Le Premier ministre Netanyahou à Jérusalem en février 2025. Crédit : Maayan Toaf/GPO
La proposition présentée par l’envoyé présidentiel américain Steve Witkoff prévoit un cessez-le-feu temporaire pendant les fêtes du Ramadan et de Pessah. La moitié des otages seraient libérés le premier jour de sa mise en œuvre, et tous les autres le seraient plus tard, si un accord sur un cessez-le-feu permanent est conclu. Néanmoins, cette proposition est née du refus de Netanyahou de passer à la deuxième étape de l’accord initial pour le retour des otages.
Selon cet accord, signé par Israël, le retour des otages restants est conditionné à la fin de la guerre et au retrait complet des Forces de défense israéliennes (FDI) de Gaza. Mais Netanyahou n’a pas l’intention de déclarer la fin de la guerre ni d’annoncer un retrait de Gaza, pour une raison qui n’a rien à voir avec les otages ni même avec les nécessités de la guerre. Il n’est pas non plus lié au comportement méprisable du Hamas lors de la mise en œuvre de la première étape de l’accord : la restitution du corps d’une Palestinienne au lieu de celui de Shiri Bibas et la mise en scène de remises en liberté au cours desquelles les otages ont été humiliés et exposés à la vindicte d’une foule hostile.
La raison du refus de Netanyahou, c’est son souci de maintenir en vie son gouvernement, qui dépend de l’extrême droite. Il a donc accueilli favorablement ce nouveau demi-plan qui permet d’occulter ses engagements antérieurs et de rebattre les cartes des négociations, afin de gagner du temps, du temps qui prolongera la vie de son gouvernement mais raccourcira celle des otages. C’est aussi pourquoi il a suspendu l’aide humanitaire à Gaza, ce qui constitue une violation de l’accord initial.
Les familles des otages sont légitimement furieuses. Elles voient bien que Nétanyahou ne se préoccupe que de politique intérieure et que sa priorité absolue est le ministre des Finances, Benny Gantz, et non les otages et leurs familles. Elles savent aussi que l’arrêt de l’aide humanitaire à Gaza vise à apaiser l’extrême droite, dans l’espoir que l’administration Trump gobera l’idée que cette décision est due au rejet par le Hamas de la proposition de Witkoff.
« Netanyahou vient de réaliser une mise à mort délibérée de l’accord », s’est exclamée Einav Zangauker ce week-end. « La crise dans laquelle se trouvent actuellement les négociations est une crise provoquée et orchestrée délibérément par Netanyahou. Il est possible de tous les ramener. Il y a un scénario qui pourrait être mis en œuvre dès demain matin : mettre fin à la guerre et les ramener tous à la maison d’un seul coup. » Elle a raison. Netanyahou a simplement décidé de ne pas entamer les négociations sur un cessez-le-feu permanent.
Les négociations sur la deuxième étape, qui devaient commencer le seizième jour de la première étape, n’ont pas été entamées. La première étape étant maintenant terminée, 59 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 24 sont encore en vie. Pour les ramener toutes et tous à la maison, il ne faut pas prolonger la première étape, mais passer à la deuxième étape, c’est-à-dire mettre fin à la guerre et se retirer de Gaza, comme le prévoit l’accord, au lieu d’imposer la famine à toutes les personnes se trouvant à Gaza, y compris les otages.
Éditorial de Haaretz