La vague des frappes aériennes mortelles qui a brisé la pause des hostilités à Gaza n’est « que le commencement », a averti Benjamin Netanyahou, qui a aussi promis que la nouvelle offensive continuerait jusqu’à ce qu’Israël ait réalisé tous ses objectifs de guerre – détruire le Hamas et libérer tous les otages détenus par le groupe militant.
Toutes les futures négociations de cessez-le-feu prendraient place « sous les tirs », a dit le Premier ministre israélien dans une allocution télévisée mardi soir, la première depuis qu’Israël a lancé des attaques qui ont tué plus de 400 personnes dans le territoire palestinien dévasté, au cours du jour le plus violent depuis les premiers mois de la guerre en 2023.
« Le Hamas a déjà ressenti la force de notre main dans les dernières 24 heures. Et je veux vous promettre — et à eux — que c’est seulement le commencement », a dit Netanyahou à ses auditeurs.
Plus tôt, le ministre de la Défense d’Israël avait évoqué la perspective de nombreuses semaines ou même de mois de guerre à Gaza.
« Le Hamas doit comprendre que les règles du jeu ont changé », a dit Israel Katz aux journalistes pendant une visite à une base aérienne, ajoutant que « les portes de l’enfer s’ouvriront et qu’il [le Hamas] sera confronté à la pleine puissance des Forces de défense israéliennes par air, par mer et sur terre », si les otages ne sont pas libérés.
L’armée israélienne a émis des ordres d’évacuation couvrant la partie la plus au nord et la partie est de Gaza, suggérant qu’une reprise des attaques sur le terrain pourrait être lancée prochainement.
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Une femme pleure près du corps d’une personne tuée dans les attaques aériennes israéliennes, à l’hôpital al-Maadani de la ville de Gaza. Photographie : Jehad Alshrafi/AP
Les autorités de santé palestiniennes ont rapporté 404 morts dans les frappes, dont les responsables militaires israéliens ont dit qu’elles ciblaient les commandants militaires du Hamas et les responsables politiques. Plus de 600 personnes auraient été blessées. Des attaques aériennes et des tirs d’artillerie continueraient, selon des rapports, dans la plus grande partie de la Bande de Gaza pendant l’après-midi et la soirée.
Les responsables de l’aide humanitaire à Gaza ont dit que des centaines, peut-être des milliers, de personnes, se déplaçaient pour obéir aux ordres d’évacuation israéliens. « Il n’ y a pas de résistance. Les gens … sont dans un état de grande faiblesse, physiquement et psychologiquement », a dit au Guardian un responsable de l’aide humanitaire à Gaza.
À Washington, une porte-parole de la Maison blanche a dit qu’Israël avait consulté le gouvernement des États-Unis avant de mener les frappes.
Des attaques ont été rapportées au nord de Gaza et dans les villes centrales de Deir al-Balah et Khan Younis. Une frappe aurait tué 17 membres d’une famille à Rafah. Les morts incluent cinq enfants, leurs parents, et un homme et ses trois enfants, a dit le personnel médical de l’hôpital qui a reçu les corps.
Des témoins ont dit que des patients gisent sur le sol de l’hôpital Nasser à Khan Younis, certains criant, et une jeune fille pleurait pendant que son bras ensanglanté était bandé. À l’hôpital al-Shifa de Gaza, les survivants faisaient en hâte des rites funéraires pour des dizaines de sacs mortuaires alignés dans la cour. Des mères sanglotaient sur les corps ensanglantés des enfants, alors que des avions de guerre vrombissaient dans le ciel. Les médecins luttaient pour traiter le flot des blessés. Les victimes incluent des responsables du Hamas, dont le dirigeant politique de plus haut rang à Gaza et des ministres, ainsi que beaucoup de femmes et d’enfants, ont dit les responsables palestiniens.
Le Lt Col. Nadav Shoshani, un porte-parole de l’armée, a dit qu’Israël avait lancé ces frappes après avoir découvert que le Hamas projetait de nouveaux raids pour capturer ou tuer des civils ou des soldats israéliens et parce que le Hamas avait refusé de relâcher de nouveaux otages parmi les 59 encore détenus à Gaza, brisant ainsi l’accord de cessez-le-feu qui est entré en vigueur en janvier.
« Le Hamas aurait pu choisir un chemin différent. Il aurait pu choisir de libérer tous les otages, mais à la place, il a choisi le refus, la terreur et la guerre », a dit Shoshani dans une déclaration.
Le bureau de Netanyahou a dit que le Hamas avait rejeté les propositions de l’émissaire pour le Moyen-Orient de Donald Trump, Steve Witkoff, en vue d’une extension de la pause des hostilités.
Le Hamas a dit que les libérations d’otages étaient dues seulement au cours d’une deuxième phase prévue, qu’Israël avait acceptée en janvier, mais qu’il a depuis refusé de discuter ou de mettre en œuvre.
La première phase du cessez-le-feu accepté en janvier incluait la libération de 25 otages israéliens vivants et la restitution des restes de huit Israéliens morts, par des groupes militants de Gaza, en échange d’environ 1900 prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.
Dans la deuxième phase prévue pour le cessez-le-feu, il y aurait eu un retrait israélien total de Gaza, la libération de tous les otages et une fin définitive aux hostilités. Avec l’appui des États-Unis, Israël a poussé au contraire pour le retour de tous les otages restants en échange de libérations supplémentaires de prisonniers et pour une trêve de 30 à 60 jours, en accord avec la proposition de Witkoff.
Plus tôt dans le mois, Israël a interdit aux livraisons d’aide d’entrer dans Gaza et a coupé ce qui restait des fournitures d’électricité dans une tentative de pression sur le Hamas.
Taher al-Nunu, un responsable du Hamas, a dit que la communauté internationale est confrontée « à « un test moral ».
« Soit elle permet le retour des crimes commis par l’armée d’occupation, soit elle renforce l’engagement de mettre fin à l’agression et à la guerre contre les personnes innocentes de Gaza », a dit Nunu.
Les frappes arrivent à un moment tendu de la politique intérieure israélienne. Netanyahou a dit dimanche qu’il renvoyait Ronen Bar, le chef du service de sécurité intérieure, Shin Bet, une mesure controversée qui a immédiatement déclenché des accusations d’autoritarisme et des projets de manifestations mercredi. Les critiques accusent Netanyahou d’utiliser la guerre pour renforcer le soutien des alliés d’extrême-droite à sa coalition gouvernementale et maintenir ainsi sa propre mainmise sur le pouvoir.
Des milliers de personnes ont pris part à une manifestation à Tel Aviv mardi nuit contre les plans de Netanyahou de renvoyer Bar, ainsi que Gali Baharav-Miara, procureure générale d’Israël, qui est une critique farouche du Premier ministre.
La plus grande partie de Gaza est en ruine après 15 mois de combats, qui ont éclaté le 7 octobre 2023 quand des milliers de tireurs dirigés par le Hamas ont attaqué des communautés israéliennes autour de la Bande de Gaza, tuant 1200 personnes et enlevant 251 otages.
La campagne israélienne en réponse a tué plus de 48000 personnes et réduit la plus grande partie du territoire à des ruines. Quatre-vingt-dix pour cent des maisons sont endommagées ou détruites, et la plus grande partie de la population a été déplacée. Les routes, les hôpitaux, les écoles, les systèmes d’assainissement et beaucoup d’autres choses sont réduits à des décombres.
Jason Burke, Malak A Tantesh