Lafarge en Chine. On a information cependant de celui à Chongqing dont j’ai parlé au-dessus : Pour un électricien, 770 yuan, soit 77 euros par mois ; un ouvrier simple, 680, soit 68 euros par mois. Cela est largement inférieur que le salaire moyen local ( 1000 yuan ) ! Les ouvriers disent que le travaille supplémentaire pratiquement n’a jamais été payé. Ils ont le congé payé, la choses rare en Chine, mais ce n‘est qu’un camouflage : quand un ouvrier part en repos, ses camarade doivent se charger de son travaille.
Lafarge a déjà sa réputation de faire licencier salariés chinois massivement et immédiatement dès qu’elle achète une entreprises en Chine. En 2003, elle a acheté l’usine de ciment de Chongjin, une grosse ville de dix millions d’habitants qui connaît un problème de chômage particulièrement important en raison du déplacement de la population de la région des Trois gorges, inondée après la construction du grand barrage. Lafarge ne garde que 500 salariés parmi 5000. C’est-à-dire qu’elle a licencié 90% de salariés d’un seul coup ! Le 25 juillet 2004, un journal connu en Chine, « Reportage économique chinois du 21e siècle », a publié un reportage sur elle, le titre est : « Licenciement massif est-t-il un obstacle d’expansion de Lafarge en Chine ? » [1]. Tout a été dit.